par Myriam Berber
Article publié le 16/05/2008 Dernière mise à jour le 16/05/2008 à 15:58 TU
Aux Etats-Unis, le secteur de l'immobilier semble se redresser. Les mises en chantier de logement ont augmenté de 8,2% en avril 2008.
( Photo : AFP )
Le pire n’est pas forcément certain pour l’économie américaine, même si à moyen terme les perspectives restent mitigées. Le PIB n’a cru que 0,1% au premier trimestre, mais le secteur de l’immobilier, à l'origine de la crise financière actuelle, est reparti à la hausse, avec un bond de 8,2% des mises en chantier en avril. Autre motif d’espoir, les dépenses de consommation des ménages américains n’ont pas chuté comme on pouvait le redouter. Elles ont, en effet, progressé de 0,4% en mars par rapport à février, tandis que les revenus des ménages ont augmenté de 0,3%.
Mais plusieurs facteurs incitent à ne pas déborder d’enthousiasme. La confiance des ménages reste en berne en raison de la flambée des prix des carburants et des denrées alimentaires. Le ministère américain du Commerce a également confirmé, vendredi 16 mai 2008, une baisse de la production industrielle américaine de 0,7% en avril. Les économistes attendaient un repli de 0,3%. La cause de cette chute, c’est d’abord la baisse de la production manufacturière. Autres mauvais chiffres, ceux du chômage : les demandes d’allocations chômage ont augmenté de 35 000, selon les comptes arrêtés le 26 avril 2008, pour s’établir à 380 000. C'est le chiffre le plus haut depuis mars 2004.
Meilleure croissance trimestrielle pour l’Allemagne
En Europe, plusieurs études de conjoncture semblent démontrer que la zone euro résiste bien au marasme engendré par la crise des crédits hypothécaires à risques («subprimes »). Selon les premières estimations publiées, jeudi 15 mai 2008, par l’office statistique européen Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a augmenté de 0,7% au premier trimestre 2008, après 0,4% au dernier trimestre 2007. Une embellie qui s’avère supérieure aux attentes des économistes.
L'Allemagne, première économie de la zone euro, y est pour beaucoup. Elle a démarré l'année sur les chapeaux de roue avec une croissance robuste de 1,5% au premier trimestre, un record depuis douze ans dû notamment au bâtiment et à des investissements industriels très dynamiques. D'autres pays européens ont annoncé un regain de croissance au premier trimestre : 0,6% en France et 0,8% en Autriche. Ailleurs, en Belgique, en Espagne, au Portugal, aux Pays-Bas, en Italie et en Grèce, le ralentissement est bien réel.
« Un deuxième trimestre 2008 moins bon »
L’actuelle résistance de la zone euro va conforter le choix de la Banque centrale européenne (BCE), qui a préféré se concentrer sur les risques inflationnistes plutôt que sur les menaces pour l'activité économique, estimant que l’activité économique résistait mieux qu’aux Etats-Unis. Les dernières données sur la croissance vont fournir des munitions supplémentaires aux gouverneurs de la BCE. Avec l'inflation à un niveau élevé, il faudra probablement attendre encore plusieurs mois avant de voir des baisses de taux d'intérêt, estiment bon nombre d’économistes.
Les experts sont en revanche moins optimistes pour les mois à venir. D’autant que selon Eurostat, l’inflation dans la zone euro a atteint 3,3% en avril, sur un an. Un niveau trop élevé puisqu’il est au-dessus de l’objectif fixé par les autorités monétaires. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, et le Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, se sont félicités de la performance de la zone euro au premier trimestre, tout en affirmant que « le deuxième serait moins bon ». Même constat pour le directeur général du FMI. Dominique Strauss-Kahn a estimé que « le pire de la crise des subprimes est peut-être passé, mais ses conséquences ne seront pas toutes connues avant deux, trois ou quatre trimestres ».