par Myriam Berber
Article publié le 06/03/2008 Dernière mise à jour le 06/03/2008 à 17:20 TU
C’est donc un nouveau statu quo monétaire. La Banque centrale européenne (BCE) a laissé ses taux directeurs inchangés, jeudi 6 mars 2008, à l’issue de la réunion de son Conseil des gouverneurs. Le principal taux d’intérêt de la BCE, le taux de refinancement, reste donc à 4%, celui de la facilité de dépôt à 3% et celui de la facilité de prêt marginal à 5%.
« Il n’y a pas eu d’appel à une hausse des taux, mais il n’y a pas eu d’appel à une baisse des taux. Il est important que ces deux faits, le premier comme le deuxième et le deuxième comme le premier soient complètement compris par les observateurs », a déclaré le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, cherchant à calmer les spéculations. Jusqu’à fin février, bon nombre d’observateurs tablaient, en effet, sur une baisse des taux d’ici au mois de juin. Certains estiment aujourd’hui, à l'instar des économistes de Merrill Lynch et de Morgan Stanley, que l'Institut monétaire européen pourrait ne pas réduire du tout ses taux cette année.
L’inflation, la priorité de la BCE
Peu de surprise sur ce statu quo si ce n’est que le patron de la BCE s’est déclaré inquiet sur les perspectives de croissance dans la zone euro, jugeant les incertitudes « inhabituellement élevées ». Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) dans la zone euro a été ramené en moyenne à 1,7% pour 2008 et à 1,8% pour 2009 contre 2% et 2,1% prévus en décembre. La prévision du taux d’inflation a été portée en moyenne à 2,9% pour 2008 et 2,1% pour 2009 contre 2,5% et 1,8% lors du calcul de décembre.
Dans ce contexte, le maintien de la stabilité des prix reste « la plus grande priorité » pour la BCE. Et Jean-Claude Trichet de rappeler que sa mission était de protéger les citoyens de la zone euro, en évitant une hausse de l'inflation grâce à sa politique de taux d’intérêt. Des taux trop bas encouragent, en effet, la hausse des prix à la consommation. La flambée du prix du pétrole et des matières premières ont porté l’inflation dans la zone euro à 3,2% depuis le début de l’année, alors la BCE s’est fixée pour but de la maintenir sous la barre des 2%.
L’engagement des USA pour un dollar fort
En décembre, la BCE voyait l’euro à 1,46 dollar. La monnaie unique a établi, mercredi, un nouveau record face au billet vert, à près de 1,53 dollar. Très attendu sur la question des changes, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a appelé les Etats-Unis à mettre en pratique leurs déclarations d'intentions. « J’ai noté avec une très grande attention les déclarations qui ont été répétées de l’autre côté de l’Atlantique selon lesquelles un dollar fort est dans l’intérêt des Etats-Unis », a-t-il commenté. Référence à George Bush, le président américain, qui s'est prononcé récemment en faveur d'un dollar fort, mais n'a rien fait pour enrayer la chute du billet vert.
Le ralentissement de la croissance américaine a incité la Réserve fédérale, la Fed, à ouvrir les vannes du crédit pour limiter les dégâts et redonner du souffle à l’économie aux Etats-Unis. La Fed a baissé son principal taux directeur de 1,25 point de base, pour ramener le loyer de l’argent à 3%, en dessous de celui de la zone euro qui est à 4%. Et les déclarations récentes du président de la Fed, Ben Bernanke, devant le Sénat américain laissent présager une nouvelle baisse des taux directeurs de la Fed en mars.
01/03/2008 à 02:34 TU