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France/Chômage

Le Pôle Emploi sous-traite au privé

par Myriam Berber

Article publié le 21/07/2009 Dernière mise à jour le 21/07/2009 à 15:52 TU

L’afflux des chômeurs a submergé le Pôle Emploi. Pour faire face, l’organisme public a présenté, mardi 21 juillet 2009, son plan d’urgence pour la rentrée. Les opérateurs privés de placement ont été appelés à la rescousse pour traiter les dossiers de 320 000 demandeurs d’emploi d’ici à fin 2011. Certains syndicats, comme la CGT et FO, dénoncent le recours au secteur privé.

(Photo : Reuters)

(Photo : Reuters)

Sous effectifs, manque de formation du personnel… Pôle Emploi né le 4 janvier dernier de la fusion de l’ANPE et des Assedic, n’arrive plus à faire face à la prise en charge des nouveaux chômeurs : 340 000 de plus depuis le début 2009. Le gouvernement avait promis 1 conseiller pour 60 dossiers, aujourd’hui  un agent en suit en moyenne 95 selon la direction, 150 selon les syndicats.

Et le plus difficile reste à venir. Le nombre de chômeurs va s’envoler à la rentrée avec l’arrivée des jeunes diplômés et les nouveaux licenciés économiques. Le directeur général du Pôle Emploi, Christian Charpy, s’attend à « 20 ou 25% d’inscriptions de plus qu’en septembre 2008, à 380 00 appels téléphoniques chaque jour et 2,4 millions visites physiques dans les agences ».  Selon le ministre du Travail Xavier Darcos, la France pourrait compter au moins 800 000 chômeurs supplémentaires sur l'ensemble de l'année 2009. Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque avance le pronostic d’un million.

Les dossiers des chômeurs confiés au privé

Pour se préparer au choc, Pôle Emploi a présenté, mardi 21 juillet 2009, un plan d’urgence. Le service public de l’emploi va recruter 1 840 nouveaux agents d’ici septembre dont 1 000 contrats à durée indéterminée. Pôle Emploi va également confier les dossiers de chômeurs à des opérateurs privés. Ce n’est pas la première fois que l’Etat a recours au secteur privé. En 2007 et 2008, déjà 45 000 chômeurs étaient concernés. Aujourd’hui, les opérateurs privés vont se voir confier le suivi de 320 000 chômeurs sur deux ans.

Deux catégories de demandeurs d’emploi devraient être concernées. D’un côté, les licenciés économiques dont l’ensemble des bénéficiaires de la convention de reclassement personnalisé, mais aussi des titulaires d’un contrat de transition professionnelle. De l’autre, les chômeurs venant de filières en déclin.

Plusieurs opérateurs, des sociétés d’intérim (Adecco), des cabinets de reclassement (Altédia, BPI ou Soldie) et des  organismes d’insertion professionnelle, vont se partager ce marché estimé à 100 millions d’euros en 2009. L'opération pourrait se poursuivre jusqu'en 2011 avec une facture plus élevée puisque les estimations portent sur 200 millions par année supplémentaire.

« Les opérateurs privés rémunérés trois à quatre fois plus cher »

Une telle accélération de la sous-traitance fait réagir les syndicats, d’autant que les opérateurs privés vont coûter plus cher selon Eric Aubin, représentant CGT au conseil d’administration de Pôle Emploi: « Les prestataires privés sont rémunérés trois à quatre fois plus cher. 1000 euros pour chaque reclassement par le public. Entre 3 000 et 5 000 euros pour le privé. Il vaut mieux embaucher à Pôle emploi que recourir au privé ».

Pour Diane Gastellu, secrétaire général adjoint Force ouvrière des personnels de Pôle Emploi, « c’est une volonté politique de démantèlement progressif du secteur public. On organise progressivement l’inefficacité du service public en évitant de mettre les effectifs en face. Tout cela pour justifier le recours au secteur privé ». Des syndicats qui dans leur ensemble, veulent davantage de moyens humains pour Pôle Emploi. Ces dernières semaines, ils ont plusieurs fois manifesté pour demander une pause dans la fusion ANPE/Assedic.