par RFI
Article publié le 23/07/2009 Dernière mise à jour le 23/07/2009 à 15:41 TU
Guy-André Kieffer, disparu le 16 avril 2004 à Abidjan, en Côte d'Ivoire.
( Photo : www.guyandrekieffer.org )
Cinq ans après la disparition du journaliste Guy-André Kieffer en Côte d’Ivoire, un nouveau témoignage diffusé, mercredi, par la chaîne française France 3 étaye la thèse de l'implication de l'entourage de Simone Gbagbo, l’épouse du président ivoirien. Le frère du disparu affirme que ce témoignage est « extrêmement important ». Mais un des avocats de Madame Gbagbo a dénoncé ce qu’il qualifie de « faux témoignage ».
Ce témoignage est celui d'Alain Gossé qui se présente comme un major de l'armée ivoirienne. Il a avancé que le journaliste franco-canadien aurait été tué « par erreur » lors d'un interrogatoire. Il affirme avoir été de permanence à la présidence ivoirienne, le 16 avril 2004, et avoir vu arriver Guy-André Kieffer, ajoutant que trois hommes ont participé aux interrogatoires. Parmi eux, Jean-Tony Oulaï soupçonné d'avoir dirigé le commando auteur de l'enlèvement, est actuellement en détention provisoire en France.
Guy-André Kieffer, journaliste indépendant, collaborait notamment à la Lettre du Continent et était spécialisé dans les questions de matières premières, entre autre le cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial. Son entourage affirme qu’il a été assassiné alors qu’il enquêtait sur des malversations impliquant le régime ivoirien. Il a été vu vivant pour la dernière fois sur un parking d’Abidjan, avant un rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo. Pour Bernard Kieffer, le frère du disparu, c'est un témoignage « capital » qui confirme, selon lui, que la présidence ivoirienne est bien impliquée dans cette disparition.
Toutefois, pour maître Rodrigue Dadjé, l'avocat de Simone Gbagbo, ce témoignage est « faux et mensonger ». Selon lui, le témoin n'a jamais appartenu à l'armée ivoirienne, ni travaillé à la présidence de la République et il risque d'être arrêté pour faux témoignage.
Les juges d'instruction français Patrick Ramaël et Nicolas Blot se sont déplacés en Côte d'Ivoire en avril dernier, où ils ont pu interroger Madame Gbagbo ainsi que le ministre d'Etat ivoirien chargé du Plan, Paul-Antoine Bohoun Bouabré, souvent visé par Guy-André Kieffer dans ses articles. Lors d’une conférence de presse, maître Georges Kiejman avait déclaré que ces auditions ont montré qu’il n’y avait pas de liens, d’une part, entre l’épouse du président ivoirien et le ministre et, d’autre part, ceux qui ont pu jouer un rôle dans la disparition de Guy-André Kieffer.
Sur le même sujet