par RFI
Article publié le 31/07/2009 Dernière mise à jour le 31/07/2009 à 14:36 TU
Mohamed Yusuf, le chef du groupuscule islamiste radical Boko Haram a été arrêté à Maiduguri, jeudi après-midi, pour être aussitôt exécuté, selon des témoignages. Depuis le début des violences dans la capitale de l’Etat de Borno, il y a six jours, 600 personnes auraient trouvé la mort et 4 000 auraient fui les combats. La Croix-Rouge a accusé les autorités nigérianes de « négligence », face à la situation humanitaire.
Son corps a été exposé, criblé de balles dans le quartier général de la police. Dans la nuit, l'image a été diffusée par une télévision locale et l'information était à la une de la presse nigériane ce vendredi.
Le président Umaru Yar’Adua avait donné carte blanche aux forces de sécurité pour rétablir l'ordre dans la région nord et nord-est du pays. Manifestement, la consigne a été suivie mais suscite aujourd'hui plusieurs interrogations. Fallait-il un tel bain de sang pour faire revenir le calme ?
Selon des informations publiées par le journal Le Figaro, les militaires étaient équipés de blindés, de canons de 90 millimètres et de mitrailleuses lourdes. Plusieurs témoins ont fait état d'exécutions sommaires. Le bilan est très lourd. On parle de 600 morts au total sans qu'aucun chiffre officiel ne soit disponible. On ignore combien de civils ont été tués et quelles sont les pertes du côté de l'armée nigériane.
Selon le Comité international de la Croix-Rouge, les combats ont déjà fait 4 000 déplacés qui s'entassent dans des camps de fortune. Le CICR parle de négligence des autorités face à la situation humanitaire.
Jamil Hama, directeur de l'Alliance française de Maiduguri, est passé tout près du quartier général de la secte Boko Haram de Mohamed Yusuf. Il a vu beaucoup de cadavres sur la route: « Il y a eu beaucoup de morts. Ce sont des gens de la secte, des gens de Mohamed Yusuf. Beaucoup de personnes marchaient à côté, avec les bras en l’air, pour dire aux agents de la sécurité qu’ils n’étaient pas parmi les gens de Mohamed Yusuf et qu’ils passaient pour aller chercher de la nourriture, ou voir leurs proches, espérant que la vie va reprendre son chemin ».