par Guillaume Thibault
Article publié le 26/08/2009 Dernière mise à jour le 27/08/2009 à 13:25 TU
Terminés les bonus faramineux des traders. Après des semaines de polémique, Nicolas Sarkozy a en tout cas remis les choses au point. Le président de la République a rencontré les banquiers, mardi, pour la septième fois en un an et malgré les nombreuses mises en garde, les banques avaient tendance à reprendre leurs mauvaises habitudes. Et ce mercredi, le président français a annoncé que la France appellerait lors du sommet du G20 à Pittsburgh, fin septembre, à une limitation des bonus bancaires au niveau international.
Nicolas Sarkozy, et l'ensemble de ses ministres, lors de la Conférence des ambassadeurs à l'Elysée, le 26 août.
© PHILIPPE WOJAZER / Reuters
« L'opinion ne pourra pas accepter de tels excès », a expliqué le président, avant d'ajouter que « rien n'était négociable et que rien n'a été négocié ».
Les banquiers partis, c'est un président de la République incisif qui s'est donc présenté devant la presse. « J’ai été scandalisé de voir les leçons de la crise si vite oubliées alors même que la page de cette crise n’est pas tournée. Ce n’est pas acceptable, j’ai demandé aux banques françaises d’être exemplaires et d’accepter des règles précises pour améliorer la gouvernance, d’accroître la transparence et d’assurer la responsabilité des acteurs. »
Et même si ce n'est pas encore la révolution, ces règles sont de vraies avancées. Dès aujourd'hui, deux tiers des bonus sont donc versés en différé en fonction des résultats des banques et, pour responsabiliser les traders, une partie est en plus donnée en titres de l'entreprise. Second élément : un malus est également mis en place. Si les banques n'atteignent pas leurs objectifs, pendant deux, voire trois ans, le trader ne touchera pas les 2/3 de ses bonus, c'est-à-dire la partie différée. Nicolas Sarkozy l'a expliqué simplement : « On ne peut pas gagner à tous les coups ».
La BNP s’aligne
Conséquence directe, la BNP, montrée du doigt pour avoir provisionné un milliard d'euros de bonus pour ses employés, va donc se limiter à 500 millions d'euros au premier semestre et devra attendre deux à trois ans avant de verser la seconde moitié de ces bonus. Pour s'assurer que les règles seront appliquées, Nicolas Sarkozy a nommé un « super contrôleur de l'Etat ». Michel Camdessus, l'ancien directeur général du FMI, est désormais chargé de vérifier le montant et le versement des rémunérations au sein des banques aidées par l'Etat depuis le début de la crise financière.
Il reste néanmoins un point important sur lequel Nicolas Sarkozy ne peut rien. Le chef de l'état est favorable à une limitation de ces bonus. Il veut en terminer avec les rémunérations sans limites. Mais cette règle ne sera efficace que si elle est appliquée à l'échelle internationale. L'argument des traders : ils menacent d'aller voir ailleurs, à la City de Londres ou à Wall Street à New York.
Reste à convaincre le G20
Et c'est donc le nouveau cheval de bataille du président : que l'ensemble des membres du G20 appliquent ces règles. Lundi prochain, Nicolas Sarkozy rencontre la chancelière allemande Angela Merkel. Objectif : mettre en avant une vision européenne au prochain sommet du G20 de Pittsburg fin septembre.
« Tous les pays auront à cœur de décider quelque chose en commun », analyse l’économiste Dominique Lacoue-Labarthe, « tout ça est sur la table, on ne peut pas l’écarter d’un revers de main dédaigneux et je crois que ça va vraiment dans le bon sens. Pour reprendre une ancienne formule, la fortune sourit aux audacieux. »
Pas sûr que les membres du G20 soient prêts à mettre la même volonté politique que Nicolas Sarkozy dans la régulation des rémunérations des traders.
Et, à l'inverse, Martine Aubry, la première secrétaire du PS, qui demande une loi pour interdire les bonus, a dénoncé « une énième réunion pour pas grand-chose ».
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