par RFI
Article publié le 03/09/2009 Dernière mise à jour le 04/09/2009 à 11:05 TU
Le ministre gabonais de l’Intérieur Jean François Ndongou a annoncé, jeudi en fin de matinée, les résultats du scrutin du 30 aout dernier. Ali Bongo Ondimba a ainsi obtenu 41,73% des suffrages, devançant André Mba Obame, ancien ministre de l’Intérieur qui a recueilli 25,88 % des votes, tandis que l’opposant historique Pierre Mamboundou a obtenu 25,22%. Selon les chiffres officiels, 357 402 des 807 402 électeurs inscrits ont participé au vote. Omar Bongo a donc été élu avec 15 points d'avance sur ses deux principaux adversaires. Sur l’ensemble du pays, la participation est inférieure à 50%.
Ali Bongo remporte les élections présidentielles du Gabon avec 41,73 % des votes.
(Photo : Issouf Sanogo / AFP)
Les trois candidats l’emportent dans leurs fiefs respectifs, avec moins de 40% de participation pour les deux perdants et plus de 90% pour Ali Bongo dans la province du Haut-Ogooué. Ce qui étonne d’ailleurs l’opposition qui dénonce déjà des fraudes au regard de ces chiffres, d’autant qu’André Mba Obame a remporté la province de l’Estuaire. Or c’est la région la plus peuplée du Gabon et généralement cela ouvre les portes de la présidence à celui qui l’emporte.
Ce pendant, dans toutes les provinces, Ali Bongo enregistre un score assez constant tandis que les deux autres candidats ont recueilli peu de suffrages dans de nombreuses provinces avec des scores assez fluctuants.
Dans le quartier général du vainqueur, l’ambiance était enthousiaste. Ali Bongo qui a été accueilli pas des cris de « Victoire ! » s'est exprimé et il s'est engagé à être « le président de tous les Gabonais ». Il a ajouté : « Je suis et je serai toujours au service de tous - sans exclusive ». Il a tout de suite donné une conférence de presse dans laquelle il a déclaré : « je salue la mémoire de Léon M’Ba, bâtisseur du Gabon ; je salue la mémoire de mon père, l’homme qui a apporté la paix à mon pays. A tous les Gabonais qui n’ont pas voté pour mois, je dis que je vais être un rassembleur. Je respecte mes concurrents, car ils ont contribué à l’expression du débat démocratique ». A la question, « est-ce que 41% c’est un score suffisant pous assurer votre légitimité ? », il a répondu : « Ecoutez, c’est un score à l’américaine ». Il a comparé son score à celui des derniers présidents américains, ajoutant : « j’ai été élu pour appliquer un programme. Je l’appliquerai ».
Réactions du côté des candidats battus
Pour le moment, pas de déclaration officielle du côté de l’opposition. Dans le camp de Pierre Mamboundou, qui obtenu 25,22 % des voix, on maintient que le candidat de l'Union du peuple gabonais (UPG) est le vrai vainqueur du scrutin. Après la dispersion ce matin à Libreville de la manifestation qui se tenait devant la commission électorale, Herman Ditsoga, le chef de cabinet de Pierre Mamboundou dit ne pas savoir où est maintenant le leader de l'UPG.
« Ce n’est pas une victoire issue des urnes. C’est une victoire qu’(Ali Bongo) s’est donné avec ses amis du PDG pour continuer à se maintenir au pouvoir. »
On a appris en milieu d’après-midi que Pierre Mamboundou, a été gravement blessé, jeudi, lors de heurts avec les forces de sécurité, selon l’agence Reuters qui cite un responsable de l’UPG.
Du côté du candidat André Mba Obame, qui a obtenu 25,88 % des voix, on s’insurge contre les résultats donnant la victoire à Ali Bongo, qualifiés de « montage malsain ». Ce qui est, selon le porte-parole François Ondo Hedou, « dommage pour un pays qui pensait avoir évolué vers la démocratie ».
« Nous pensions être en démocratie en 2009. »
Incidents à Libreville et à Port-Gentil
Si Libreville était déjà, jeudi matin, quadrillée par les forces de l’ordre, survolée par des hélicoptères, dès l’annonce des résultats, des rassemblements se sont improvisés dans la capitale. Des pneus ont été brûlés sur l’avenue Omar Bongo, un axe très important qui dessert des bâtiments publics tels que le Sénat, l’Assemblée ou encore la télévision nationale.
A Port-Gentil, où le Consulat général de France a été incendié par des manifestants, il y a eu des incidents sur le marché. Et avant même la publication des résultats, des opposants ont attaqué la prison de Port-Gentil et ont libéré des détenus.
Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a assuré jeudi qu'un « dispositif » était « prêt pour protéger les Français au Gabon » en cas de nécessité. Interrogé par quelques journalistes peu avant l'annonce du résultat de la présidentielle et avant connaissance d'incidents pour savoir s'il craignait pour la sécurité de la communauté française au Gabon, il a répondu: « notre dispositif est prêt pour protéger les Français éventuellement. Mais j'espère qu'on n'aura pas à le faire. Je ne crois pas ». La communauté française vivant au Gabon est estimée à quelque 10 000 personnes. La France « appelle au calme » et recommande à ses ressortissants de « rester chez eux », a déclaré à l'AFP le secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet.
Portrait : l’héritier |
Démarche pesante et physique de catcheur, Ali Ben Bongo est âgé de 50 ans. Fils aîné du président défunt, il a été durant une vingtaine d'années dans le sillage de son père qui a d'ailleurs favorisé sa carrière politique. Rentré au Gabon, après des études secondaires à Neuilly-sur-Seine puis de droit à l'université Paris1 Panthéon-Sorbonne, le jeune Ali Ben travaille au cabinet de son père entre 1987 et 1989. Il n'a que 29 ans lorsque Omar Bongo Ondimba lui offre rien de moins que le ministère des Affaires étrangères. Mais, deux ans plus tard, il est contraint de démissionner, car la nouvelle constitution impose d'avoir au moins 35 ans pour exercer une fonction ministérielle. En 1990, Ali se présente à la députation dans le Haut-Ogooué et est élu. Un mandat qui lui sera renouvelé à chaque élection législative. Son retour au gouvernement se fait en 1999 où il est nommé ministre de la Défense. Un portefeuille qu'il a conservé pendant dix ans. Vice-président du Parti démocratique gabonais (PDG), Ali Ben Bongo a été désigné candidat par cette formation, ce qui a provoqué le départ de nombreux ténors du parti. Mais l'homme qui succède à son père est loin d'avoir hérité du charisme paternel. |
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