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Afghanistan

Un bombardement de l'Otan fait des dizaines de victimes

par  RFI (avec AFP)

Article publié le 04/09/2009 Dernière mise à jour le 04/09/2009 à 14:22 TU

Lourd bilan après une frappe aérienne dans le nord de l'Afghanistan dans la province de Kunduz. Il y aurait au moins 90 morts, d'après un responsable afghan. Dans un premier temps, des camions citernes ont été détournés par des hommes armés. L'Otan a bombardé ce convoi de ravitaillement, alors qu'un attroupement s'était formé autour de lui. L'armée allemande qui est déployée dans cette région, pour le compte de l'Alliance Atlantique, affirme que 56 talibans ont été tués, mais difficile de savoir si des civils ont également été frappés, y compris des villageois venus récupérer de l'essence.

Une victime du raid aérien de l'Otan visant un camion-citerne dérobé par des talibans est transportée à l'hôpital de Kunduz, le 4 septembre.(Photo : AFP)

Une victime du raid aérien de l'Otan visant un camion-citerne dérobé par des talibans est transportée à l'hôpital de Kunduz, le 4 septembre.
(Photo : AFP)

Le raid de l'Otan visait à stopper un groupe de talibans, qui s'était emparé de deux camions destinés au ravitaillement des forces internationales, sur l'autoroute à Angorbagh, dans le district de Kunduz.

Selon le chef de la police locale, Baryalaï Basharyar Parwani, « le camion s'est embourbé dans le lit d'une rivière, il y avait des civils avec les talibans et ils ont été bombardés, plus de 60 personnes ont été tuées ou blessées »,  Entre 200 et 250 villageois s'étaient massés autour du camion au moment du bombardement, a indiqué à Kaboul le porte-parole du ministère de la Santé, Farid Rahil, selon lequel « un grand nombre de civils ont été tués et blessés ».

De nombreux grands brûlés étaient traités dans la matinée dans un hôpital de Kunduz, la capitale du district. Les corps d'au moins huit personnes, complètement brûlées, étaient visibles dans l'une des salles de l'établissement. Les responsables étaient encore incapables de dresser le bilan du raid.

Mohammad Daud, 32 ans, un rescapé, a raconté à l’AFP que les talibans avaient dit aux villageois qu'ils pouvaient venir se servir dans un des camions-citerne, bloqué dans la rivière. « Les villageois se sont rués vers la citerne avec tous les bidons et bouteilles qu'ils pouvaient emporter », dit-il. « Il y avait dix à 15 talibans sur le toit de la citerne et c'est à ce moment qu'ils ont bombardé. Tous ceux qui étaient là sont morts », assure le rescapé. « Il n'y avait pas une seule personne en un seul morceau et il y avait des morceaux de corps humains partout et ceux qui étaient un peu plus loin ont été gravement brûlés », a-t-il poursuivi.

Une nouvelle bavure des forces internationales ?

Ce drame survient alors que les forces internationales, composées pour la majeure partie de troupes américaines, sont accusées de plus en plus fréquemment de bombarder sans discrimination et de tuer parfois de nombreux civils en Afghanistan, où quelque 100 000 soldats étrangers combattent l'insurrection des talibans.

Cette frappe aérienne intervient quatre jours après que le chef des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, eut recommandé dans un rapport de « revoir la stratégie » des troupes internationales après huit années de conflit, notamment dans le but de gagner la confiance des populations.

Le prédécesseur de McChrystal, le général David McKiernan, a été remplacé par Washington après que le président afghan Hamid Karzaï se fut ému à plusieurs reprises de ces « bavures » des forces internationales. Selon l'ONU, sur les six premiers mois de 2009, plus de 1 000 civils avaient été tués, dont un tiers par les forces pro-gouvernementales, essentiellement dans les bombardements aériens des troupes internationales.