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Norvège / Législatives

Pourquoi la gauche a gagné ?

par  RFI

Article publié le 15/09/2009 Dernière mise à jour le 15/09/2009 à 17:20 TU

La coalition de centre gauche norvégienne a finalement remporté d’une courte tête les élections législatives après un scrutin très serré. Cela fait de la Norvège un des rares pays européens où la gauche se trouve encore au pouvoir.

Kristin Halvorsen, ministre des Finances et chef de file du parti de Gauche socialiste, le 14 septembre 2009.(Photo : Heiko Junge/AFP)

Kristin Halvorsen, ministre des Finances et chef de file du parti de Gauche socialiste, le 14 septembre 2009.
(Photo : Heiko Junge/AFP)

Le gouvernement s'est bien sorti de la crise économique grâce surtout à ses colossales ressources pétrolières dans lesquelles il a exceptionnellement puisé beaucoup plus que les 4 % qu'il est autorisé à faire en temps normal.

Etat providence

Cela lui a permis d'équilibrer son budget, de maintenir le chômage à 3%, le plus faible d'Europe et d'investir dans l'Etat providence. La gauche a même promis de le renforcer, la Norvège pouvant se permettre d'être à la fois riche et un Etat providence ! 

Division de la droite

Autre facteur qui a joué, c'est la division de la droite, du bloc bourgeois, comme on l'appelle : quatre partis dont le plus puissant, le parti populiste du Progrès, qui rafle près de la moitié des sièges d'opposition. Les petites formations de droite refusaient de siéger avec lui en cas de victoire, notamment à cause de ses positions anti- immigration et hostiles au droit d'asile. Le parti libéral d'ailleurs très opposé à une quelconque coopération avec le parti populiste l'a payé d'une baisse du nombre de voix significative.

En cas de victoire, la formation d'un gouvernement de droite aurait donc été très difficile, voire impossible, et les Norvégiens ont sans doute préféré la continuité avec un gouvernement au bilan, somme toute, positif.

Réaction de Vibeke Knoop-Rachline, journaliste au quotidien norvégien Aftenposten

« Les Norvégiens n’ont pas voulu du parti populiste de droite, relativement raciste qui veut restreindre de manière draconienne l’immigration et qui est prêt à dépenser tout l’argent du fonds pétrolier au bénéfice immédiat et ne pas garder cet argent pour les générations futures ».

15/09/2009 par Dominique de Courcelles

L'exception norvégienne

La victoire des partis de gauche aux élections en Norvège permet au Premier ministre sortant d'échapper à la malédiction de la manne pétrolière qui se traduisait depuis 1996 par une permanente alternance au pouvoir. Jens Stoltenberg va pouvoir former un deuxième gouvernement successif et améliorer, comme il l'a promis, l'Etat providence.

Un programme d'exception au sein d'une Europe largement engagée dans une réforme néo-libérale, l'Etat providence plutôt que des réductions d'impôt. Toute l'exception norvégienne tient en cet engagement. Réduire les listes d'attente dans les hôpitaux, augmenter la gratuité des cantines scolaires ou accroître le nombre de places dans les maisons de retraite.

Les attentes de la population norvégienne ne sont pas exceptionnelles en Europe. Ce qui l'est davantage, c'est qu'elles ont une chance d'être réalisées. Grâce aux ressources tirées du pétrole, bien sûr, mais aussi aux convictions d'un personnel politique de gauche qui ne s'est pas converti au libéralisme et à son corollaire, la baisse de la dépense publique incontournable à droite, bien sûr, mais aussi chez les socialistes d'à peu près tous les pays européens.

Le gouvernement travailliste en Grande-Bretagne est, par exemple, en train de se faire rappeler à l'ordre par les syndicats qui craignent qu'un retrait supplémentaire de l'Etat ne favorise la crise. Seul le Premier ministre espagnol continue à vouloir augmenter les impôts pour garantir les dépenses sociales. Mais nulle part les gouvernements de gauche n'ont vraiment débattu de la refondation d'une dépense publique dont les contours, définis dans l'après-guerre, méritent peut-être d'être redessinés.