Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Thaïlande

Journée sous tension pour le pouvoir

Article publié le 19/09/2009 Dernière mise à jour le 19/09/2009 à 14:36 TU

Des affrontements se sont produits dans la zone très tendue de la frontière avec le Cambodge qui ont fait des dizaines de blessés. Deux rassemblements ont eu lieu dans le pays avec d'un côté les « chemises jaunes » de l’Alliance populaire pour la démocratie près de la frontière cambodgienne, de l’autre des « chemises rouges », mouvement antigouvernemental, à Bangkok. Les autorités avaient pris d’importantes mesures de sécurité pour tenter d'éviter les débordements. Cette journée démontre une nouvelle fois les profondes divisions du royaume et souligne les difficultés actuelles du gouvernement démocrate.

Avec notre correspondante à Bangkok, Marie Normand

Le Premier ministre Thaïlandais, Abhisit Vejjajiva entre les « chemises rouges » et les « chemises jaunes ». 
( Photo : AFP/Montage RFI)

Le Premier ministre Thaïlandais, Abhisit Vejjajiva entre les « chemises rouges » et les « chemises jaunes ».
( Photo : AFP/Montage RFI)

 
C’est une journée potentiellement explosive pour le gouvernement Abhisit, pris en tenailles entre « chemises rouges » et « chemises jaunes ».

Affrontements à la frontière cambodgienne

« Les chemises jaunes voulaient démontrer leur nationalisme en marchant sur le temple de Préah Vihear, lequel se trouve sur le sol cambodgien, juste de l’autre côté de la frontière. Le périmètre autour du temple, qui contient aussi des vestiges, est revendiqué par les deux pays, qui y ont posté des militaires. Le conflit dure depuis plus d’un an, et les négociations n’ont encore rien donné. »

19/09/2009 par Arnaud Dubus


D’un côté les « chemises rouges » donc, qui demandent la démission du gouvernement, avec un nouveau rassemblement massif ce samedi à Bangkok. La date est symbolique : ils commémorent l’anniversaire, il y a trois ans, du coup d’Etat qui a renversé l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.

Les manifestants seront encadrés par 6 500 policiers. De plus, la loi sur la sécurité intérieure, une mesure controversée, a été mise en vigueur vendredi. Elle permet au gouvernement de faire appel à l’armée et d’imposer, si besoin, un couvre-feu.

Manifestation des chemises rouges

« Outre le tee-shirt rouge, beaucoup portent autour de la tête des bandanas sur lesquels est inscrit "J'aime Thaksin" ou bien des casquettes mao, sans doute pour symboliser ce qu'ils estiment être leur combat contre l'inégalité. »

19/09/2009 par Arnaud Dubus


Toujours ce samedi, mais près de la frontière cambodgienne, une autre manifestation, celle des « chemises jaunes ». Ces derniers étaient pourtant restés assez discrets ces derniers mois. Deux cents policiers anti-émeutes côté thaïlandais et une cinquantaine d’hommes côté cambodgien ont été déployés autour du temple de Preah Vihar.

Le site est entouré de barbelés pour empêcher les manifestants de pénétrer sur ce bout de terre adjacent au temple, une zone disputée depuis plus de quarante ans. Les chemises jaunes accusent le gouvernement d’avoir laissé des « colons cambodgiens » s’installer sur ces terres aux frontières non définies.

Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva, qui quitte Bangkok ce samedi pour assister à l'Assemblée générale de l’ONU à New York, est en difficulté depuis plusieurs semaines. La coalition bancale qu’il dirige est critiquée jusque dans les rangs de son parti, ce qui relance encore des rumeurs de coup d’Etat durant son absence.

Trois ans de crise

Le 19 septembre 2006, les militaires profitent de l’absence du Premier ministre, Thaksin Shinawatra, pour renverser son gouvernement, jugé depuis des mois comme corrompu. Thaksin Shinawatra s’exile mais ses alliés conservent les rôles importants au pouvoir.

Les « chemises jaunes », issues des classes moyennes et des élites, défilent alors. Ils veulent le départ de Thaksin Shinawatra et le départ des politiciens affairistes, infidèles à la royauté. Après des semaines de blocage et de heurts, un nouveau Premier ministre est élu en décembre 2008, mais pour le démocrate, Abhisit Vejjajiva, le calme sera de courte durée.

Les partisans de Thaksin Shinawatra, « les chemises rouges », réclament le retour de leur ancien Premier ministre. D’origines modestes, ces gens appréciaient ses réformes sociales. En avril dernier, une de leurs manifestations est violemment réprimée par l’armée. Ce samedi, trois ans après le début de cette crise, ils défilent à Bangkok.

« Les chemises jaunes » quant à elles, se sont rendues au temple de Preah Vihar, dans le nord-est du pays. Pour elles, ce symbole national appartient à la Thaïlande. Ils accusent Thaksin Shinawatra d’avoir soutenu la candidature cambodgienne au patrimoine mondial de l’Unesco, au profit de ses intérêts personnels.

« Chemises jaunes » et « chemises rouges » sont donc de nouveau dans la rue pour réclamer, chacune à leur façon, un gouvernement égalitaire.

RFI