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Entretien / Burkina Faso

Blaise Compaoré : « Pas de sortie de crise en Côte d'Ivoire, sans élection crédible »

par  RFI

Article publié le 19/09/2009 Dernière mise à jour le 19/09/2009 à 11:44 TU

Au micro de RFI, alors qu'il vient d'achever sa première visite en Côte d'Ivoire depuis l'an 2000, Blaise Compaoré parle de l'amitié retrouvée avec son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo. Le président burkinabé qui est aussi médiateur dans la crise ivoirienne, aborde ici la lancinante question du respect du calendrier électoral ainsi que les interrogations à propos des militaires qui restent en suspend et qui pèsent toujours sur le processus de paix.

Blaise Compaoré, Abidjan le 18 septembre 2009.(Photo : Norbert Navarro/RFI)

Blaise Compaoré, Abidjan le 18 septembre 2009.
(Photo : Norbert Navarro/RFI)

RFI : Monsieur le président, vous venez d’effectuer une visite officielle en Côte d’Ivoire ; une visite marquée par des moments forts, dans l’amitié entre le président Gbagbo et vous. Et la question que tout le monde se pose : est-ce que tout cela est sincère ?

Blaise Compaoré : Je pense que si vous suivez notre histoire coloniale, on se rend compte que même la colonisation avait découvert qu’entre les deux espaces, le Burkina et la Côte d’Ivoire, il y avait des complémentarités qui pouvaient être exploitées au profit du développement et de l’épanouissement de cet ensemble. Et par la suite, tout au long de l’évolution de nos deux pays, nous avons à travers le chemin de fer, à travers le port d’Abidjan, nous avons pu créer naturellement, une zone économique partagée. Et aujourd’hui, nous nous rendons compte que le développement peut être accéléré. Notre intégration peut être renforcée, si nous savons dépasser les accords économiques qui existent entre nous et la région, pour aller un peu plus prendre de la hauteur et traiter ces affaires économiques à partir d’un centre politique plus fort et plus unifié.

RFI : Il s'agit d'une amitié sincère avec le président Gbagbo, avec qui il y a eu des moments difficiles ?

Blaise Compaoré : C’est parce qu’il y a eu des moments difficiles – et nous sommes toujours ensemble – que c’est sincère. Gbagbo et moi, nous ne serons pas éternels, au Burkina et en Côte d’Ivoire. Tout cela veut dire que nous sommes en train de préparer des fondations pour une meilleure entente, pour une amitié forte, entre ces deux nations.

RFI : A propos des élections ivoiriennes, il y a eu de nombreux retards accumulés jusque-là. Tout le monde se pose la question de savoir si l’élection aura lieu le 29 novembre. Vous qui avez rencontré les acteurs, est-ce que vous pensez que le 29 novembre, elles pourront se tenir ?

Blaise Compaoré : En discutant avec les acteurs, je pense qu’il y a une conviction qui est partagée en Côte d’Ivoire, c’est que lorsqu’on est dans le contexte politique actuel, on est tous convaincus ici qu’il n’y a pas de sortie de crise sans élection. Deuxièmement, il n’y a pas de sortie de crise, sans élection crédible. Je comprends les attentes, mais vous devez pouvoir comprendre que pour nous, comme pour les Ivoiriens, ce qui importe, ce n’est pas l’accélération de telle ou telle phase du processus, mais c’est de réussir cette élection, de faire en sorte que l'élection programmée soit bien sûr organisée dans de brefs délais mais surtout qu’elle s’organise dans des conditions excellentes de transparence, de régularité et d’équité. C’est la seule façon de régler durablement la crise politique en Côte d’Ivoire.

RFIA votre avis, s’il devait y avoir un report, cela pourrait être de combien de temps à peu près ?

Blaise Compaoré : Je n’ai pas encore cela dans ma tête, parce que je suis obligé de parler de report, éventuellement, sur la base des avis des techniciens. Or, jusque-là, les échanges que nous avons eu avec la commission électorale, avec la Sagem et avec les structures du processus, ne m'ont pas amené à penser qu’il y ait déjà un report en perspective.

 RFI :  Les forces nouvelles ont encore posé quelques problèmes militaires. Est-ce que ces questions vont pouvoir être réglées avant l’élection ?

Blaise Compaoré : Je vais en discuter avec le président Gbagbo mais ce ne sont pas des sujets, des problèmes compliqués, dans la mesure où ce sont des questions qui ont été traitées lors du séminaire de Grand-Bassam, en août dernier. Il reste un certain nombre de textes à finaliser et à adopter pour permettre que le traitement de ces questions posées soit assumé.

Entretien réalisé par Alpha Barry, RFI