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Irlande / Traité de Lisbonne

Les Irlandais retournent aux urnes

par Patrick Adam

Article publié le 02/10/2009 Dernière mise à jour le 02/10/2009 à 09:53 TU

Une nouvelle fois l’Union européenne retient son souffle le temps que les Irlandais votent. Pour la seconde fois, ils se prononcent ce vendredi 2 octobre sur le traité de Lisbonne, qu’ils avaient massivement rejeté en juin 2008. Pour rendre possible ce retour dans les isoloirs, Bruxelles a accordé certaines garanties à l’Irlande et cette fois les sondages donnent le « oui » victorieux.

Un homme et un officier portent une des urnes qui servira à récolter les votes sur le traité de Lisbonne qui se déroulera le 2 octobre 2009.(Photo : Cathal McNaughton / Reuters)

Un homme et un officier portent une des urnes qui servira à récolter les votes sur le traité de Lisbonne qui se déroulera le 2 octobre 2009.
(Photo : Cathal McNaughton / Reuters)

Quinze mois après avoir dit « non », les Irlandais vont-ils voter « oui » ? Les sondages le laissent présager. Le « oui » recueille de 48% à 68% des voix dans les dernières enquêtes d’opinion. Pour autant les partisans du traité de Lisbonne évitent tout triomphalisme, échaudés par le vote négatif (53.4%) de juin 2008 alors que l’ensemble de la classe politique s’était largement prononcé en faveur du « oui ».

L’Irlande est le seul pays des 27 membres de l’Union à devoir organiser une consultation référendaire, comme l’y contraint sa Constitution. Les autres pays ont tous prudemment opté pour un vote parlementaire. Ce n’est pas la première fois que les Irlandais sont ainsi invités à revoter après le rejet d’un texte européen. En 2001, 50% des électeurs avaient rejeté le traité de Nice, avant de l’adopter à 63% un an plus tard.

Des contreparties

Pour tenter d’inverser la tendance et convaincre les Irlandais de voter en faveur du traité, la Commission a accordé un certain nombre de garanties. Des « spécificités celtiques » auxquelles Dublin se déclare attaché. Ainsi l’UE assure qu’elle ne se mêlera pas de l’interdiction de l’avortement, très ancrée en Irlande. De même Dublin se voit conforté dans sa neutralité militaire et sa politique fiscale. Mais surtout, l’Irlande a été assurée, en cas de vote positif, de voir maintenu «son » commissaire alors que le traité prévoit d’en réduire le nombre. « Des garanties irréfutables… qui ont modifié de manière substantielle la dynamique du référendum », assure le Premier ministre Brian Cowen.

L’UE parapluie face à la crise

La crise est aussi passée par là. Depuis le premier référendum, la récession a supplanté la croissance arrogante enregistrée par l’Irlande ces dernières années. Le « Tigre celtique » a vu son produit intérieur brut s’effondrer de 8% environ, et le chômage dépasser 15%, un taux trois fois supérieur à ce qu’il était il y a quinze mois. Dans ce contexte, et les acteurs économiques du pays l’ont souligné, l’Europe est apparue comme le meilleur rempart face à la crise. Seuls les milliards d’euros débloqués par la Banque centrale européenne ont permis d’éviter la banqueroute des établissements financiers irlandais.

Mais quand bien même les Irlandais voteraient en faveur du « oui », le traité ne sera pas sauvé pour autant. Censé aider l’Union à mieux fonctionner, il doit pour entrer en vigueur être ratifié par l’ensemble des 27 et quelques obstacles continuent de jalonner son avenir. Le président polonais, eurosceptique, annonce qu’il signera le traité si les électeurs irlandais se prononcent en sa faveur. Reste Vaclav Klaus. Le président tchèque ne cache pas son intention de tout faire pour  retarder l’application du traité. En espérant son enterrement à la faveur d’un retour au pouvoir des conservateurs en Grande-Bretagne qui ont annoncé qu’en cas de victoire électorale, ils soumettraient à leur tour le traité à référendum.