par RFI
Article publié le 14/10/2009 Dernière mise à jour le 14/10/2009 à 19:46 TU
Le Commissaire au développement de l'Union européenne, Karel de Gucht, a estimé ce mercredi, à Addis Abeba, que le chef de la junte guinéenne doit rendre compte de ses actes devant un tribunal pour crime contre l'humanité. Ces déclarations interviennent alors que le Groupe international de contact sur la Guinée (GIC-G) - coprésidé par la Communauté économique des Etats d’Afrique occidentale (CEDEAO) et par l’Union africaine (UA) – qui s’est réuni mardi à Abuja, a demandé le départ de la junte au pouvoir et la mise en place d'une Commission d'enquête internationale sur la répression du 28 septembre, sous l'égide des Nations unies. Selon l’organisation internationale, les massacres ont fait plus de 150 morts. Les autorités de Conakry ne sont pas opposées à la venue cette Commission, dont la composition et les modalités de fonctionnement restent à définir par la communauté internationale.
Les forces de sécurité guinéennes patrouillent dans la rue de Bambeto à Conakry, le 1er octobre 2009.
(Photo : Reuters)
Cependant, pour éviter tout acte d’intimidation sur les témoins et les enquêteurs, le Groupe de contact invite la CEDEAO à constituer une Mission de protection composée de personnels civils et militaires. Au total, la Commission d’enquête aura pour tâche d’identifier les responsables du massacre du 28 septembre. Selon le Groupe de contact, ceux-ci devront ensuite être déférés devant la juridiction guinéenne, ou devant la Cour pénale internationale (CPI). Mais si la communauté internationale souhaite faire intervenir la CPI il faudra alors une décision en ce sens du Conseil de sécurité des Nations unies.
Le gouvernement va coopérer
Le premier Ministre guinéen Kabiné Komara n'est pas opposé à l'envoi, en Guinée, d'une Commission d'enquête internationale sous l'égide de l'Onu, comme le préconise le Groupe international. Selon lui, l'important est de faire la lumière sur ces évènements et de punir les coupables des violences. Revenant sur la rencontre d'Abuja, Kabiné Komara mettra tout en œuvre pour que la sécurité des citoyens soit rétablie, que les blessés puissent être soignés et que les corps non encore rendus à la famille le soient. Concernant les attentes de la communauté internationale et du Groupe de contact - qui demande une nouvelle transition sur la base du retrait de la junte des affaires -, il estime que « chaque guinéen doit s'effacer devant l'intérêt de la nation ». Cela concerne également le capitaine Dadis Camara.
Fermeté face aux militaires
Les observateurs s’interrogent également sur la médiation conduite par le président burkinabè Blaise Compaoré, après les prises de position du Groupe international de contact sur la Guinée à Abuja. A la lecture du communiqué final, lundi soir, les Forces vives guinéennes, présentes en masse dans la capitale nigériane, ont applaudi les décisions prises dans cette réunion. Toutes leurs exigences ont été prises par le (GIC-G). La délégation gouvernementale et du Conseil national de développement de la démocratie (CNDD), la junte dirigée par le capitaine Dadis Camara, qui prônait le dialogue, n’est pas restée pour suivre la fin des travaux. L’opposition guinéenne a crié victoire, mais des questions demeurent sur le départ de la junte au pouvoir, par la force ou par la négociation.
Dans un communiqué, les Forces vives ont rejeté toute idée de dialogue avec les leaders du CNDD. Que va donc faire le médiateur burkinabé Blaise Compaoré ? Va-t-il négocier le départ de Moussa Dadis Camara ? Ou va-t-il chercher à convaincre l’opposition guinéenne à accepter le dialogue ? Le sommet extraordinaire de la CEDEAO, prévu samedi prochain à Abuja, devra trancher. Le chef d’Etat nigérian Umaru Yar'Adua, président en exercice la CEDEAO, devra définir la nouvelle feuille de route du médiateur. C’est lui qui l’a mandaté.
Par ailleurs, ce 14 octobre a été la deuxième journée « ville morte », plutôt bien suivie à Conakry, où les rues étaient désertes. Seules étaient visibles des voitures de police garées aux carrefours.
Des accords pour résister, peut-être, aux éventuelles sanctions internationales |
Conakry et Pékin sont en train de négocier un très important accord sur l'exploitation minière et pétrolière en Guinée. Selon le quotidien britannique des milieux d'affaires Financial Times, l'accord se chiffrerait en milliards de dollars. Pour le ministre guinéen des Mines, il engagerait la signature, d'un côté, de l'Etat guinéen, ou de ce qu'il en reste, de l'autre, d'un Fonds d'investissement chinois. L'accord concernerait les énormes richesses minières guinéennes. Le pays est l'un des plus gros producteurs au monde de bauxite, la matière première de l'aluminium. Il est également très riche en or, diamants et uranium. Par ailleurs, la télévision publique guinéenne a annoncé, dimanche soir, que le gouvernement venait de signer un accord avec China-Sonangol, une joint-venture sino-angolaise. Le Financial Times précise que cet accord porte sur l'exploitation de gisements pétroliers offshore concédés à l'origine à une compagnie texane et que celle-ci a restitué à l'Etat guinéen. En marge des massacres commis en pleine ville, le 28 septembre dernier, le gouvernent de Dadis Camara est donc en train de négocier des accords avec la Chine qui lui permettraient de résister aux sanctions financières que l'Union africaine prépare en ce moment. |
A lire également
A écouter
« Quand il y a des crimes contre l’humanité, il faut que ces crimes soient jugés (..) s’il y a une justice criminelle internationale, elle doit aussi être universelle, c’est une question de crédibilité !»
14/10/2009