par Laurent Correau
Article publié le 19/10/2009 Dernière mise à jour le 19/10/2009 à 22:07 TU
Le 28 septembre dans la matinée, la junte au pouvoir à Conakry tente de dissuader les forces vives de Guinée de se mobiliser contre la candidature de Moussa Dadis Camara à la présidentielle. Le chef de la junte appelle dans la nuit l’un des leaders, Sidya Touré. Les forces de l’ordre sont envoyées barrer la route aux manifestants. Mais la foule qui déferle de la banlieue réussit à entrer dans le stade. Récit des heures qui ont précédé le massacre en texte, sons et images.
« Les dirigeants de l’opposition, des forces vives, se sont donné rendez-vous chez M.Jean-Marie Doré à 7h00 du matin. Il fallait venir assez tôt pour mettre les choses au point. Les gens ont commencé à arriver petit à petit… Notre collègue Sidya Touré est arrivé, il nous a dit que le chef de la junte l’avait appelé à 1h00 du matin pour lui demander - et ensuite c’est devenu un ordre - d’empêcher que la manifestation ait lieu ce matin là… avec l’argument que c’était un jour sacré pour tout le pays et qu’il n’appartenait pas à un groupe de se l’approprier. Evidemment, ça n’a même pas porté à discussion, puisque comprenez bien que cette journée se préparait déjà depuis plus de 10 jours.
On nous a dit que les dignitaires religieux étaient en train d’arriver pour nous convaincre de reporter la manifestation. Nous leur avons répondu qu’il n’était pas de notre pouvoir de la reporter, mais qu’ils pouvaient toujours venir pour discuter. A ce moment-là, à 10 heures, nous avons décidé de laisser monsieur Jean-Marie Doré parlementer avec eux. Nous sommes sortis avec les autres dirigeants des Forces vives et nous avons commencé à marcher pour aller vers le stade du 28 septembre.
Au niveau de ce que nous appelons l’ancien lycée Donka, on a été arrêtés par des policiers qui voulaient nous bousculer, qui nous ordonnaient de nous disperser. On a vu arriver dans une jeep militaire le commandant Tiegboro Moussa Camara venu, donc, parlementer : ‘le 28 septembre, ce n’est pas une journée pour manifester, c’est une journée de paix et de concorde qui appartient à tout le peuple guinéen’… et qu’on était en train de se l’approprier ».
Des milliers de personnes s'étaient rassemblées dans le stade du 28 septembre pour cette manifestation pacifique.
(Photo : DR)
La foule envahit le stade. La pelouse. Les gradins. Les vidéos amateurs montrent des milliers de personnes. Les responsables de l’opposition sont installés à la tribune. Jean-Marie Doré, qui vient d’arriver à son tour au stade, peine à les rejoindre.
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