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Nigeria / Delta du Niger

Le président reçoit le chef rebelle du Mend

par  RFI

Article publié le 20/10/2009 Dernière mise à jour le 20/10/2009 à 15:24 TU

Umaru Yar'Adua, le président nigérian s'est entretenu le 19 octobre avec le chef du Mend, principal groupe armé du delta du Niger, dans le but de mettre fin à la rébellion dans cette région dont le pays tire 80% de ses revenus pétroliers. Le gouvernement  prévoirait de verser 10% ces revenus à la population locale. Henry Okah a été libéré en juillet suite à l'amnistie présidentielle, et après avoir purgé une peine de 20 mois de prison.

Le président nigérian Umaru Musa Yar'Adua (g) et le chef du mouvement rebelle Mend Henry Okah.(Photos : AFP)

Le président nigérian Umaru Musa Yar'Adua (g) et le chef du mouvement rebelle Mend Henry Okah.
(Photos : AFP)

La rencontre entre le président Yar’Adua et le leader présumé du Mend, Henry Okah, a pour le moins le mérite de clarifier les positions du gouvernement face aux intentions belliqueuses du Mouvement d’émancipation du delta du Niger. Si le Mend n’a, a priori, rien entrepris sur le terrain, il a néanmoins laissé planer le doute, laissant entendre que les bonnes intentions de l’après-amnistie ne le concernait pas, et qu’il pourrait frapper à tout moment. Henry Okah est, pour ainsi dire, pris entre deux feux, lui qui a accepté l’amnistie en échange de sa libération en juin dernier.

On sait que la direction du mouvement rebelle est aujourd’hui divisée entre ceux qui disent constituer les bases réelles de la lutte et qui ont remis les armes. Il s’agit par exemple des commandants Tombolo et Tom Ateke. Et de l’autre côté, les réfractaires au processus de paix dont le porte-parole du Mend, Jomo Gbomo. Ses anciens frères d’armes le qualifient d’épouvantail qui n’a pas les moyens de mettre à exécution ses menaces. Ces atermoiements ne remettent toutefois pas en cause la détermination du gouvernement à achever le processus de paix, fait de dialogue et de fermeté.

Les discussions se poursuivent avec les médiateurs pour rallier les militants encore sceptiques. Et dans le même temps, la force conjointe de sécurité du delta a été davantage outillée pour parer à toute éventualité de reprise de combats dans les criques du delta du Niger.

Abuja promet une distribution plus équitable de la manne pétrolière


Proposition révolutionnaire, tournant dans la crise, les commentaires en provenance de Lagos font dans le superlatif. Le gouvernement propose d'attribuer aux populations des Etats du delta du Niger 10% des revenus tirés de l'exploitation pétrolière. Ces populations vivent dans la misère et les groupes armés qui sévissent dans la région tirent leur légitimité de cette pauvreté ambiante.

Pourtant, les exécutifs régionaux perçoivent déjà 13% des revenus pétroliers. Mais, corruption ou mauvaise gouvernance, c'est loin de se transformer en infrastructures collectives ou en investissements productifs pour les populations locales.

La distribution de 10% supplémentaires est supposée calmer la colère et la violence ambiante. Mais avant que la proposition gouvernementale devienne réalité, il faudra que le Parlement nigérian l'entérine. Or des oppositions sont susceptibles de se manifester. Déjà les Etats du delta du Niger sont beaucoup plus richement dotés que ceux de l'intérieur du pays.

La suggestion gouvernementale viendra accentuer le déséquilibre entre les deux parties du pays. Mais pour Lagos, le retour au calme dans le delta du Niger est vital. Au cours des dernières années, les violences lui ont fait perdre 40% de ses revenus pétroliers.