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Mozambique / Elections générales

Les Mozambicains aux urnes ce mercredi

par  RFI

Article publié le 26/10/2009 Dernière mise à jour le 28/10/2009 à 12:17 TU

Les Mozambicains ont commencé à voter ce mercredi 28 octobre 2009.(Photo :  REUTERS/Grant Lee Neuenburg)

Les Mozambicains ont commencé à voter ce mercredi 28 octobre 2009.
(Photo : REUTERS/Grant Lee Neuenburg)

Plus de neuf millions de Mozambicains, sur une population totale de plus de 22 millions d’habitants, sont appelés à voter ce mercredi 28 octobre, pour des élections présidentielles, législatives et régionales, après une campagne électorale assez tendue qui a débuté à la mi-septembre. Il s’agit du quatrième scrutin au suffrage universel, après l’instauration d’un régime démocratique en 1994, deux ans après la fin de la guerre civile (1976-1992). Le Front de libération du Mozambique (Frelimo) - au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1975 - est crédité d’une forte avance sur la Résistance nationale du Mozambique (Renamo). Le président Armando Guebuza, 66 ans, devrait être reconduit pour un second quinquennat.     

Avec notre envoyé spécial à Maputo, Miguel Martins  

Le Mozambique a retrouvé un calme que les habitants avaient pratiquement oublié, après 45 jours d’une campagne intense. Jusqu’à mardi soir, le temps est à la réflexion et aux bilans. Les opérations de campagne avaient démarré au rythme de multiples incidents. Malgré cela, les organisateurs du scrutin jugent que cette campagne aura été l’une des plus exemplaires de la démocratie mozambicaine.

La fin de la longue guerre civile en 1992, entre le Frelimo (au pouvoir) et la Renamo, première force de l’opposition, a en effet permis une succession de scrutins axés sur la dichotomie entre ces deux partis. Le chef de l’Etat sortant, Armando Guebuza, brigue donc un deuxième et dernier mandat. La Renamo essaye de faire bonne figure. Afonso Dhlakama, l’éternel opposant, se dit « combatif ». 

La grande nouveauté aura été la naissance du Mouvement démocratique du Mozambique (MDM), chapeauté par Daviz Simango, un dissident de la Renamo et maire de Beira, la seconde ville du pays. La dispersion des voix pourrait profiter au parti au pouvoir, disent certains observateurs. Les Mozambicains devront donc trancher ce mercredi.  

Près de vingt ans de démocratie multipartite

Indépendant depuis 1975, le Mozambique a été très sévèrement frappé par une guerre civile de 1976 à 1992 qui opposa le Frelimo – appuyé par l’ancien bloc de l’Est - à la Renamo, soutenue notamment par le régime sud-africain de l’apartheid. Après la fin de la Guerre froide, une nouvelle Constitution a été adoptée en 1990, introduisant le multipartisme et l’économie de marché dans ce pays de près de 22 millions d’habitants et de 800 000 kilomètres carrés, baigné par l’océan Indien sur environ 2 500 kilomètres.

Les premières élections démocratiques ont eu lieu en 1994 et ont été remportées par le président Joaquim Chissano – qui avait succédé, en 1986, à Samora Machel, mort dans un accident aérien en Afrique du Sud. Le Frelimo, ancien parti unique, est ainsi devenu le parti majoritaire dans la nouvelle Assemblée et la Renamo, dirigée par Afonso Dhlakama, est devenue la principale force de l’opposition mozambicaine. En 1999, de nouvelles élections – présidentielle et législatives – ont confirmé cette situation, avec la réélection de Chissano.

De nouvelles élections ont eu lieu en décembre 2004, mais c’est Armando Guebuza, candidat du Frelimo, qui a été élu avec plus de 64% des voix, face à Afonso Dhlakama. Le Frelimo a réussi à gagner, à nouveau, les législatives, occupant, depuis, 160 des 250 sièges du Parlement de Maputo.

Tout porte à croire que Guebuza et le Frelimo vont obtenir de bons résultats lors des élections du 28 octobre. En effet, la Renamo n’a pas vraiment réussi à s’intégrer dans la vie économique du pays, tandis que les dirigeants du Frelimo –  notamment Armando Guebuza – parvenaient admirablement dans les affaires. La Renamo, ne disposant pas d’un appareil bien structuré, n’a pas réussi à s’implanter dans les grandes villes du pays et a connu une série de revers politiques. C’est ainsi que plusieurs personnalités ont décidé d’abandonner le parti de Dhlakama. C’est le cas notamment de Daviz Simango – le jeune maire de Beira, seconde ville du pays – qui a crée un parti dissident, le Mouvement démocratique du Mozambique (MDM).

De parti unique, le Frelimo est devenu un parti dominant, une situation qui est comparable à celle que connaissent plusieurs autres Etats africains. Les dirigeants mozambicains ont été salués, à plusieurs reprises, par les grandes institutions internationales, comme le FMI ou la Banque mondiale. En effet, le pays a enregistré une croissance moyenne de 8% depuis la signature des accords de paix en 1992. Toutefois, le Mozambique se trouve à la 172e place sur 182 du dernier classement de l’indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement.

Ces dernières années, ont été inaugurés plusieurs importants projets industriels – comme la fonderie d’aluminium Mozal –, ainsi que des infrastructures, tel le grand pont sur le Zambèze. Toutefois, les politiciens de Maputo sont pleinement conscients que le futur gouvernement va être obligé de faire face à de grandes difficultés, avec notamment une criminalité en hausse dans plusieurs centres urbains, le sida et, surtout, la grande pauvreté qui afflige toujours près de 90% des Mozambicains qui vivent avec mois de deux dollars par jour. Des protestations, parfois violentes, contre la corruption et contre la vie chère se sont produites dans un passé récent, dans la capitale et dans d’autres grandes villes d’un pays qui ne dispose pas de richesses notables, mis à part l’agriculture, la pêche, des ressources hydroélectriques et quelques mines. Les observateurs craignent une forte abstention lors des élections du 28 octobre. En 2004, la participation électorale n’a été que de 36%. Un abstentionnisme élevé pourrait ainsi indiquer que l’électorat mozambicain se méfie de la classe politique.

RFI