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Kosovo

Oui à la reconstruction mais pas d'aide pour Milosevic

L'Europe doit assumer la plus grande part du coût de la reconstruction du Kosovo et de l'aide nécessaire aux pays voisins des Balkans, mais la Yougoslavie ne recevra rien, sauf de l'aide humanitaire, tant que Slobodan Milosevic restera au pouvoir à Belgrade, ont indiqué les dirigeants des pays du Groupe des Huit (G8) à l'issue de leur sommet annuel à Cologne, le 20 juin 1999.
Le chef de l'Etat français a jugé comme d'autres participants au sommet, qu'il était normal que l'Europe assume la responsabilité de l'aide nécessaire pour surmonter les conséquences économiques de la guerre au Kosovo comme dans les pays voisins. Jacques Chirac s'est aussi félicité de l'annonce d'une contribution importante du Japon.

Le président Clinton a estimé pour sa part que les Etats-Unis ont fait face à la plus grande part du fardeau sur le plan militaire et qu'à présent les institutions financières internationales comme le FMI, la Banque Mondiale et la BERD, devaient jouer un rôle important, tout en reconnaissant qu'une contribution américaine serait également une chose normale.
Personne ne s'aventure encore à une estimation même approximative du coût global de la facture, maintenant que la guerre est finie, mais il semble évident qu'il faut compter en termes de dizaines de milliards d'euros, ont indiqué certains délégués, alors que l'Union européenne prévoit déjà un budget d'aide de l'ordre de 1,5 milliards d'euros d'ici la fin de l'année.

L'Union européenne et la Banque Mondiale, chargées de coordonner l'action d'aide, ont déjà prévu plusieurs réunions des donneurs. Une première réunion en juillet sera consacrée à la reconstruction immédiate du Kosovo alors qu'une autre, élargie à l'ensemble des pays de la région, aura lieu en automne. Le chancelier allemand, hôte du sommet, a souligné qu'il n' était pas question d'accorder à la Yougoslavie la moindre aide à sa reconstruction après les destructions massives entraînées par la campagne aérienne de l'OTAN, sans un processus de démocratisation qui, selon lui, ne serait guère possible tant que Milosevic tient les rênes à Belgrade.
Cependant, on ne pourrait refuser «aux gens qui ont faim ou froid» une aide humanitaire, sous forme d'aide alimentaire ou les moyens de rétablir l'électricité dans les villes.
Jacques Chirac s'est déclaré convaincu que plus vite les Serbes se débarrassent de Milosevic, «mieux cela vaudra». Il a estimé que cette affaire (du Kosovo) allait donner une impulsion à l'identité européenne de défense, soulignant que le meilleur moyen d'étouffer les conflits ethniques serait d'intégrer les pays de la région dans l'ensemble européen.
Dans leur communiqué final, les responsables du G8 ont demandé à la Yougoslavie de se conformer aux principes inscrits dans le Pacte de stabilité pour les Balkans, signé le 10 juin à Cologne par une quarantaine de pays et institutions internationales qui préconisent notamment la démocratisation et le respect des droits de l'homme. A la demande des Etats-Unis, les signataires du Pacte tiendront un sommet à Sarajevo, au mois de juillet prochain, afin de marquer la solidarité internationale avec cette région. Il sera présidé par le président finlandais Martti Ahtisaari, émissaire de l'Union européenne pour le Kosovo.

Les dirigeants du G8 se sont félicités de ce Pacte dont l'objectif est d'assurer une paix durable et la stabilité politique et économique dans le sud-est de l'Europe et se sont engagés à «prendre des mesures vigoureuses pour concrétiser tous les objectifs» de cet accord. «Nous soulignons que la réalisation (de ces objectifs) incombe en premier lieu aux pays de la région. L'aide extérieure peut y contribuer, mais ne peut se substituer aux propres efforts de ces pays», notamment par la coopération régionale, ont-ils précisé, ajoutant que «la République fédérale de Yougoslavie doit se montrer déterminée à respecter l'ensemble des principes et objectifs du Pacte».



par Jan  Kristiansen

Article publié le 28/06/1999