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Kosovo

Kosovo : appel aux investisseurs français

Ancien secrétaire d'Etat français à la Santé dans le gouvernement de Lionel Jospin, Bernard Kouchner a été nommé en juillet dernier administrateur de l'ONU pour le Kosovo. Dans le cadre d'un séminaire organisé par le Centre Français du Commerce Extérieur sur la reconstruction et le développement économique dans les Balkans, il a exhorté les entrepreneurs français à venir investir au Kosovo.
Le récent conflit dans les Balkans a mis au devant de la scène une région de l'Europe restée très en retrait des grandes évolutions qui ont marqué l'Europe centrale et orientale au cours de la dernière décennie. Au cours de ce conflit qui a opposé Milosevic aux pays de l'OTAN pendant trois mois, 50 000 maisons ont été détruites ainsi que toutes les infrastructures d'un pays déjà très en retard. Des millions d'Albanais du Kosovo ont fui les exactions serbes pour se réfugier dans les pays limitrophes (Monténégro, Macédoine, Albanie) et le pays n'a fait que s'enfoncer un peu plus.

Aujourd'hui en proie à des problèmes politiques et économiques nombreux, les Balkans émergent peu à peu avec le concours de l'aide internationale. Cependant il faudra des années pour rétablir non seulement des entités nationales stables, restaurer l'Etat de droit mais aussi assurer le développement économique d'une région où l'instabilité ethnique est forte, où le revenu par habitant est l'un des plus faibles d'Europe et où le PNB par habitant ne dépasse guère 400 dollars.

Pour l'instant, de l'avis unanime, les besoins réels sur place ne pourront être évalués avant plusieurs mois, probablement à la fin de l'année 1999. C'est pourquoi les appels d'offre sont aujourd'hui quasi-inexistants. Malgré cette situation, certains acteurs français comme Alcatel, Alstom, Aerospatiale Matra, Bouygues Bâtiment, Bull SA, Paribas, SNCF, les Chambres de Commerce et d'Industrie françaises ou des ONG, commencent à se mobiliser pour pouvoir investir au Kosovo et participer à son développement et à sa reconstruction. Les domaines où la reconstruction est urgente sont les suivants : bâtiment et habitations individuelles (50 000 ont été détruites pendant la guerre), urbanisme, transports (routes, ponts, aéroports, chemin de fer), réseaux des eaux et assainissement, énergie (électricité, réseaux de distribution, mine de charbon, ressources naturelles) et télécommunications.

Les programmes européens et multilatéraux qui vont se mettre en place dans les prochains mois offriront de nombreuses opportunités aux entrepreneurs français. Dans ce contexte l'engagement déterminé des entreprises au niveau des programmes européens et multilatéraux est primordial.

Dès le 27 avril 1999, à Washington, les Ministres des Finances de l'ensemble de la communauté internationale ont donné conjointement mandat à la Banque Mondiale et à la Commission Européenne d'identifier les besoins des Balkans et de coordonner l'aide internationale. Le cadre multilatéral et européen est, en effet, le mieux à même de répondre à l'ampleur des besoins de cette région du monde. La «Mission interministérielle pour les Balkans» créée récemment par le Premier ministre, Lionel Jospin, y veillera au niveau français.

Côté français, afin d'accompagner dans leur démarche les sociétés françaises qui souhaitent investir au Kosovo pour participer à sa reconstruction, le ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, notamment, a mobilisé l'ensemble de ses réseaux dans la région et auprès des bailleurs de fonds.

Même si la situation reste encore chaotique et tendue dans les Balkans, Bernard Kouchner a profité de son intervention pour inviter les entrepreneurs français à investir au Kosovo. Malgré une atmosphère politique fragile, il est persuadé que les investisseurs qui sont prêts à travailler sur place sont assurés de réussir commercialement. «Vous allez là-bas, vous montez une entreprise, vous avez un micro-crédit, vous réussirez». Entre autres arguments, il a notamment souligné que la concurrence était moins rude qu'en Bosnie, où les Français avaient été écrasés par les Américains, les Allemands ou les Italiens. «C'est beaucoup mieux qu'avant et les Français sont là» a t-il dit en admettant toutefois qu'il souhaiterait voir encore plus d'investisseurs français au Kosovo.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 14/10/1999