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Kosovo

Xavier Guilhou : «<i>Nous avons tout intérêt à contribuer au retour de la paix dans les Balkans</i>»

L'organisation patronale française MEDEF a organisé à Paris une rencontre entre des entreprises françaises, la Banque mondiale et la Commission européenne afin de procéder à une première évaluation des besoins pour la reconstruction au Kosovo. Cette dernière pourrait coûter un milliard d'euros par an et ce pendant trois ans. Quels profits peuvent en tirer les entreprises françaises ? Explications de Xavier Guilhou, directeur de la sûreté du groupe Schneider.
RFI : En 1994, vous avez participé à l'opération civilo-militaire engagée par la France en Bosnie. Opération qui n'a pas été suivie d'effets pour les entreprises françaises. Quels enseignements en tirez-vous¯?

Xavier Guilhou : Les enjeux et le contexte sont différents. A l'époque, en Bosnie, hormis les logiques diplomatiques et militaires, personne ne s'intéressait à la question, c'est pourquoi les capacités de mobilisation du monde économique, financiers et autres ont été assez marginales. Concernant le conflit au Kosovo, c'est toute une zone qui a été touchée. Nous ne sommes plus dans la même configuration¯: la guerre en Bosnie a touché vingt millions de personnes, au Kosovo cent millions. Il y a donc une vraie mobilisation, au-delà du diplomatique ou du militaire, de toutes les organisations financières, de l'ensemble du monde politique et économique.

RFI : Quels vont être les priorités de l'Agence européenne de reconstruction¯?

XG : Nous allons tout d'abord ne pas renouveler les erreurs que nous avons faites en Bosnie. Il va y avoir assez rapidement au Kosovo, des micros projets, c'est-à-dire des actions concrètes qui vont être menées très rapidement, notamment pour la reconstruction d'habitations. Outre cela, des opérations structurantes sur le moyen terme vont être également mises en £uvre : remise en état des infrastructures pour acheminer l'énergie, l'eau. Tout doit être mené localement en vue d'un raccordement des pays concernés à l'Union européenne.

RFI : Y a-t-il des opportunités pour les entreprises françaises et comment vont-elles se concrétiser¯?

XG : Il y en a d'autant plus que les entreprises françaises connaissaient très bien cette région avant les évènements. Beaucoup des grands maîtres d'£uvres industriels français avaient déjà des partenariats sur place ou faisaient faire de la production en sous-traitance. Un grand nombre de PME françaises travaillaient en partenariat technique avec l'ensemble de ces régions qui ont des savoir-faire indéniables en matière industrielle, d'urbanisme ou de réseaux de transports. Pour nous Français, nous avons une tradition d'opération dans ces régions et nous allons saisir toutes les opportunités qui se présenteront.

RFI : Quelles vont être les missions du groupe Schneider au Kosovo¯?

XG : Nous avons une très grosse implantation qui couvre l'ensemble de la zone allant de l'Europe centrale à l'Europe orientale. Ce sont les filiales du groupe Schneider présentes dans cette zone qui vont agir sur les Balkans. Nous sommes présents en Grèce, en Bulgarie, en Roumanie, en Hongrie et en Croatie. Nous avons mené un certain nombre d'actions significatives en Bosnie-Herzégovine et nous étions présents en République Fédérale de Yougoslavie. Ce n'est pas une région qui est inconnue pour nous. Nous pouvons agir dans différents domaines : fourniture d'équipements pour permettre le retour de l'énergie ou projets industriels de grande envergure.

RFI : Le retour massif et rapide des Albanais du Kosovo ne va-t-il pas prendre de cours les opérations qui doivent être menées au Kosovo et notamment en matière de reconstruction¯?

XG : Depuis le début du conflit, nous avons vu que des situations déroutantes. Depuis 1991, nous n'avons cessé d'être surpris par les évènements et les éléments. La reconstruction des Balkans a un intérêt : elle nous oblige à développer toute une inventivité concernant nos façons de réagir sur le plan industriel et économique. Avec plusieurs entreprises du groupe, nous avons déjà commencé à mettre en place des opérations innovantes. Nous avons l'intention d'aller plus loin, c'est pourquoi nous avons monté une coordination avec le MEDEF International pour que les entreprises, les grands opérateurs industriels, les fédérations professionnelles, la diplomatie et l'administration françaises essaient d'avoir une créativité plus grande encore. Quand il y a des enjeux stratégiques, les Français sont toujours excellents dans ce domaine. Nous ne pouvons pas rester insensibles sur ce qui se passe dans cette région. Nous avons tout intérêt à contribuer à une stabilisation de ces pays et à un retour vers la paix.



par Propos recueillis par Clarisse  VERNHES

Article publié le 28/06/1999