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26/09/2003
Malades non solvables, malades abandonnés

(MFI) Sur les 1 393 nouveaux médicaments mis sur le marché ces vingt-cinq dernières années, seuls 13 (soit 1 %) concernent le traitement d’une maladie tropicale. Devant l’inertie des laboratoires, Médecins sans Frontières, associé à des instituts publics de recherche (1), vient de lancer une initiative afin de lutter contre les « maladies négligées ».

Le DNDi, Drugs for Neglected Diseases initiative (Initiative pour la lutte contre les maladies négligées) entend mobiliser les acteurs de l’innovation scientifique pour développer de nouveaux traitements pour les patients les plus démunis. Les promoteurs du DNDi comptent faire appel à des fonds publics mais aussi à des donateurs privés et au grand public : le budget de lancement est de 20 millions de dollars pour les deux premières années (2003-2004).
Les maladies négligées sont celles qui frappent les populations et les pays les plus pauvres. Des centaines de millions de malades sont ainsi touchés par des pathologies pour lesquelles il n’existe pas de traitement disponible. Bien qu’extrêmement nombreux, ces malades sont en quelque sorte abandonnés car non solvables ; par conséquent, aucun programme industriel de recherche ne s’y intéresse vraiment.
Actuellement, le constat est le suivant : les patients des pays en développement n’ont d’autre possibilité que de soigner avec des médicaments devenus inefficaces et aux effets secondaires importants. A peine 10 % de la recherche médicale mondiale est aujourd’hui consacrée à des maladies qui concernent 90 % de la morbidité mondiale. Parmi les plus connues de ces affections, paludisme, tuberculose et lèpre, on trouve aussi les maladies les plus négligées comme la leishmaniose viscérale (kala-azar), la tripanosomiase africaine (maladie du sommeil) et la maladie de Chagas qui, toutes, affectent les pays les plus pauvres. Laissés à leur sort, tous ces patients ont un besoin urgent de nouveaux médicaments abordables, accessibles et efficaces. Mais les investissements consacrés à ces maladies sont dérisoires par rapport aux sommes investies pour la recherche et le développement de traitements contre le cancer, l’hypertension ou des pathologies liées au mode de vie ou au confort comme l’obésité, les dysfonctions érectiles ou la calvitie...


Combattre la maladie du sommeil et la leishmaniose

Un certain nombre d’organismes cherchent pourtant des solutions pour traiter les millions de malades touchés par les maladies tropicales. En quelques mois, DNDi a identifié plusieurs dizaines de projets de développement de médicaments. Il existe donc une production scientifique remarquable, mais aucune industrie ne s’est attachée à transformer cette connaissance en médicaments, explique l’un des responsables de l’initiative. C’est là que se situe l’action de DNDi, qui apportera à ces projets les plus prometteurs une structure permettant de les amener jusqu’au développement de médicaments.
DNDi projette ainsi d’investir 250 millions de dollars sur douze ans pour développer 6 à 7 médicaments pour combattre la maladie du sommeil, la leishmaniose et la maladie de Chagas, trois maladies mortelles qui menacent 350 millions de personnes chaque année. Pour augmenter ses chances de réussite à court et à moyen terme, DNDi développera des médicaments à partir de composé existants, mais financera et coordonnera également des recherches pour identifier de nouvelles molécules et les développer en médicaments.


(*) Conseil indien pour la recherche médicale, Fondation Oswaldo Cruz (Brésil), Institut Pasteur (France), Institut de recherche médicale du Kenya, ministère de la Santé de Malaisie. L’OMS, le PNUD et la Banque mondiale apporteront leur expertise à l’initiative.

Claire Viognier


L’industrie pharmaceutique (presque) dans l’impasse…

(MFI) La mise sur le marché de nouveaux médicaments (comportant au moins un principe actif nouveau) est en baisse régulière au niveau mondial depuis un quart de siècle : trente-trois en 1980, vingt-cinq en 1985 et quinze en 1990. Si la recherche médicamenteuse piétine, ce n’est pas par manque d’argent mais par stagnation de la recherche médicale elle-même. Seule la chirurgie a beaucoup progressé durant la même période. « Comme plusieurs auteurs anglais et américains, écrit Philippe Pignarre (qui a travaillé dix-sept ans dans un grand laboratoire), je pense que l’on peut dater de 1975 le retournement de tendance : celle du début du déclin d’une médecine fondée sur les médicaments inventés dans la logique des sulfamides, de la pénicilline, des premiers antibiotiques et de la cortisone. » C’est que les maladies dégénératives (cardiovasculaires, cancers, arthrite rhumatoïde, etc.), ainsi que tous les troubles fonctionnels, ne peuvent pas être traités sur le modèle des maladies infectieuses (sus au virus !). On commence à le comprendre.
Certes l’industrie pharmaceutique a pendant longtemps fabriqué de nouveaux produits utiles dont certains ont rapporté des milliards de dollars, mais une dixième formule d’antihypertenseur, par exemple, n’est pas forcément plus efficace que la première – sans compter qu’elle peut être plus dangereuse. Toute industrie vise d’abord à dégager des bénéfices et ceux des grands labos menacent de décliner. D’autant que les malades sont plus méfiants, de mieux en mieux informés sur les risques d’effets secondaires parfois graves, leurs associations plus actives et exigeantes ; et que la recherche génétique, sur laquelle on avait tout misé pour sortir de l’impasse, se révèle dans la pratique décevante. Philippe Pignarre dévoile les dessous pas toujours très propres de cette industrie, et rappelle la guerre que mènent les labos contre les médicaments génériques, beaucoup plus accessibles pour les pays pauvres. Ce livre est une bonne source d’informations pour nourrir sa réflexion. De même que, du même auteur, Comment la dépression est devenue une épidémie (réédition en poche), c’est-à-dire comment l’invention des psychotropes a permis d’enfermer dans la case « dépression », à côté de vrais malades, des millions de gens qui ne souffraient peut-être que de mal-être passager. Hautement instructif !

(1) Philippe Pignarre, Le grand secret de l’industrie pharmaceutique. La Découverte, 180 p., 14,50 €. Comment la dépression est devenue une épidémie. Hachette Pluriel, 154 p., 8 €.

Henriette Sarraseca




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