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03/10/2003
Sida : existe-t-il des malades prioritaires ?

(MFI) Au lendemain de la 13e Conférence internationale sur le sida en Afrique, seulement 75 000 sidéens africains reçoivent des antirétroviraux. Cela représente à peine 1 % des malades qui auraient besoin d’un tel traitement. D’où un « rationnement » inévitable, qui n’est pas sans poser de terribles questions éthiques.

A ce jour, 30 millions de personnes sont infectées par le VIH en Afrique et selon le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, « nous ne sommes pas sur la voie qui nous permettra de réduire l’impact de cette épidémie d’ici 2005 ». Elargir l’accès aux soins des malades constitue l’objectif premier de cette conférence. Pour y parvenir, des fonds sont évidemment nécessaires. Mais ils manquent cruellement : selon Onusida, moins de la moitié (950 millions) des 2 milliards de dollars indispensables en 2002 ont été effectivement consacrés à la lutte contre le sida en Afrique sub-saharienne.
En fait, l’élargissement des actions de prévention, de prise en charge, de traitements et de soutien est estimée à au moins 10,5 milliards de dollars par an d’ici à 2005, estime un rapport d’Onusida. Si cette riposte élargie ne se concrétise pas, Onusida évalue à 45 millions le nombre de nouvelles contaminations qui se produiront d’ici 2010. Les financements doivent donc doubler d’ici à 2005 et tripler d’ici à 2007. La seule distribution d’antirétroviraux à 3 millions de personnes atteintes par le virus du sida, en grande majorité en Afrique, coûtera 5 milliards de dollars d’ici 2005.
A Nairobi Peter Piot, directeur d’Onusida, n’a pas mâché ses mots en incitant les gouvernements africains à faire plus d’efforts. « La plupart d’entre eux n’ont pas de lignes budgétaires sérieuses pour gérer le sida. Même les pays pauvres ont un budget, ils ont tous une armée, ce sont donc des priorités qui doivent être déterminées ». Cette arrivée annoncée de traitements en Afrique ouvre également le débat de l’accès équitable aux médicaments. Si les gouvernements privilégient la distribution aux élites, cela peut constituer une « bombe à retardement », a averti Peter Piot.


Des comités d’éthique

Sur les 75 000 Africains qui ont actuellement accès aux antirétroviraux, la majorité sont des hommes avec des responsabilités ou ayant les moyens de financer leur traitement, rappelle le Dr Piot. Alors que 58 % des quelque 30 millions d’Africains atteints par le virus du sida sont des femmes et 10 % des enfants de moins de 15 ans. Les médicaments doivent-ils aller à ceux qui sont économiquement les plus utiles ? Doivent-ils aller aux enseignants, aux chefs d’entreprise, aux officiers de l’armée plutôt qu’aux soldats, s’interroge Peter Piot. Il y a quelques années, Onusida avait incité à la mise en place de comités d’éthique pour déterminer qui devait être soigné en priorité. A part au Botswana, rien n’a été fait en ce sens. Le rationnement des antirétroviraux sera inévitable et peut conduire à de vraies révoltes, a indiqué Peter Piot. Ce serait une terrible erreur, au moment où les médicaments vont enfin commencer à arriver en Afrique, d’entamer des programmes de distribution sans avoir au préalable déterminé en toute transparence à qui ils doivent aller en priorité.
Actuellement, 6 millions de malades dans le monde sont en attente de traitement alors que le sida a tué trois millions de personnes en 2002. Juste pour cette année, il manque quelques milliards de dollars alors que nous avons trouvé sans peine 200 milliards de dollars pour mener la guerre contre le terrorisme, a déclaré un haut responsable de l’ONU.


Claire Viognier

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