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14/10/2003
Un traitement pour mieux protéger les enfants de mères séropositives

(MFI) Chaque jour, 1 700 enfants sont contaminés par le virus du sida dans le monde : parmi eux, 1 600 vivent en Afrique subsaharienne, où la transmission mère-enfant est la principale cause d’infection à VIH chez les enfants de moins de 10 ans. En l’absence de tout traitement, ce risque est évalué autour de 15 à 20 % en Europe et en Amérique du Nord ; il culmine entre 25 et 40 % dans la population africaine selon différentes études récentes.

Jusqu’à présent, le seul moyen dont disposaient les pays pauvres pour limiter la transmission mère-enfant consistait à donner des antirétroviraux à la mère en fin de grossesse et au moment de l’accouchement. Mais le risque était néanmoins maintenu via l’allaitement, jugé plus sûr que le biberon. D’autre part, on accusait ces protocoles de fabriquer des orphelins, les mères n’étant plus traitées après leur accouchement. Aujourd’hui on s’oriente vers une prise en charge qui permet d’améliorer notablement la sécurité de l’allaitement tout en veillant à la santé de la mère.
Le protocole applicable en Afrique consiste à traiter les mères porteuses du virus du sida par l’AZT, un antirétroviral dans le dernier mois de grossesse (36e semaine de grossesse). Ce traitement à lui seul permet d’abaisser la transmission materno-fœtale à un taux d’environ 10-12 %. Ensuite, on adjoint à l’AZT de la névirapine pendant l’accouchement ou, dans les 48 heures qui suivent, un médicament en dose unique donné à la mère et à son enfant. Cette combinaison parvient à abaisser le taux de transmission du virus à 6 % en Côte d’Ivoire et à 2 % en Thaïlande, où les femmes sont traitées plus tôt, dès la 28e semaine de grossesse.
Un essai conduit en Côte d’Ivoire pendant lequel les mères étaient traitées dès la 32e semaine de grossesse avec deux antirétroviraux (AZT et 3TC) et de la névirapine a montré un taux de transmission de 4,5 %, rapporte le Pr François Dabis qui coordonne les programmes mère-enfant de l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida) à Abidjan. Pour élargir les soins dispensés à la mère et à l’enfant, un projet se met en place à Abidjan pour apporter la trithérapie à toute la famille. Cette action franco-américaine va être étendue à douze autres sites, dont onze en Afrique.
La sécurité de l’allaitement constitue une autre clé de la prévention. Si le lait artificiel protège le bébé de toute transmission du virus du sida, mal utilisé, il peut être à l’origine de diarrhées et autres complications. L’allaitement reste donc le meilleur choix. Toutefois, sans traitement préventif, le risque de contamination peut atteindre 16 %. Une étude internationale conduite au Rwanda et en Ouganda a montré que si l’enfant recevait un antirétroviral pendant quatre semaines, on pouvait ramener le taux de transmission à 1 % lors de la période post-natale immédiate et à 10 % si l’on cumule une période de 6 mois. Plus l’allaitement dure, plus le risque de transmission est élevé. C’est pourquoi l’équipe du Pr Dabis veut proposer aux mères soit d’avoir accès à un allaitement artificiel accompagné, soit d’adopter l’allaitement maternel exclusif pour les femmes sous trithérapie, mais sur une période raccourcie (3 à 4 mois au lieu des 9 à 12 mois habituels).
Quant à la généralisation de ces protocoles dans les pays du Sud, on est encore loin du compte, car à peine 5 % des femmes enceintes séropositives bénéficient d’une intervention quelconque pour empêcher la transmission du virus à leur bébé. La bataille de l’information reste également à mener, car malgré le fait que nous disposons de moyens performants avec les antirétroviraux, constate le Pr Dabis, seules 30 % des femmes à qui nous proposons cette prévention l’acceptent.


Claire Viognier

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