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30/01/2004
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Paludisme : contourner les résistances
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(MFI) Lancée en 1998, l’initiative Faire reculer le paludisme a permis de faire des progrès dans la lutte contre cette maladie qui tue chaque année plus d’un million de personnes, dont 90 % en Afrique. Le but visé par ce programme est de diviser par deux le nombre de victimes d’ici 2010. Pour cela, il faudrait que les populations les plus démunies aient accès aux moustiquaires imprégnées et à des traitements efficaces.
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L’efficacité des traitements est l’un des problèmes auxquels sont confrontés les spécialistes aujourd’hui. En Afrique, on se heurte à des taux alarmants de résistance aux médicaments anti-paludiques les plus usuels comme la chloroquine ou l’association sulfadoxine-pyriméthamine. Un consensus s’est dégagé récemment pour privilégier des associations à base d’artémisinine ; ces associations ont d’ailleurs été inscrites en 2003 sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS.
Les programmes de soins anti-paludiques doivent concilier deux objectifs : assurer un traitement précoce et ralentir la progression des résistances aux traitements. L’association de deux médicaments est l’un des moyens de limiter l’apparition des pharmacorésistances parce que le risque d’apparition simultanée d’une résistance à deux produits différents est très faible. De plus, les nouvelles combinaisons médicamenteuses parviennent à éliminer le parasite et permettent au malade de récupérer beaucoup plus rapidement : fièvre et parasites disparaissent en deux jours chez 90 % des malades, comme l’ont montré des essais au Sénégal. Le choix d’une association à base d’artémisinine, comme on le recommande, coûte beaucoup plus cher : 0,10 dollar pour les traitements les plus courants actuellement et 1,50 dollar pour les nouvelles associations. Mais l’adoption de ce traitement a permis en une année, dans le Kwazulu-Natal (Afrique du Sud), de réduire de 87 % le nombre de décès dus au paludisme.
De nombreux pays d’Afrique sont pour le moment incapables (tant financièrement que techniquement) d’introduire cette nouvelle stratégie de traitement. Il faudra pour cela une participation importante des programmes internationaux comme « Faire reculer le paludisme », dont les fonds atteignent aujourd’hui 200 millions de dollars. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est également destiné à financer des plans nationaux de lutte.
La formation des soignants et des mères de jeunes enfants est essentielle. Il s’agit de leur apprendre, comme on l’a fait avec succès en Ouganda, à reconnaître les symptômes de la maladie afin d’entreprendre le traitement le plus tôt possible, dans le cadre d’une prise en charge à domicile. Cela a permis un net recul du nombre d’enfants de moins de cinq ans devant être hospitalisés. D’ores et déjà, le Ghana et le Nigéria ont adopté cette stratégie de prise en charge de proximité. Mais dans la lutte contre le paludisme, les échecs des années passées ont appris aux spécialistes qu’il n’existait pas de solution standard universelle. Chaque région doit évaluer ses besoins et les moyens sanitaires dont elle dispose en impliquant population et soignants.
Claire Viognier
Source : Réseau Médicaments et Développement
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