Le problème de leurs conditions de travail dans l’Hexagone et de leur statut n’est pas nouveau. Mais il n’a jamais été véritablement réglé. Les médecins étrangers qui ont obtenu leur diplôme hors de l’Union européenne ont l’impression d’avoir été exploités et bernés. Ils protestent notamment contre les modalités du concours qui permet à certains de valider ce diplôme et donc d’exercer en France, mais sans tenir compte des années d’expérience et donc « des services rendus » dans les hôpitaux. Ceux qui sont là depuis longtemps ne bénéficient donc d’aucun avantage par rapport aux nouveaux arrivants.
Une autre revendication concerne le nombre de postes auxquels le concours donne accès chaque année, environ 200. Insuffisant pour régulariser un nombre significatif de diplômés étrangers. D’autant que la répartition de ces postes par spécialité ne correspond pas, selon le Syndicat national des médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes et sages-femmes titulaires d’un diplôme hors Union européenne (SNPADHUE), « aux besoins réels de l’occupation actuelle des postes vacants par les Padhue [médecins étrangers] dans les hôpitaux ».
Six cents postes ouverts
A l’heure actuelle, on estime qu’environ 6 000 médecins diplômés hors Union européenne travaillent en France en tant que praticiens hospitaliers associés, sans être reconnus en tant que médecins et donc sans avoir le droit de s’inscrire à l’ordre de cette profession ni de pratiquer dans le privé. Et pourtant, en théorie, les hôpitaux français ne doivent plus recruter de médecins étrangers depuis 1999. Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé, avait fait passer une loi prévoyant un processus de titularisation après concours de ceux qui étaient déjà présents en France, tout en décidant de stopper les recrutements hors Union. Dans la pratique, les difficultés rencontrées par les établissements de santé pour trouver des effectifs ont souvent obligé certains directeurs à continuer à aller chercher du personnel médical au-delà des frontières.
Dans le meilleur des cas, ils bénéficient de contrats à durée déterminée qui ne sont pas toujours renouvelés, et sont payés entre 30 et 50 % moins cher que leurs confrères diplômés en France. Parfois, ils sont même obligés d’accepter des postes sous-qualifiés. Les spécialistes, chirurgiens notamment, n’ont pas la possibilité d’exercer dans leur domaine. Ils sont au mieux généralistes. La plupart du temps, ils assurent les permanences de nuit ou travaillent dans les services d’urgences où les tâches sont les plus difficiles et les plus fatigantes.
La menace de grève lancée par le SNPADHUE a, dans ce contexte, été entendue. Ses représentants ont été reçus au ministère de la Santé et ont obtenu plusieurs engagements. Le tarif des astreintes devrait être aligné sur celui des médecins diplômés en France, à hauteur de 238 euros. D’autre part, une commission d’évaluation des connaissances doit être mise en place pour donner accès aux médecins étrangers à « un plein exercice » lorsqu’ils ont travaillé cinq ans en France. Et surtout, une augmentation significative du nombre de postes ouverts chaque année a été concédée. Il devrait désormais être de 600 au lieu de 200.
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