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28/10/2005
Paludisme : L’artémisine… et ses cousines

(MFI) Y a-t-il une nouvelle armoise quelque part, se demandent les scientifiques alors que se tient au Cameroun, du 13 au 18 novembre, un rassemblement mondial sans précédent sur la maladie ? Des douzaines de plantes ont été collectées, afin de vérifier leur usage traditionnel. Quant à l’artémisine, elle vient encore de livrer de nouveaux secrets aux chercheurs nord-américains.

Les associations comportant de l’artémisinine, dont le principe actif est extrait des feuilles de l’armoise annuelle (Artemisia annua), sont le traitement le plus efficace dont on dispose aujourd’hui contre le paludisme. Et il n’y a pas à ce jour de phénomène de résistance connu. Précieux atout. Cultivée aujourd’hui dans plusieurs pays africains, on trouve toujours cette plante en abondance dans le Sud de la Chine, pays où les médecins traditionnels l’utilisaient depuis plus de deux millénaires pour traiter la fièvre et la malaria. Les habitants n’ont jamais cessé de la prendre sous forme de décoction.
C’est lors de la guerre du Vietnam, dans les années 60, que l’armoise a fait reparler d’elle. Terrés dans des tunnels souvent inondés par l’eau de pluie où se reproduisaient les moustiques, les combattants nord-vietnamiens succombaient plus souvent au paludisme qu’aux armes ennemies. Des chercheurs militaires chinois se sont alors intéressé aux remèdes traditionnels à base de plantes. En 1972, ils ont isolé un principe actif, l’artémisine, tout en mettant au point un moyen d’extraction simple. Plusieurs études sont venues confirmer son efficacité (95 à 98 % des parasites éliminés), sa rapidité d’action (en 24 heures), et son innocuité. En 1993, des chercheurs de l’université du Michigan ont découvert le mécanisme d’action de l’artémisine : celle-ci contient une molécule de péroxyde qui réagit avec le fer des globules rouges infectés ; la réaction produit des radicaux libres qui, à leur tour, détruisent les membranes du parasite et le tuent.


De la malaria au cancer

Se basant sur un article de l’International Journal of Oncology, la revue Nutranews nous apprend que c’est cette réaction de l’artémisine avec le fer qui a mis des chercheurs de l’université de Washington sur la piste du cancer. En effet, tout comme les parasites du paludisme, les cellules cancéreuses recueillent et stockent le fer dont elles ont besoin pour se reproduire et se diviser. Pendant sept ans, le Dr Henry Lai a examiné le potentiel de l’artémisine sur des cellules de différents cancers. Dans celui du sein, par exemple, l’artémisine a détruit les cellules cancéreuses résistantes aux radiations. Résultats marquants et très prometteurs sur des cellules de leucémie (résistantes aux médicaments) et de cancer du côlon. Lorsqu’ils ont associé l’artémisine à la transferrine, qui transporte le fer jusqu’aux cellules, les chercheurs ont constaté une action encore plus puissante.

Sur la piste d’autres plantes…

Concernant le paludisme, des chercheurs français de la faculté de pharmacie de Marseille ont travaillé à mettre en évidence des structures actives à partir d’extraits de plantes utilisées en médecine traditionnelle africaine, et provenant de trois pays : Mali, Sao Tomé et Burkina. Il s’agit de Pycnanthus angolensis, dont l’activité a été prouvée sur deux souches de Plasmodium falciparum, le parasite de la maladie (elle est par ailleurs efficace contre l’excès de sucre dans le sang et les mycoses); de Cassia siamea, Fadogia agrestis et Terminalia macroptera, dont l’activité antiplasmodique a également été mise en évidence. Deux autres plantes, Feretia apodanthera et Guiera senegalensis ont aussi prouvé in vitro l’activité qu’on leur connaît sur le terrain. Appelée nger au Sénégal, cette dernière est effectivement utilisée en tant que fébrifuge, tandis que Khaya senegalensis (khay) l’est en tant que fébrifuge, antibiotique et antipalustre – entre autres.
Autre antipalustre : le neem (ou margousier), originaire de l’Inde et dont on utilise la poudre d’écorce en décoction. Ainsi que le note le Dr Alain Bréant, l’approche traditionnelle de la crise paludique comprend à la fois des plantes fébrifuges et d’autres qui agissent sur l’agent causal. Et il rappelle que l’huile essentielle de neem peut être une alternative naturelle aux insecticides chimiques. Au Congo, de grandes herbes qui poussent à l’état sauvage sont utilisées pour prévenir le paludisme : il s’agit du lemongrass (Cymbopogon flexuosus) qui, rappelle le Dr Paul Dupont dans son livre sur les Propriétés physiques et psychiques des huiles essentielles, « s’oppose à toutes les étapes de la maladie : d’abord il éloigne les moustiques, ce pourquoi on le cultive près des habitations, ensuite il soigne le foie, organe par lequel le plasmodium doit passer pour devenir infectant, enfin il est réputé fébrifuge. Cette plante est donc un bon adjuvant des traitements du paludisme. » Le lemongrass est une huile essentielle intéressante et très peu chère.

Henriette Sarraseca

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