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18/01/2002
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Hypertension : comment prévenir les risques
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(MFI) L’Afrique compte environ 20 millions d’hypertendus et un peu plus d’un décès sur cinq est dû aujourd’hui aux maladies cardio-vasculaires, une des conséquences de l’élévation anormale de la tension artérielle. L’hypertension cause ainsi, silencieusement le plus souvent, autant de morts que les maladies infectieuses et nutritionnelles réunies en Afrique.
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D’ici 2020, si rien n’est fait, l’hypertension pourrait devenir la première cause de mortalité en Afrique subsaharienne, déclarait récemment le Dr Antchouey Ambourhouet, cardiologue au Centre hospitalier de Libreville (Gabon). Le fait d’être de race noire est un facteur favorisant de l’hypertension artérielle ; ceci explique pourquoi la prévalence de l’hypertension qui se situe entre 10 et 25 % au plan international, peut atteindre les 30 à 40 % chez certaines populations d’Afrique subsaharienne. Les Américains viennent d’ailleurs de mettre sur le marché un antihypertenseur destiné spécifiquement à la population noire. Ce traitement a été élaboré compte tenu du fait que, dans la communauté noire, l’hypertension était plus précoce, plus sévère et que les hypertendus afro-américains ne réagissaient pas aussi bien aux traitements classiques.
Mais mieux connaître cette pathologie, la prévenir, la dépister et la traiter permet cependant de minorer largement ce risque. Une origine génétique impliquant deux gènes vient d’être découverte par des chercheurs américains et français. Outre cette implication génétique, les facteurs connus pour favoriser l’hypertension, notamment en Afrique, sont à rechercher dans une consommation importante de sel, de réglisse, d’alcool, un surpoids et un mode de vie sédentaire. Les hommes sont plus souvent concernés avant 60 ans et les femmes à partir de la ménopause. Certains médicaments comme la cortisone et la contraception orale (pilule) peuvent favoriser son apparition. Le stress, quant à lui, entretient l’hypertension mais ne la provoque pas, contrairement à une idée très répandue.
Un traitement indispensable
La tension artérielle mesure la pression exercée par le sang sur les parois des artères. On parle d’hypertension quand les chiffres sont égaux ou supérieurs à 140/90, on dit plus couramment 14/9. L’hypertension est rarement due à une autre maladie. Dans 95 % des cas, elle est dite «essentielle», c’est-à-dire de cause inconnue. Le diagnostic sera confirmé après 3 mesures consécutives au cours de 3 consultations, à un mois d’intervalle. Le médecin peut aussi prescrire une mesure ambulatoire de la pression artérielle grâce à un appareil portatif automatique (Holter tensionnel) qui enregistre les chiffres tensionnels pendant 24 heures. La mesure de la tension est le seul moyen de découvrir une anomalie car les signes d’alerte sont peu fréquents et difficiles à interpréter : maux de tête, bourdonnements d’oreille, sensation de mouches volantes devant les yeux, saignements de nez...
Une fois le diagnostic établi, des mesures hygiéno-diététiques (limiter le sel à 6g/jour, modérer l’alcool, stopper le tabac, perdre entre 5 et 10 % de son poids et faire de l’exercice) sont parfois suffisantes. Dans le cas contraire, il peut être difficile de convaincre un patient qu’il devra prendre des médicaments toute sa vie alors que, pour le moment, il ne se rend même pas compte de son hypertension. Pourtant, une personne dont la tension est en permanence trop élevée fonctionne en «sur-régime» et met ainsi en danger son système cardio-vasculaire. Faute de traitement pour abaisser la tension, un jour ou l’autre, on risque l’infarctus du myocarde, l’accident vasculaire cérébral ou l’insuffisance rénale.
Il existe aujourd’hui 7 familles de médicaments pour lutter contre l’hypertension. Votre médecin dispose donc d’une bonne panoplie pour adapter un traitement sur mesure, à la fois efficace et bien toléré pour chaque patient. Les effets secondaires sont malheureusement assez fréquents mais en changeant de molécule, on parvient généralement à trouver le bon produit. Le coût du traitement varie considérablement selon les médicaments (génériques ou non) : entre 500 F CFA et 23 000 F CFA par mois. Même sous traitement, les mesures diététiques doivent être maintenues. La prise du médicament doit être régulière et permanente, ce qui veut dire qu’il ne faut jamais interrompre ou diminuer de soi-même son traitement. Les médicaments de l’hypertension ne parviennent pas, en effet, à guérir les anomalies qui provoquent la vasoconstriction des artères. Ils s’y opposent ; ce qui fait que lorsque le traitement est arrêté, l’hypertension revient et, avec elle, son cortège de risques pour les artères.
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Claire Viognier
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