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25/11/2005
Grippe aviaire : peut-on agir en attendant ?

(MFI) Nul ne sait si un virus de la peste aviaire (H5N1 ou autre) va muter, et s’il y aura, ou non, pandémie humaine. Tandis que des chercheurs s’activent sur des candidats vaccins, et que des médicaments antiviraux sont massivement achetés et stockés, on peut se demander si, individuellement, il est possible de renforcer ses chances de santé.

Les responsables de santé reconnaissent que les armes dont on disposerait face à une pandémie humaine ne sont pas vraiment satisfaisantes. Il faudrait plusieurs mois pour mettre au point le vaccin approprié à la souche ayant muté et pour constituer des stocks, et plusieurs semaines encore avant que la personne vaccinée ne produise assez d’anticorps. Et cet espoir de vaccin ne va pas sans incertitudes : d’après une vaste étude publiée par le Lancet en septembre, les vaccins antigrippaux classiques ne sont que « modérément actifs » – selon le Dr Tom Jefferson, épidémiologiste au Cochrane Vaccine Field de Rome, ils protègent dans 23 % des cas seulement. Le futur vaccin contre une éventuelle grippe aviaire humanisée serait-il beaucoup plus performant ? Quant aux médicaments antiviraux, on note à l’OMS qu’« ils ont leurs limites ». Le taux de résistance aux antiviraux classiques, observé par cet organisme, a augmenté au cours de la dernière décennie, passant de 0,4 % à 15 % en moyenne dans la plupart des pays, avec des pics de résistance avoisinant les 70 % en Chine et à Hong Kong. Cette résistance ne pourrait-elle se reproduire avec le Tamiflu et le Relenza ? Autre incertitude : faut-il utiliser ces antiviraux préventivement ou une fois la contamination avérée ? Le Dr Michael Osterholm, l’un des conseillers du gouvernement fédéral américain, penche en faveur de l’usage prophylactique, tandis que pour d’autres scientifiques, « leur utilisation en l’absence de circulation du virus, favoriserait l’apparition de résistance au virus grippal » (avis de l’Afssaps, Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). Administrés après contagion, ils permettraient de diminuer les symptômes et de réduire les risques de complications, à condition qu’ils soient pris dans les 24 à 48 premières heures de l’atteinte grippale. Pour le Dr Osterholm, en tout cas, on aurait tort de se fier seulement à l’éventuel vaccin et aux médicaments : il s’agirait d’augmenter fortement le nombre de lits d’hôpitaux, les équipements et le personnel qualifié.

Immunité et champignons

Et si on augmentait plutôt les capacités de notre système immunitaire, se demandent de leur côté des médecins pour qui le terrain prime sur le microbe ? Gastro-entérologue et cancérologue, le Dr Bruno Donatini, auteur de plusieurs livres (dont Santé et prévention, et Les vertus médicinales des champignons), nous rappelle que « l’organisme se défend contre les virus soit par des anticorps induits par une vaccination, soit par stimulation massive des globules blancs (en particulier monocytes et Natural Killers) qui débarrassent l’organisme des cellules infectées ». Selon lui, la vaccination de masse est exclue en pratique, car l’épidémie frapperait bien avant toute production suffisante de vaccin ; quant aux antiviraux, « ils ont des effets indésirables certains, alors que leur efficacité sur la grippe aviaire reste hypothétique. » Pour lui, « il convient donc de se protéger individuellement et le plus vite possible par les plus forts immunostimulants connus, c’est-à-dire, certains champignons. » Pour ceux qui n’en auraient pas connaissance, signalons que des champignons sont utilisés pour renforcer l’immunité de patients atteints de cancers, d’hépatites chroniques ou d’affections virales (y compris le HIV) au Japon, en Chine ou aux Etats-Unis.
Le Dr Donatini nous apprend que deux champignons recèlent de fortes propriétés antivirales : « Il s’agit du Ganoderma lucidum (ou reishi), qui détruit les virus de l’herpès ou de la grippe. Une étude chinoise, non encore publiée, a montré que le reishi diminuait significativement les surinfections pulmonaires chez les patients en insuffisance respiratoire. Et du Coriolus versicolor (ou karawataké), qui détruit lui aussi les virus herpétiques et de la grippe. Concrètement, il semble pertinent de recommander Coriolus versicolor + Ganoderma lucidum (2 capsules de mycélium/jour) en prévention de la grippe aviaire. Et de doubler les doses en cas de grippe avérée afin de combiner défenses immunitaires et effet antiviral. »

Huiles essentielles antivirales

Surtout, « ne pas mourir de peur », conseille pour sa part le Dr Jean-Pierre Willem, chirurgien, phytothérapeute et président de Médecins aux pieds nus. D’autant que « nous ne sommes pas désarmés. Devant l’incertitude d’une thérapie chimique efficace, l’aromathérapie connaîtra son heure de gloire, annonce-t-il. Plusieurs huiles essentielles ont en effet une action antivirale reconnue : il existe des centaines de références prouvant leur efficacité. » « Les huiles essentielles : agents antiviraux » : tel était par ailleurs le thème de la 6e conférence internationale d’aromathérapie clinique, en avril dernier à San Francisco, où des médecins et spécialistes mondiaux, dont le Pr Jürgen Reichling de l’université de Heidelberg, ont présenté leurs derniers travaux. Le Dr Christian Duraffourd, président de la Société française de phytothérapie et d’aromathérapie rappelle que « les possibilités anti-infectieuses des huiles essentielles (à condition qu’elles ne soient ni rectifiées, ni modifiées) se dégagent de façon nette pour toutes les infections aiguës ou chroniques, qu’elles soient microbiennes ou virales. » Faut-il recourir préventivement aux huiles essentielles ? S’il peut être bon de les utiliser par cures pour renforcer son terrain (inhalations, massages ou même suppositoires), le Dr Willem est d’avis qu’« il sera temps, en cas de pandémie, d’en diffuser dans l’atmosphère des habitations et de prendre des capsules antivirales proposées par des laboratoires de produits naturels. » Dans le journal Pratiques de santé, il préconise aussi des frictions aux huiles essentielles contenant des molécules nommées monoterpénols (ravensara de Madagascar, géranium rosat, marjolaine…) ou des phénols (girofle, basilic à thymol, sarriette…) qui, plus forts, doivent être dilués dans de l’huile grasse avant utilisation.

Bactéries probiotiques

Le Dr Jean-Pierre Lablanchy, qui exerce en France et au Sénégal, rappelle le rôle primordial de l’assainissement de l’intestin, organe-clé pour l’immunité. Il s’agit notamment de réguler le transit, « de lutter contre les parasites et de rééquilibrer la flore bactérienne protectrice. Des complexes naturels existent, à base de curcuma et d’huiles essentielles de thym et de sarriette », par exemple, de même que des probiotiques (bactéries bénéfiques), vendus par correspondance ou en pharmacie. Une étude menée en Allemagne, avec le soutien du laboratoire Merck, vient encore de démontrer tout l’intérêt des bactéries lactiques en cas de rhume : les sujets qui en avaient pris avaient une meilleure immunité et étaient sur pied deux jours plus tôt que les autres. Les auteurs font remarquer que, dans cet essai, « les probiotiques ont eu un effet comparable à celui de l’acide sialique, un médicament antiviral classique employé contre le virus de la grippe. ».
Le Dr Lablanchy conseille également l’huile essentielle de ravensara ainsi que la vitamine C (anti-virale) en prévention. Il insiste lui aussi sur l’effet immunodépresseur du stress : « Les chercheurs trouvent de plus en plus de liens entre les systèmes nerveux et immunitaire. Ne serait-ce pas, en fait, un même système ? »
Encore en amont de ces quelques précieuses thérapeutiques naturelles (il en existe bien d’autres), il faut bien sûr privilégier les facteurs de base de la santé. C’est la véritable prévention primaire. « Le nerf de la guerre, écrit le Dr Jean-Paul Curtay, c’est l’énergie. La meilleure occasion pour attraper un rhume ou pour avoir une poussée d’herpès, c’est d’être fatigué. » Or notre taux d’énergie et notre immunité dépendent avant tout d’une nutrition sobre et vraiment saine (voir ses excellents livres : Le Programme de longue vie ou Le guide familial des aliments soigneurs), d’une bonne respiration, d’un bon sommeil, de l’exercice physique régulier, de l’évitement de polluants (produits chimiques, tabac, sucre blanc, farines et huiles raffinées, etc.), ainsi que de vitamines (A, C, E, D…), de minéraux (fer et, surtout, zinc) qui entretiennent de bonnes défenses naturelles. Le Pr Lucien Israël n’appelait-il pas la vitamine A « l’interféron du pauvre » ? Vaccin ou pas, médicament antiviral ou pas, thérapeutique naturelle ou pas, on a tout intérêt à ne jamais trop s’éloigner de ces bases. Quelle que soit la maladie, existante ou à venir.

Henriette Sarraseca

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