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25/11/2005
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Un espoir contre l’éléphantiasis
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(MFI) L’éléphantiasis, ou filariose lymphatique, affecte 120 millions de personnes dans le monde, surtout en Afrique, en Inde et en Asie du Sud. Plus de 40 millions de ces personnes sont gravement handicapées ou défigurées par la maladie qui ne cesse de progresser, notamment à cause de l’urbanisation rapide et sauvage.
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L’éléphantiasis est causée par des vers parasites minuscules, Wuchereria baccrofti et Brugia malayi, qui sont transmis à l’homme par des moustiques. C’est en piquant des personnes infestées que les moustiques ingèrent les microfilaires ; ceux-ci se développent ensuite dans leur organisme pour atteindre le stade infectant en 7 à 21 jours. Les larves migrent alors vers la bouche de l’insecte ; elles pourront dès lors être transmises à l’homme par le biais d’une piqûre. Les vers s’installent dans le système lymphatique : un réseau de ganglions et de vaisseaux, qui maintiennent l’équilibre hydrique entre le sang et les tissus et participent au système de défense immunitaire de l’organisme. Une fois en place, ils ont une durée de vie de 4 à 6 ans et produisent des millions de larves qui circulent dans le sang.
Dans ses manifestations les plus évidentes l’éléphantiasis provoque une hypertrophie de la jambe ou du bras, des organes génitaux, de la vulve et des seins. Bien que l’infestation s’effectue la plupart du temps dans la petite enfance, les effets ne deviennent souvent visibles qu’à l’âge adulte. Dans les groupes où la maladie est endémique, 10 à 50 % des hommes présentent des lésions génitales, notamment un œdème (gonflement) des bourses et sont atteints d’éléphantiasis du pénis et du scrotum. Le gonflement de toute la jambe, de tout le bras, de la vulve ou des seins, qui peuvent atteindre plusieurs fois leur taille normale, peut affecter jusqu’à 10 % des femmes de ces communautés.
C’est l’accumulation de lymphe qui entraîne des oedèmes et qui peut donner notamment à la jambe un aspect dur en patte d’éléphant, d’où le nom éléphantiasis. Mais même en l’absence de signes visibles, des études ont révélé que les victimes en apparence saines, présentaient en fait une pathologie lymphatique latente et des lésions rénales. De plus, la peau montre souvent des atteintes inflammatoires incapacitantes et douloureuses. Ces infections sont dues à la baisse des défenses immunitaires provoquées par les lésions lymphatiques sous-jacentes. Une hygiène des plaies très rigoureuse contribue fortement à leur guérison ou à leur réduction.
Un nouveau test très simple
Le diagnostic de la filariose lymphatique a été grandement simplifié ces dernières années. Avant, il fallait détecter les parasites dans le sang au moyen d’un microscope et à une heure bien précise car ils n’apparaissent la plupart du temps qu’aux alentours de minuit… Alors que maintenant il suffit de prélever quelques gouttes de sang pour déceler la présence d’antigènes signant la présence des parasites grâce à un test sur carte, sans besoin de laboratoires ni autres installations coûteuses. Grâce à ces nouvelles techniques, il est maintenant plus facile de repérer où se produisent les infestations et de surveiller l’efficacité du traitement.
Le traitement vise avant tout à débarrasser le sang du malade des microfilaires (larves) afin d’interrompre la chaîne de transmission par le moustique. Une dose unique d’un antiparasitaire, le diéthylcarbamazine (DEC) élimine à 99 % les microfilaires pendant une année après le traitement. Contre les vers adultes, une combinaison de deux antiparasitaires (DEC et albendazole) améliore l’éléphantiasis, spécialement aux premiers stades de la maladie. Ajoutés aux médicaments et tout aussi importants, des soins locaux des lésions complètent le traitement. L’administration de médicaments doit se poursuivre chaque année pendant 4 à 6 ans, soit la durée de vie d’un ver adulte. Une toute récente étude anglo-allemande menée en Tanzanie avec un antibiotique, la doxycycline, a donné des résultats intéressants. En s’attaquant cette fois à la bactérie Wolbachia qui vit en symbiose avec le parasite de la filariose et lui est indispensable, les chercheurs sont parvenus à éliminer les vers adultes chez la majorité des patients traités. Quatorze mois après la prise du traitement, la présence de larves n’était plus détectée, les vers adultes survivants semblant avoir cessé de se reproduire. D’autres essais sont nécessaires pour démontrer l’intérêt de l’utilisation de cet antibiotique à grande échelle. Mais d’ores et déjà, les chercheurs pensent qu’une nouvelle génération de médicaments agissant selon un mécanisme différent constitue un réel espoir pour venir à bout de cette maladie invalidante qui fait de plus en plus de victimes spécialement en Afrique.
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Claire Viognier
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