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22/12/2005
Les Africains en lutte contre la mouche tsé-tsé

(MFI) La mouche tsé-tsé est le vecteur de la maladie du sommeil chez l’homme comme chez l’animal, en particulier le bovin. Cette maladie, dont le nom scientifique est trypanosomiase, touche aujourd’hui un demi-million de personnes et 60 millions d’autres y sont exposées. Alors que, faute de lutte efficace, la maladie est revenue à son niveau des années 30, plusieurs initiatives internationales relancent la recherche.

En début d’année a été créé un réseau panafricain de recherche sur la biologie et la génétique des mouches tsé-tsé, le LTTRN. Ce réseau associe 19 instituts siégeant en Afrique mais aussi en Europe et aux Etats-Unis. Il participe à la PATTEC (Campagne pan-africaine pour l’éradication de la mouche tsé-tsé et de la trypanosomiase) qui a été lancée par les chefs d’Etat de 36 pays d’Afrique où la maladie est endémique. Sous la bannière de l’Union africaine, elle vise à la réduction de la pauvreté par l’amélioration de la santé humaine et le développement de l’économie, de l’agriculture et de l’élevage. D’autres projets, notamment sous la coordination de l’OMS, de la FAO et de l’AIEA avec la participation de l’IRD (Institut de recherche en développement), ont pour objectif le séquençage complet du génome de la glossine, la mouche tsé-tsé.
Dans les années 1960-65, la maladie du sommeil avait pratiquement disparu suite à des campagnes massives de dépistage. Mais après ce succès, le dépistage et la surveillance effective se sont relâchés avec comme conséquence la résurgence de la maladie dès les années 1970.
Aujourd’hui, sur les 60 millions de personnes exposées à la maladie, seules 3 à 4 millions d’entre elles ont accès à des équipes mobiles ou à un centre de santé où elles sont examinées régulièrement. L’Angola, la République démocratique du Congo (RDC) et le Soudan ont dans certaines provinces des taux de prévalence de 20 à 50 % ; la maladie du sommeil est devenue la première ou deuxième cause de mortalité devant l’épidémie de sida dans deux provinces de la RDC. Le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée, l’Ouganda, la Tanzanie et le Tchad ont des taux de prévalence moyens mais en augmentation.
Il existe aussi une forme animale de la maladie du sommeil. Le bétail notamment sert de réservoir au parasite trypanosome, qui est à l’origine de pertes d’animaux d’élevage et de l’abandon par les paysans de terres souvent fertiles qu’ils fuient à cause de la maladie. Selon la FAO, ce sont au moins 3 millions de têtes de bétail qui sont ainsi perdues chaque année.

Plusieurs années sans symptôme

Chez l’homme, l’infection survient à la suite d’une piqûre de mouche tsé-tsé infectée. Les trypanosomes se multiplient alors dans le système lymphatique et cela peut durer des années sans symptôme. La maladie du sommeil évolue en deux phases. Lors de la première, le malade souffre de fièvre et de faiblesse générale. Le dépistage du parasite dans le sang permet un traitement assez facile avec la pentamidine ou la suramine. Mais ces médicaments restent coûteux et sont menacés d’arrêt de production car peu rentables. En l’absence de traitement, le parasite envahit le cerveau et provoque des troubles du comportement : le patient peut montrer des signes de démence et des perturbations du sommeil. Sans traitement, c’est le coma qui s’ensuit avec une issue toujours fatale. Or, c’est justement dans cette seconde phase que le traitement est problématique : un vieux médicament, le mélarsoprol, est encore utilisé aujourd’hui. Ce dérivé de l’arsenic est très toxique et tue 5 % des malades. De plus, il est de moins en moins efficace car le parasite y résiste dans 25 % des cas. L’éflornithine représente l’alternative au traitement par le mélarsoprol. Des collaborations ont été instituées avec les laboratoires Aventis/Sanofi et Bayer pour fournir ce traitement à moindre coût aux programmes nationaux de lutte.
L’objectif de ces programmes se concentre sur le dépistage précoce de la maladie qui permet un traitement présentant peu de risques et réalisable de façon ambulatoire. Chez les malades dépistés à un stade avancé, seule l’éflornithine est capable de traiter la phase neurologique de la maladie. Mais, à terme, ce médicament deviendra lui aussi inefficace. La solution réside désormais dans la recherche. Les initiatives internationales mises en place ces dernières années pour mieux dépister et traiter les malades en même temps que s’intensifie la lutte contre la mouche tsé-tsé, porteront peut-être enfin le coup décisif à la maladie.

Claire Viognier

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