Dès le début du XXe siècle, des hommes ont compris qu’il était important de développer les principes de l’agriculture biologique. Bien avant que la protection de la nature devienne un thème d’actualité, le philosophe autrichien Rudolf Steiner, mort en 1924, se préoccupait déjà des relations entre l’homme et la nature. Dans les années 30 et 40, des agronomes comme le Suisse H. Müller et l’Anglais Sir Albert Howard, prennent le relais mais ne seront guère entendus. Jusqu’à la fin des années 80; l’immense majorité des agriculteurs s’attache à rechercher le rendement plutôt que la qualité, utilisant toujours plus de fertilisants chimiques, nocifs pour l’environnement et la santé. Il faudra attendre le mouvement « écolo » des années 70 pour que les produits bio commencent à se diffuser. Le regroupement des agriculteurs bio en Fédération de l’agriculture biologique (reconnue en 1979) donnera un coup de pouce supplémentaire au développement de nouvelles techniques de production. En 1990, les première subventions de la Communauté européenne consacrent la naissance d’une agriculture nouvelle. Enfin les scandales alimentaires de la fin du XXe siècle (vache folle, poulet à la dioxine) vont éveiller la méfiance du grand public à l’égard de l’agriculture conventionnelle. Désormais, le bio a acquis son droit de cité, y compris dans les rayons des supermarchés et la gamme de produits réputés sains ne cesse de s’élargir.

Fruits et légumes : il était temps !

Céréales, légumes et fruits peuvent pousser sans le secours des engrais chimiques et des pesticides. Les agriculteurs bio le prouvent. Leurs techniques sont basées sur l’alternance des cultures, sur l’emploi de compost pour fertiliser la terre et sur le respect des saisons. Une terre qui a été cultivée de manière conventionnelle devra rester au minimum deux ans en jachère avant de porter une culture biologique. Pour le consommateur, les produits issus d’une telle culture sont d’une meilleure qualité nutritive et sans danger pour la santé. Parfois moins séduisants sur l’étalage, les fruits et légumes bio doivent également être consommés plus rapidement car leur durée de conservation est moindre. Leur prix est également plus élevé (de 10 à 30 %) mais il faut savoir que le rendement des cultures biologiques est inférieur à celui des produits de l’agriculture conventionnelle.

Viandes et poissons : des débuts prometteurs

Des animaux élevés en liberté, nourris avec des aliments cultivés selon des techniques bio, auxquels on laisse le temps de grandir : tel est l’idéal de l’éleveur bio. On trouve désormais du bœuf, du mouton, du porc et des volailles 100 % bio mais cette offre représente moins de 1 % de la production de viande totale. Il faut savoir qu’aucune viande de cheval n’a encore reçu d’agrément bio et que le poisson, à l’exception d’un saumon d’élevage norvégien, est également exclu du label. Le marché de la viande et du poisson bio semble promis à un bel avenir mais son développement ne saurait être aussi rapide que la hausse de la demande. La durée de conversion d’une exploitation et le problème de la nourriture du bétail sont des obstacles incontournables. En revanche, les éleveurs sont à même d’offrir un large choix de fromages bio, produits directement à partir du lait de leurs bêtes.

Thé ou champagne, le bio est partout

Thé, café, vin, bière ou champagne : la vogue du bio concerne également la boisson. On trouve dans les grandes surfaces et les magasins spécialisés des thés, des cafés mais aussi des infusions portant le label bio. Des bières blondes produites avec des houblons bio ont par ailleurs fait leur apparition sur le marché. Enfin certains viticulteurs, y compris parmi les plus grands, proposent désormais un vin ou un champagne bio. Les méthodes de vinification sont légèrement différentes des techniques conventionnelles mais le résultat est paraît-il aussi convaincant. Les plus audacieux goûteront aux apéritifs bio à base de frênette, de chanvre ou d’ortillette.

De nouveaux produits bio

De plus en plus de personnes souffrent d’allergies alimentaires mais aussi environnementales. Les produits chimiques employés dans les cultures, dans la fabrication des produits transformés mais aussi dans le traitement des textiles, ou la fabrication des cosmétiques en sont souvent la cause. Là encore, le bio peut apporter des réponses et un supplément de confort au consommateur. Désormais, les bébés peuvent manger et s’habiller bio. Des petits pots aux couches en tissu, en passant par les biscuits et les jus de fruits frais, les jeunes enfants peuvent bénéficier de produits rigoureusement sains. Mais la gamme des produits bio ne s’arrête pas là. Les consommateurs avertis peuvent encore se laver ou s’habiller bio. Produits à base de plantes, textiles tissés à partir de fibres naturelles (soie, coton, laine, lin) produites de façon biologique : le choix ne cesse de s’élargir.

Une maison 100 % saine

Des matériaux de construction (bois, torchis, briques) au linge de maison, en passant par la peinture et les produits d’entretien : la maison 100 % bio existe. Ces produits sont encore, pour certains, difficiles à trouver mais nul doute que l’augmentation de la demande devrait rendre leur commercialisation plus courante. En attendant, il est souvent possible de se renseigner auprès des magasins spécialisés pour obtenir adresses et conseils.


Pour en savoir plus : Bio mode d’emploi Cécile le Cardinal et Bettina de Cosnac, éditions Marabout. 169 pages, 49 FF.

Geneviève Fidani