(MFI) La variole a été la première maladie, et la seule à ce jour, à être déclarée éradiquée de la surface du Globe par l’Organisation mondiale de la Santé, en 1979. Depuis, la vaccination a été abandonnée et seuls subsistent deux lieux de stockage des souches virales dans le monde, aux Etats-Unis et en Russie. Les récentes attaques avec le bacille du charbon ont conduit les autorités des Etats à accroître leur vigilance face au risque d’utilisation à des fins terroristes de bactéries ou virus, parmi lesquels celui de la variole.Qu’est-ce que la variole ?
La variole est une maladie infectieuse éruptive. L’incubation dure de 7 à 17 jours. Ensuite, elle se manifeste par une fièvre élevée, de la fatigue et par une éruption généralisée, en une seule poussée, de vésicules rouges semblables à la varicelle. Les vésicules sont très contagieuses et, en l’absence de vaccination, la maladie est potentiellement mortelle à 30 %.
Sa très haute contagiosité pourrait en faire une arme terriblement efficace. Selon le biophysicien Steven Block (université de Stanford, Californie), « la variole est la bête noire de la guerre bactériologique. Il suffit qu’on dissémine le virus dans le système d’aération d’un vol international où l’air recyclé infecterait de très nombreux passagers pour que ceux-ci puissent à leur tour infecter de nombreuses personnes au sol ».
Le vaccin antivariolique reçu il y a des années protège-t-il toujours ?
A l’époque où le vaccin était utilisé, sa validité était de trois ans mais la durée de protection était probablement beaucoup plus longue. Elle pourrait aller, selon l’Institut Pasteur, jusqu’à dix ans voire plus. Malgré une protection limitée dans le temps, il est improbable, explique l’OMS, que les personnes déjà vaccinées dans le passé, et qui ont plus de 25 ans aujourd’hui, développent les effets les plus graves de la variole. Mais dans le cas où ces personnes auraient été en contact avec la maladie, une seconde vaccination serait pratiquée de toute façon.
Peut-on traiter la variole avec des médicaments ?
Nous ne disposons d’aucun médicament capable d’éliminer le virus de la variole. Mais certains anti-viraux mis au point récemment contre d’autres virus pourraient permettre d’atténuer la gravité de la maladie. Cependant, aucune étude n’est disponible quand à leur efficacité ou à leur sécurité concernant des malades atteints de variole, car il n’y a pas eu de cas avérés depuis l’éradication de cette maladie.
Peut-on se faire vacciner à titre préventif ?
Non, car le vaccin n’est plus disponible sur le marché et aucun pays ne recommande actuellement cette vaccination. Elle ne serait nécessaire que pour des personnes très exposées (personnel médical, de secours) en contact direct avec des malades atteints. En cas d’apparition d’un ou de plusieurs cas de variole, le vaccin serait administré, dans les trois à quatre jours suivant l’exposition, aux personnes touchées et à leur entourage. En raison des effets secondaires graves qui peuvent survenir, il n’est pas recommandé de se faire vacciner préventivement tant que l’éventualité d’un risque d’épidémie de variole n’est pas matérialisé.
Comment la maladie se propage-t-elle ?
Depuis son éradication, le virus de la variole ne circule plus naturellement. La survenue de cas ne pourrait aujourd’hui qu’être le fait que d’actes délibérés. Bien que très contagieuse, surtout la première semaine, la variole se transmet néanmoins moins rapidement que des maladies comme la rougeole ou la varicelle. Le malade risque surtout de contaminer son entourage immédiat : famille et amis. Car, selon l’OMS, le moment où la variole est la plus contagieuse correspond à une période où le malade est habituellement fiévreux et garde le lit.
En cas d’épidémie, dispose-t-on encore de vaccins ?
Le stock de vaccins contre la variole actuellement disponibles en France est de 5 millions de doses. Trois millions de doses supplémentaires ont été commandées et seront prêtes dans les mois à venir. Le gouvernement américain a aussi relancé la production pour renforcer son stock actuel qui est évalué à environ 15 millions de doses. Des essais sont également en cours avec des versions diluées au 1/5° ou au 1/10° pour pallier une éventuelle pénurie de vaccins.
L’Organisation mondiale de la Santé dispose d’un système mondial de surveillance et de détection des maladies infectieuses qui est quotidiennement utilisé et qui peut détecter les conséquences d’éventuels actes de bioterrorisme. Si une flambée des cas de variole était décelée dans quelque pays que ce soit, cela constituerait une urgence internationale.
Claire Viognier