(MFI) Les premières cellules souches humaines ont été isolées il y a à peine trois ans et déjà on pense détenir là les promesses de puissants outils thérapeutiques. Les perspectives offertes par cette découverte permettent, en effet, d’espérer pouvoir un jour « réparer » les organes défaillants de l’homme. La thérapie cellulaire est déjà en marche : des cardiologues ont réussi à reconstituer une partie du muscle cardiaque d’un malade grâce à ses propres cellules souches.1. D’où proviennent les cellules souches ?
(MFI) On trouve des cellules souches dans tous les organes humains ; ces cellules adultes ont pour fonction de se reproduire et de se maintenir au sein de l’organe concerné (foie, cœur, peau, poumon...) et seulement dans celui-ci.
Les cellules souches embryonnaires ont, quant à elles, l’extraordinaire capacité de se transformer en chacun des 250 types de cellules spécialisées représentant ainsi indifféremment tous les tissus constitutifs de l’organisme humain. On extrait ces cellules de l’embryon humain après un développement en laboratoire de quelques jours. A ce stade, l’embryon obtenu in vitro est un amas d’une quarantaine de cellules souches qui sont potentiellement polyvalentes.
2. Pour obtenir les cellules souches embryonnaires, doit-on pratiquer le clonage ?
(MFI) Pour le moment, on doit en effet créer par clonage un embryon pour obtenir des cellules souches embryonnaires. Cette technique a soulevé une vive opposition des milieux religieux et anti-avortements, notamment aux Etats-Unis. Avec pour résultat un encadrement très restrictif des recherches dans ce domaine qui sera limité aux cellules embryonnaires déjà existantes. En France, les recherches sur l’embryon restent pour le moment interdites.
Le Royaume-Uni, fort de son avance dans le domaine de l’embryologie (premier bébé-éprouvette, Dolly le premier animal cloné...), autorise quant à lui le clonage thérapeutique sous contrôle d’un organisme de surveillance. Par contre, le clonage reproductif destiné à reproduire un être humain, ce qui implique que l’embryon cloné soit implanté dans l’utérus, est pour le moment unanimement condamné dans le monde.
3. Ces recherches ont-elles des applications ?
(MFI) On utilise déjà pour les greffer, les cellules souches contenues dans la moelle osseuse. Ce traitement a fait ses preuves dans le traitement de maladies mortelles du sang, comme certaines leucémies ou la thalassémie, par exemple. Les cellules de la moelle osseuse ont le pouvoir de régénérer tout le système cellulaire du sang. Dans l’avenir, si on parvient à comprendre leur mécanisme et à les manipuler, les cellules souches pourraient faire repousser les dents perdues, cicatriser la peau, régénérer un foie malade, voire remplacer des organes endommagés.
4. Va-t-on pouvoir à partir de n’importe quelle cellule, fabriquer n’importe quel tissu ?
(MFI) En théorie oui, mais dans la pratique, ces réalisations sont encore lointaines. Cependant, des biologistes américains (université du Wisconsin, Madison) viennent de réussir à produire les différentes lignées (globules rouges, blancs et plaquettes) composant le sang humain. Cela à partir de cellules souches indifférenciées prélevées sur un embryon. Cette première mondiale ouvre concrètement la voie vers une technologie permettant de disposer de produits sanguins à des fins thérapeutiques.
5. Quelles maladies pourraient bénéficier de ces nouvelles thérapies cellulaires ?
(MFI) Le fait que des chercheurs américains aient réussi récemment à greffer des cellules souches fœtales de cerveau humain dans le cerveau de fœtus de macaques, fait supposer qu’on pourrait, un jour, soulager des affections cérébrales. Cette expérience laisse entrevoir la possibilité de soigner in utero les atteintes neurologiques diagnostiquées chez un enfant à naître. Pour une affection neurodégénérative comme la maladie de Parkinson par exemple, le procédé pourrait servir à greffer des cellules souches capables d’engendrer des neurones producteurs de dopamine. La maladie d’Alzheimer pourrait aussi bénéficier de ces thérapies tout comme les diabètes et les pathologies ostéo-articulaires (ostéoporose, arthrite), des maladies aujourd’hui incurables.
6. Peut-on parler de médecine régénératrice ?
(MFI) Des expériences menées sur des souris atteintes de lésions de la moelle épinière, leur ont permis, après une greffe de cellules souches embryonnaires, de retrouver l’usage de leurs pattes. D’autres, atteintes de lésions du cortex cérébral, ont pu, après une greffe, retrouver des fonctions motrices.
Les spécialistes de la biotechnologie pensent que les premiers essais cliniques sur l’homme pourront avoir lieu quand ils auront acquis la maîtrise de la « spécialisation » des cellules, des risques de rejet ainsi que du vieillissement prématuré des cellules greffées. Malgré les avancées potentielles qui se font jour dans cette médecine régénératrice, les grands laboratoires admettent en être encore au stade de la réflexion.
Claire Viognier