(MFI) Le paludisme est encore responsable de plus d’un million de décès par an dans le monde. Et le continent africain est toujours la région la plus touchée par cette maladie « évitable ».
Les enfants, les femmes enceintes, les personnes souffrant d’une faiblesse du système immunitaire sont les premières victimes du paludisme. Cette maladie entraîne des souffrances terribles. Les crises provoquent la destruction de cellules sanguines, l’anémie, affaiblissent le cœur des personnes atteintes, donnent des diarrhées et des œdèmes. Et lorsqu’il n’est pas soigné, le paludisme tue. Ainsi, on dénombre encore 3 000 décès par jour dus à cette maladie. 700 000 enfants de moins de cinq ans en meurent chaque année. Les nourrissons dont les mères étaient infectées souffrent généralement d’insuffisance pondérale, l’une des principales causes de décès des bébés durant le premier mois de leur vie.
L’Afrique est toujours le continent le plus touché par le paludisme. Elle regroupe près de 90 % des cas. Dans certains pays comme le Nigeria, la quasi totalité de la population vit dans des zones où le risque d’infection est constant. Au Ghana, le paludisme représente la première cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Au Burkina Faso, une personne hospitalisée sur cinq l’est à cause de cette maladie.
Depuis 1998, Faire reculer le paludisme, un partenariat lancé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud), le Fonds des Nations unies pour l’Enfance (Unicef) et la Banque mondiale, essaie de stimuler les acteurs impliqués dans la lutte contre le paludisme, et notamment les gouvernements, pour multiplier les programmes efficaces. A l’image, par exemple, de celui qui a été mené en Ethiopie dans la région du Tigre avec la diffusion auprès d’un demi-million de personnes de traitements anti-paludiques grâce à 700 agents de santé volontaires et qui a permis de diminuer de 40 % la mortalité des enfants de moins de cinq ans. L’objectif du partenariat est de réduire la mortalité de moitié d’ici 2010, de permettre à 60 % des personnes atteintes d’avoir accès à des traitements à bas prix et à des traitements préventifs. La journée africaine du paludisme qui a eu lieu le 25 avril 2001, fait aussi partie des initiatives destinées à accentuer la mobilisation sur le continent.
Résistance à la chloroquine
L’un des moyens les plus efficaces pour éviter l’infection par le moustique anophèle responsable de la transmission de la maladie, est l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide durant la nuit. Mais cette protection coûte cher et reste inaccessible à la plupart des populations africaines concernées. Selon l’OMS, dans certains Etats, le prix des moustiquaires peut représenter jusqu’à 8 % du PNB par habitant. Pour l’instant, seul un pays du continent, la Tanzanie, a pris des mesures significatives pour réduire les droits de douanes sur ces équipements et ainsi faciliter leur diffusion. La Côte d’Ivoire, le Nigeria, l’Ouganda, la Zambie devraient suivre cet exemple.
La diffusion retreinte des moustiquaires rend d’autant plus indispensable l’accès aux traitements. Mais le coût des médicaments est trop élevé et les budgets santé des Etats sont trop réduits pour permettre une offre de soins généralisée notamment dans les zones éloignées des centres urbains. Pourtant, certains traitements existants pourraient améliorer la situation des populations particulièrement sensibles. En l’occurrence, les femmes enceintes et les enfants. Pour les premières, le Traitement préventif intermittent (TPI) permet grâce à l’administration d’antipaludique à partir du deuxième trimestre de grossesse de réduire les risques d’infection placentaire. Pour l’instant, seuls le Kenya et le Malawi appliquent ce protocole en Afrique. Concernant les enfants, l’artusénate, un médicament présenté sous forme de suppositoire, est particulièrement efficace pour freiner le développement de la maladie. Selon les estimations de l’OMS, une diffusion large de ce médicament permettrait de réduire de 100 000 le nombre d’enfants qui meurent du paludisme chaque année.
Au-delà du problème de l’accès aux traitements, les populations africaines ont à faire face depuis quelques années à un obstacle supplémentaire. De plus en plus, les moustiques développent une résistance à l’action du principal médicament anti-paludique utilisé, la chloroquine. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les laboratoires pharmaceutiques ne développent pas de programmes de recherche pour mettre au point de nouvelles molécules contre le paludisme. Les pays touchés faisant partis des plus pauvres de la planète, les compagnies pharmaceutiques ne peuvent envisager un retour sur investissement et se désintéressent donc du problème.
En dehors de ses conséquences dramatiques en terme de santé publique, le paludisme a aussi un impact fort sur le développement économique de l’Afrique. Selon l’OMS, le PIB du continent serait supérieur de 100 milliards de dollars à son niveau actuel si le paludisme avait été éradiqué il y a 35 ans. Les familles touchées par la maladie voient, quant à elles, leur budget amputé d’un quart par le coût du traitement.
Valérie Gas