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14/06/2001

Cancer : la victoire annoncée

(MFI) La recherche sur le cancer a effectué de nombreux progrès ces dernières années. Avec des résultats encourageants et la mise au point de médicaments plus efficaces. Le cancer peut-il être vaincu ? Certains médecins l’affirment. En attendant la maladie progresse toujours.

Les congrès de cancérologues se succèdent et ne se rassemblent pas. Un des plus récents, celui de la Société américaine d’oncologie s’est déroulé récemment dans une atmosphère décidément teintée de confiance après des années de doute et de piétinement. Tout autre son de cloche cependant de la part du Pr David Khayat, cancérologue, lors du sommet mondial sur le cancer de Paris où il déplorait « la saturation des services de cancérologie, les malades de plus en plus nombreux et le désintérêt des jeunes médecins pour cette discipline ».
Il est vrai que même si les avancées thérapeutiques ont été tangibles au cours des dernières décennies*, le cancer ne cesse de progresser en raison de l’allongement de l’espérance de vie, du tabagisme en hausse chez les femmes et les jeunes, des changements d’habitudes alimentaires... Mais les récentes percées dans le domaine de la biologie moléculaire et le décryptage du génome ont néanmoins redonné confiance aux chercheurs.
Le cancérologue américain Brian Druker n’hésite pas, quant à lui, à prédire la victoire sur le cancer au cours du XXIe siècle. On ne peut pas accuser le Dr Druker de tirer des plans sur la comète. C’est lui, en effet, qui a mis au point le Glivec, une pilule anticancer qui entraîne une rémission chez 90 % des malades atteints de leucémie myéloïde, une forme de cancer jusqu’à présent pratiquement incurable. Le Glivec est le premier médicament issu du criblage moléculaire, une nouvelle stratégie de lutte contre le cancer qui permet tout en préservant les cellules saines, de s’attaquer spécifiquement aux protéines qui se dérèglent à l’intérieur des cellules cancéreuses et qui causent leur prolifération anormale.
Une autre voie semble prometteuse, celle des vaccins anticancers. Les chercheurs préfèrent l’appellation d’immunothérapie pour cette technique qui repose sur l’utilisation des protéines propres à chaque type de tumeurs. Une fois identifiées, ces protéines sont intégrées dans un vaccin qui est ensuite injecté aux malades avec comme mission de s’attaquer aux cellules tumorales déjà existantes et même en cours de formation. Un vaccin élaboré par Aventis Pasteur a été testé récemment contre le mélanome, un cancer de la peau, auprès de 25 patients : il a entraîné une régression des métatastases chez cinq patients et une rémission totale chez deux autres traités depuis plus de 3 ans.

Un vaccin anti-cancer ?

Pour le Dr Philippe Moingeon (responsable « recherche et développement » chez Aventis Pasteur), il n’est pas exclu d’aboutir, dans les dix prochaines années, à protéger grâce à l’immunothérapie contre certaines formes de cancers mais aussi contre le sida et la dengue. Ce sont d’ailleurs les recherches sur le sida qui, en améliorant les connaissances sur les cellules des tumeurs et le système immunitaire, ont remis à l’ordre du jour l’intérêt pour la piste vaccinale. Les chercheurs travaillent actuellement dans deux directions : des vaccins prévenant les rechutes susceptibles de survenir après un traitement conventionnel et des vaccins ayant la propriété de freiner la progression de cancers déjà existants, tout en préservant mieux la qualité de vie des malades.
A plus long terme, vers 2015, les chercheurs espèrent également pouvoir vacciner préventivement des personnes présentant des dispositions génétiques aux cancers. Cela grâce à l’identification réussie depuis une dizaine d’années par les biologistes de plusieurs antigènes caractéristiques de certains cancers : l’antigène CEA présent en excès dans les tumeurs colorectales, la protéine P 53 qui est anormale dans un cancer sur deux et enfin, les protéines MAGE particulières aux mélanomes. En combinant ces protéines entre elles, il pourrait alors devenir possible de vacciner contre plusieurs formes de cancers.
Les déconvenues restent nombreuses dans le domaine de la cancérologie et la dernière en date concerne les piètres résultats obtenus par l’endostatine. Cette substance antitumorale avait suscité beaucoup d’espoir grâce à ses propriétés censées « assoiffer » les tumeurs cancéreuses. La théorie voulait qu’en privant une tumeur cancéreuse du flux sanguin qui lui permet de proliférer, on s’assurait ainsi de sa disparition. C’est ce que démontraient en tout cas les essais sur les souris. Les premières applications sur l’homme ont été décevantes : si l’endostatine a été bien tolérée par les 25 patients souffrant tous de cancers très avancés qui l’ont reçue, cela n’a pas empêché leur cancer de se généraliser et tous sont finalement morts.
Aujourd’hui, on s’achemine vers un traitement « à la carte » des tumeurs cancéreuses. Lancé l’an dernier par la Ligue nationale contre le cancer, le programme de recherche est destiné à caractériser chaque tumeur cancéreuse, de chaque patient. Le but est de parvenir à identifier les paramètres génétiques qui font qu’une cellule cancéreuse est différente des autres. Il sera alors possible d’adapter exactement le traitement au cancer du sein de madame Z. Un traitement qui serait peut-être inefficace sur celui de madame Y.

Claire Viognier

* En 1985, un malade du cancer sur trois guérissait ; aujourd’hui, un sur deux guérit.





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