(MFI) Mal connue, la légionellose est une maladie qui peut pourtant être mortelle. Si le nombre de cas détectés reste limité, il augmente néanmoins régulièrement. Comment l’attrape-t-on ?
On l’appelle légionellose ou encore « maladie des légionnaires » parce qu’elle a été découverte lors d’un congrès qui réunissait des anciens combattants de l’American Legion, en 1976, à Philadelphie (Etats-Unis). Deux cent vingt et un des légionnaires durent être hospitalisés dont vingt neuf devaient décéder de ce qui ressemblait à une pneumonie accompagnée d’une forte fièvre parfaitement insensible aux traitements antibiotiques habituels.
Très récemment, sept cas de légionellose dont deux mortels ont été dépistés à l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, un établissement flambant neuf. Ici, il semble que ce soit le circuit d’eau chaude qui est en cause, interdisant du même coup aux malades de prendre des douches. La stagnation de l’eau dans les circuits, du fait de la mise en service progressive de l’hôpital, est à l’origine de sa prolifération. Car le germe responsable de la maladie, Legionella pneumophila, est un bacille qui vit dans l’eau douce ; sa prolifération est facilitée quand la température se situe entre 35 et 40° C. Pour détruire ces germes, il faut atteindre une température de 60° C, ce que les techniciens appellent réaliser un choc thermique.
Sous-estimation du nombre de cas
L’infection se fait par inhalation d’aérosols (fines gouttelettes) d’eaux colonisées par les legionella. Les sources les plus fréquentes de contamination sont les conduits d’aération et de climatisation des ensembles immobiliers, les tours aéro-réfrigérantes et les réseaux d’eau chaude (douches, jacuzzi, jets d’eau décoratifs). Mais le contact avec la bactérie n’entraîne pas automatiquement l’apparition de la maladie. Les personnes les plus susceptibles d’être contaminées sont les sujets immunodéprimés, les personnes âgées ainsi que les alcooliques et les tabagiques. Par contre, la maladie ne se contracte pas en buvant de l’eau, pas plus qu’elle n’est contagieuse.
Cette maladie reste rare : un millier de cas en France par an (25 000 aux Etats-Unis), selon les autorités sanitaires mais trois mille, selon l’Association des victimes de la légionellose pour laquelle cette affection à déclaration obligatoire ne serait, en fait, pas diagnostiquée dans beaucoup de cas. Car la légionellose ne présente pas systématiquement un caractère dramatique : elle peut, en effet, se manifester comme une grippe classique : fatigue, fièvre, courbatures et céphalées. Cette forme bénigne guérit spontanément en 2 à 5 jours et le diagnostic de légionellose est rarement porté pour ces cas qui passent le plus souvent inaperçus.
La forme grave de la maladie survient le plus souvent chez des personnes fragilisées. Les deux poumons sont alors atteints et le malade présente une toux accompagnée de crachats parfois sanglants. Le traitement antibiotique permet généralement la guérison surtout quand le diagnostic a été précoce chez les personnes dont l’état de santé est bon. Mais cette forme de légionellose qui peut être sévère, entraîne le décès dans un peu plus de 15 % des cas et chez les immunodéprimés, cette proportion peut atteindre plus de 40 %.
Le diagnostic de légionellose n’est pas aisé. Devant tout cas de pneumonie grave, les médecins rechercheront systématiquement la présence de légionelles au moyen d’un test urinaire. Le résultat est obtenu en vingt minutes mais la sensibilité n’est que de 50 %, c’est-à-dire que ce test ne détecte qu’un cas sur deux. Parallèlement, on procédera à la mise en culture des prélèvements broncho-pulmonaires afin d’isoler la souche (parmi une centaine connues en France) responsable de l’infection. Cette recherche qui demande environ cinq semaines permet de déterminer s’il s’agit d’un cas isolé ou d’une épidémie si la même souche est retrouvée chez plusieurs malades. Cela est indispensable pour repérer une source de contamination commune et entreprendre sa désinfection (on analysera aussi l’eau susceptible d’être contaminée).
Attention à la climatisation
Cette maladie inquiète d’autant plus que les cas déclarés grimpent en flèche ces dernières années. En France, entre 1996 et 1997, le nombre de cas a été multiplié par 2,5 et en 1998, il a encore doublé par rapport à l’année précédente. La hausse continue en 1999 et en 2000. Mais les experts chargés de la surveillance de cette maladie y voient davantage une amélioration du système de surveillance qu’une expansion réelle de la maladie. La réduction du risque lié aux légionelles repose avant tout sur un bon entretien des circuits et des installations d’eau, en particulier d’eau chaude. L’accumulation de tartre à l’intérieur des tuyaux et au niveau des robinetteries (pommes de douche) est un facteur favorisant la prolifération de ces bactéries. Les tours aéro-réfrigérantes des systèmes de climatisation doivent également être désinfectées régulièrement en utilisant des produits chlorés. Ces mesures concernent notamment les établissements de santé, les établissements thermaux et tous les bâtiments recevant du public.
Claire Viognier