(MFI) Pendant des siècles, on a cru que si un bébé mourait subitement et sans raison, c’est que sa mère s’était couchée sur lui et l’avait étouffé. De nombreuses hypothèses ont été soulevées, puis récusées avant de parvenir aujourd’hui à considérer que la mort subite du nourrisson (MSN) est un accident multi-factoriel.
La compréhension de cette mort insupportable pour les parents comporte encore de nombreuses zones d’ombre. La mort subite du nourrisson n’est pas à proprement parler une maladie. Elle est plutôt la conséquence de plusieurs facteurs : immaturité des grandes fonctions vitales du bébé, pathologie sous-jacente connue ou non, environnement défavorable comme par exemple, de mauvaises conditions de couchage ou le tabagisme. Mais environ 25 % des cas de mort subite du nourrisson demeurent inexplicables. Pour les autres, une infection, de la fièvre, certains troubles cardiaques ou malformations passés inaperçus peuvent orienter vers une ou plusieurs explications souvent hypothétiques du décès.
Cet accident représente dans les pays développés l’une des principales causes de mortalité entre un mois et un an. Le décès a lieu le plus souvent durant le sommeil et la grande majorité des MSN se produit entre un et huit mois, l’âge critique étant compris entre 2 et 4 mois. Les garçons sont plus touchés que les filles. Nombre d’experts se sont penchés sur ce syndrome pour tenter de le prévenir, faute d’en débusquer la cause. En comparant les divers taux entre groupes ethniques vivant dans des sociétés occidentales, on a découvert qu’il y avait beaucoup à apprendre de la variété des pratiques culturelles de soins aux enfants.
Bébé doit dormir sur le dos
Des études notamment menées en Grande-Bretagne, ont ainsi démontré que la mort subite des bébés était un phénomène rare parmi les familles asiatiques. La mode dans les pays occidentaux voulait que l’on couche les bébés sur le ventre dans les années 60-70, période où justement les cas de MSN ont connu une hausse inquiétante. Le couchage ventral était censé prévenir l’inhalation d’éventuelles régurgitations. Par contre, les familles asiatiques où la mort subite du nourrisson était très rare, n’ont jamais adopté ces recommandations et maintenaient la tradition du couchage sur le dos de leurs enfants. Il a fallu pourtant attendre plusieurs années pour qu’enfin on reconnaisse que le simple fait d’éviter de coucher les bébés sur le ventre faisait reculer les cas de mort subite jusqu’à plus de 70 %.
On recommande donc maintenant, de faire dormir l’enfant sur le dos sur un matelas ferme bien adapté aux dimensions du lit durant ses deux premières années de vie. Le lit ou le berceau ne doit être pourvu d’aucun oreiller, couverture, drap, ni même nounours, en somme rien qui puisse recouvrir le visage du bébé et venir obstruer sa respiration. S’il fait un peu frais, plutôt que d’ajouter une couverture, habillez-le d’une turbulette ou d’une gigoteuse. Si bébé a de la fièvre, ne le recouvrez pas non plus : le fait d’avoir trop chaud l’empêcherait de lutter contre la température qui est un des facteurs les plus fréquemment retrouvés dans les cas de mort subite du nourrisson.
L’une des inquiétudes des mamans à propos de la position sur le dos concerne le risque d’étouffement si le nourrisson vomit. C’est ce qui avait d’ailleurs justifié la recommandation funeste du couchage ventral il y a quelques décennies. Or depuis, de multiples études ont prouvé que le risque de fausse route lors d’un vomissement est exceptionnel et peu influencé par la position sur le ventre ou sur le dos. Lorsque l’enfant vomit, un réflexe naturel l’empêche en principe d’inhaler les aliments. Depuis le début des campagnes pour le couchage sur le dos, on a observé aussi une diminution du nombre de malaises et de fausses routes chez les nourrissons.
Le cerveau et les poumons du nouveau-né sont fragiles et en plein développement. C’est pourquoi le tabagisme parental constitue un facteur de risque important de la mort subite du nourrisson. Lors du dernier Congrès international en Nouvelle-Zélande traitant de la question, on a constaté que tous les pays qui avaient mis en oeuvre des campagnes de prévention préconisant le couchage sur le dos, le non-emmitouflement et une atmosphère sans tabac, ont obtenu une diminution considérable du nombre de morts subites du nourrisson. Un nouvel axe de recherche associe également le recul de cette cause de mortalité à l’usage de la tétine. Selon une chercheuse belge, la tétine contribuerait, en effet, à modifier et à faire mûrir le système nerveux du nourrisson !
Claire Viognier