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04/04/2002
Sida : bras de fer autour d’un anti-rétroviral

(MFI) Une ONG a saisi la justice sud-africaine pour contraindre le gouvernement à distribuer un anti-rétroviral aux femmes enceintes séropositives. La politique nationale en matière de lutte contre le sida est de plus en plus controversée.

Envers et contre tous les avis, le gouvernement sud-africain refuse de distribuer aux femmes enceintes séropositives un anti-rétroviral, la Névirapine, dont l'utilisation limite de 50 % le risque de transmission du virus du sida de la mère à l'enfant. Plusieurs arguments ont été mis en avant pour expliquer cette décision : le coût de l’opération, les problèmes logistiques, la mise en cause de l’efficacité réelle du médicament, de son innocuité, les risques de complications. Autant de justifications qui n’ont donné satisfaction ni aux associations de défense des malades –qui sont plus de 4,5 millions en Afrique du Sud-, ni aux scientifiques ou aux personnalités de la société civile et politique. Devant l’urgence de la situation, tous ont affirmé qu’il n’est plus possible d’invoquer de telles excuses et que quelles que soient les considérations, rien ne pouvait justifier que l’on prive les 70 000 bébés qui naissent chaque année séropositifs d’une chance d’échapper à la maladie.
Dans ce contexte, la TAC (Treatment Action Campaign), une ONG d’aide aux malades du sida, a déposé une plainte contre le gouvernement sud-africain devant la Haute Cour de Pretoria pour le contraindre à revenir sur cette position intransigeante. Elle a obtenu gain de cause au mois de décembre 2001. Le tribunal a, en effet, désavoué la politique du gouvernement en le sommant de mettre à la disposition des femmes enceintes séropositives le fameux médicament dans tous les établissements publics de santé et «de produire immédiatement un programme national complet et efficace».


Mandela critique le gouvernement

Loin d’accepter ce jugement, le gouvernement a sans tarder fait appel devant la Cour constitutionnelle. Tout en annonçant qu’il allait engager une réévaluation de son programme de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. La Névirapine n’est, en effet, distribuée pour le moment que dans 18 «centres pilotes», ce qui permet de traiter un tout petit pourcentage des 24,5 % de femmes enceintes porteuses du virus. Et le gouvernement refuse de généraliser l'utilisation de la molécule avant la fin de cette phase expérimentale.
Dans la période d’attente de la décision de la cour d’appel, les déclarations du président sud-africain, Thabo Mbeki, sur sa volonté de «d’intensifier la lutte contre le sida» mais sans recourir pour autant aux antirétroviraux dont il a simplement évoqué la possibilité d’étendre leur diffusion avant la fin «de la phase d’expérimentation», n’ont pas été suffisantes pour apaiser les esprits sur une question d’une importance majeure pour les habitants de ce pays. D’autant que les critiques ont été très nombreuses et sont venues parfois de personnalités phares. Nelson Mandela a, par exemple, affirmé que la lutte contre la transmission du sida de la mère à l’enfant était «une question centrale» qui se situait «au-delà du moindre argument ou doute». L’ancien archevêque du Cap, Desmond Tutu, a lui aussi pris position de manière très claire contre la politique du gouvernement et son refus d’appliquer la décision de la Haute Cour. Il a déclaré que «la lutte contre le sida devait s’apparenter à la lutte contre l’apartheid et que toutes les méthodes disponibles, notamment les traitements anti-rétroviraux, devaient être utilisées».
Lassées d’attendre la fin d’une procédure qui pourrait prendre des mois, trois provinces ont décidé de passer outre les recommandations gouvernementales et de pratiquer la politique du fait accompli pour faire face à la situation d’urgence dans laquelle elles se trouvaient. Le Cap Occidental, le KwaZulu-Natal, la province du pays la plus touchée par le sida, et le Gauteng, qui englobe les villes de Johannesburg et du Cap, ont ainsi décidé de généraliser la distribution de la Névirapine contre l’avis du ministre de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang.
Dans ce contexte, la décision prise le 25 mars par la Cour constitutionnelle de débouter encore une fois le gouvernement en lui délivrant «un ordre d'exécution immédiat» de sa première injonction, apporte une pierre de plus dans le camp des adversaires de la politique menée par le pouvoir central. Reste à savoir si le jugement sera appliqué. Dans l’immédiat cela semble peu probable. Le gouvernement paraît, au contraire, décidé à épuiser tous les recours juridiques possibles avant d’obtempérer. Un nouvel appel a été déposé et Manto Tshabalala-Msimang, le ministre de la Santé, a estimé à l’annonce de la décision de la cour constitutionnelle que «le système judiciaire ne peut pas établir des ordonnances depuis un tribunal» et que «c’est aux autorités médicales de régulation du pays de montrer la voie sur la Névirapine».


Valérie Gas

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