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18/04/2002
L'adolescence en… 6 questions

(MFI) Redoutée par les parents et souvent mal vécue par les enfants, l'adolescence est pourtant un passage obligé. Cette période survient de plus en plus tôt avec tout son cortège de bouleversements. Puberté, premières amours, incertitudes face à l'avenir. Entre refus de grandir et impatience d'avoir franchi le cap, on peut s'attendre à des turbulences dans les familles.

1. Quand commence l'adolescence ?

L'adolescence débute avec les premières manifestations de la puberté et l'apparition des caractères sexuels (seins, règles, poils, mue de la voix)... Ces signes qui accompagnent la puberté arrivent de plus en plus tôt : les premières règles survenaient à 17 ans au milieu du XIXe siècle alors qu'actuellement l'âge moyen se situe à 12 ans et demi.
Par contre, la fin de cette période est beaucoup plus difficile à cerner. Autrefois marquée par l'entrée dans le monde du travail et le mariage, les limites de l'âge adulte sont aujourd'hui beaucoup plus floues. Selon le Pr Jeammet* (pédopsychiatre), elles se situeraient au moment où l'adolescent possède une capacité d'autonomie et une activité réflexive c'est-à-dire une double possibilité de distanciation du jeune vis-à-vis des autres et de lui-même.


2. Est-ce toujours un cap difficile à passer ?

Même si la plupart des sociétés ne confrontent plus l'adolescent à des épreuves initiatiques, cette période de la vie exige une difficile adaptation entre la nostalgie de l'enfance et l'envie de devenir adulte. Les jeunes ont maintenant la possibilité de concevoir leur avenir sans avoir l'obligation de reproduire ce que faisaient leurs parents.
Ce changement peut induire chez nombre d'entre eux un sentiment d'insécurité exacerbé par les exigences sociales et familiales de réussite individuelle. L'adolescence peut ainsi se décliner sur le mode conflictuel à coup d'oppositions et de souffrances ; mais pour beaucoup d'ados, cela se passe heureusement dans la tranquillité. Tout existe entre ces deux extrêmes et l'important est que l'adolescent puisse trouver chez ses parents ou avec une aide extérieure, la possibilité de s'épanouir.


3. L'autorité est-elle dépassée face à un(e) ado ?

L'objectif de l'éducation est de permettre à un enfant de devenir autonome et de ne plus dépendre de l'autorité de l'adulte. La politique du laisser-faire ne donne pas plus d'autonomie au jeune mais revient à l'abandonner à lui-même. En posant des limites et des interdits, l'adulte montre au jeune qu'il le protège et qu'il lui permet ainsi de s'intégrer dans le groupe social qui a les mêmes règles.
A l'inverse, l'autoritarisme consiste à soumettre l'enfant à la volonté de l'adulte. Avec des ados, cette attitude mène presque assurément au conflit. Alors que des règles transmises par des adultes dans une relation de confiance aident le jeune à trouver sa place. Ce climat serein permettra à l'adolescent de tester les limites sans avoir peur de perdre sa valeur aux yeux de son entourage.


4. Faut-il s'inquiéter du mutisme d'un(e) adolescent(e) ?

L'ado rêve d'être compris, d'être deviné alors que pour rien au monde il ne voudrait dire ce qui l'agite ou l'inquiète. Cette contradiction, encore une, peut le mener au mutisme dont il ne sortira que pour râler ou demander s'il reste de quoi manger...
Cette situation ne devient préoccupante que si elle marque un changement radical chez un ado qui était jusque-là volubile ou si elle persiste. Le mutisme peut alors être considéré comme un symptôme dont il faut rechercher les causes au besoin avec l'aide d'une personne extérieure à la famille. Sinon, patience et humour ont en générale raison de ces blocages provisoires.


5. Pourquoi certains ados dorment-ils toute la journée ?

Phénomène plus fréquent chez les garçons que chez les filles, certains ados retrouvent un rythme de sommeil proche de celui du nouveau-né... Faut-il les laisser ainsi se coucher à 4 heures du matin et traîner au lit jusqu'à point d'heure ? Non, répond le Pr Jeammet, car laisser se prolonger cette conduite c'est handicaper l'adolescent dans sa scolarité, le couper de ses camarades, le laisser s'enfoncer dans la dépression.
Il ne faut pas croire « que cela va passer tout seul »». Le fait que les parents réagissent immédiatement est toujours rassurant pour l'adolescent. Ils lui montrent ainsi qu'ils lui font confiance pour sortir de cette situation et surtout qu'ils sont bien présents afin que l'ado ne se sente ni démuni, ni angoissé.


6. Faut-il leur parler de sexualité ?

Difficile d'y échapper tant la sexualité est envahissante dans le discours social ! Mais les parents peuvent justement trouver prétexte de cette omniprésence pour aborder le sujet sans trop le centrer sur l'adolescent lui-même. On peut ainsi en commentant une émission de télé ou un film, donner des pistes de réflexion qu'il retiendra davantage que s'il s'agissait de conseils délivrés directement à son intention.
Cela n'exclut pas, bien sûr, d'avoir en privé des échanges plus formels sur la question, notamment au moment de la puberté où le parent du même sexe est l'interlocuteur privilégié. Sous prétexte que c'est dans l'air du temps, il ne parait pas souhaitable pour le Pr Jeammet, de banaliser le discours parental sur la sexualité et ainsi de la réduire à une pratique comme une autre. Car la sexualité touche ce qu'il y a de plus intime en chacun de nous, tant physiquement que psychiquement.


* Réponses à 100 questions sur l'adolescence, Pr Philippe Jeammet, Ed. Solar.


Claire Viognier

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