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23/05/2002
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Vieillir sans défaillir
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(MFI) L’accroissement de la durée de vie est un phénomène récent et soudain. En 50 ans, le nombre de personnes âgées dans le monde a triplé. En 2050, on prévoit que les plus de 60 ans seront deux milliards (600 millions aujourd’hui) dont 20 % auront franchi le cap des 80 ans. Ce sera la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’ils seront plus nombreux que les moins de quinze ans.
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Réunie récemment à Madrid, la deuxième Assemblée mondiale des Nations unies sur le vieillissement a émis l’espoir que « la vieillesse ne soit pas discriminée comme un handicap, mais vécue comme un progrès et une richesse ». Le problème qui se pose pour les pays pauvres est qu’« ils vont vieillir avant de s’enrichir là où les pays développés se sont, au contraire, enrichis avant de vieillir », faisait remarquer le Dr Gro Harlem Brundtland, directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé. Nul n’est plus à l’écart de cette restructuration de la pyramide des âges, qui n’a d’ailleurs plus de pyramide que le nom. Ainsi, les pays en développement où le nombre de personnes âgées va être multiplié par quatre d’ici 2050 ; 80 % de la population mondiale âgée y sera alors concentrée. C’est, en effet, dans les pays en développement que l’on vieillit le plus rapidement en ce moment ; c’est aussi dans ces pays, à cause de conditions de vie précaires, que les conséquences de ce phénomène sont les plus graves.
En Afrique où le sida décime les jeunes, c’est dorénavant aux grands-parents qu’incombe la charge d’élever les petits-enfants. Beaucoup de familles ont perdu ou vont perdre leurs « forces vives », ces jeunes adultes qui auraient pu aider les plus âgés. Sur ce continent, la plupart des « vieux » vivent en milieu rural, sans retraite, ni couverture sociale, ce qui oblige 40 % des plus de 65 ans à continuer à travailler, notamment dans le secteur agricole.
En 2050, 80 % de la population « âgée » sera dans les pays pauvres
Ce bouleversement conduit les pays en développement à affronter une double charge, celle des maladies infectieuses et celle des maladies non transmissibles. Vers l’âge de 45 ans, les maladies non transmissibles (cardiopathie, diabète, cancer...) prennent une part prépondérante et que ce soit dans les pays riches ou pauvres, industrialisés ou en développement, leur prévalence s’affirme à mesure que la population vieillit. Mais ces défis posés par le vieillissement peuvent être surmontés par la promotion de modes de vie sains et de mesures préventives appropriées. Autrement dit, pour vieillir en bonne santé, il faut s’y préparer de bonne heure...
L’âge est évidemment un facteur favorisant de ces maladies, mais la sédentarité, le tabagisme, les abus d’alcool et une mauvaise alimentation tout au long de la vie multiplient ce risque de façon exponentielle. C’est pourquoi l’OMS recommande de prendre en compte la pauvreté, un faible niveau d’alphabétisation et le manque d’éducation comme autant de facteurs à combattre pour parvenir à une vieillesse en bonne santé.
Le quatrième, voire le cinquième âge, ne s’associe pas systématiquement à un accroissement des dépenses de santé. « Ce sont plutôt les incapacités et la mauvaise santé que l’on retrouve souvent avec la vieillesse qui coûtent cher, affirme le Dr Alexandre Kalache de l’OMS. Une population âgée en bonne santé permet de faire des économies et de consacrer les ressources ainsi épargnées à d’autres besoins. Ces personnes qui vieillissent harmonieusement, peuvent apporter une contribution importante et nécessaire à l’économie de leur famille et de leur communauté ».
Utiliser le potentiel des personnes âgées, c’est ce que réclamait de son côté le Forum des ONG réuni en marge de l’Assemblée de l’ONU. Regroupant plusieurs centaines d’organisations oeuvrant dans le domaine du vieillissement, le Forum proposait la création d’une Agence des Nations unies spécialisée dans les personnes âgées. Cette « Unicef » des personnes âgées pourrait assurer le suivi du plan d’action qui a été adopté par l’ONU lors de cette deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement.
La proposition de création d’un « fonds humanitaire mondial » de ce type a été relayée par un « Groupe des 77 » lors de l’Assemblée des Nations unies. L’idée étant que les pays pauvres ne parviendraient pas à assurer une couverture sociale pour leurs personnes âgées si les pays riches ne contribuaient pas en reversant à ce fonds 10 % de leur dette. L’idée a fait long feu et la proposition, jugée inopportune, n’a finalement pas été retenue par les pays développés. Pour appuyer les mesures préconisées dans le plan d’action dont la première mouture remonte à 1982, on a finalement préféré un accroissement du soutien financier à certaines initiatives privées du type « micro-crédits bancaires » ainsi qu’aux mesures d’aides locales.
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Claire Viognier
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