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25/07/2002
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La chronobiologie : à chacun son rythme
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(MFI) Notre organisme vit au rythme de cycles d’environ 25 heures, dits rythmes circadiens. Toutes nos fonctions biologiques (à de rares exceptions près) qu’elles soient digestives, métaboliques, rénales, respiratoires, nerveuses, endocriniennes, etc., réagissent en fonction des heures de la journée et de la nuit mais aussi des saisons. Gros plan sur une discipline aussi méconnue que passionnante : la chronobiologie.
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C’est l’hypothalamus, une région du cerveau et plus précisément des cellules nerveuses appelées noyaux suprachiasmatiques, qui régule nos différentes horloges biologiques internes. La recherche dans ce domaine, regroupée sous l’appellation de chronobiologie, est une science pluridisciplinaire récente. On découvre petit à petit de nombreuses applications à cette science, concernant tant les apprentissages que les traitements qui peuvent ainsi devenir plus efficaces et mieux tolérés.
Pourquoi les infarctus du myocarde frappent-ils plus souvent vers 10 heures du matin ? La chronobiologie nous apprend justement que la survenue de ces accidents est directement liée pour l’infarctus aux variations de la tension artérielle qui, le matin est à son maximum ainsi qu’à la plus grande viscosité du sang au même moment. Il conviendra donc à la lumière de ces données, de proposer les traitements le matin au réveil ou le soir au coucher si les médicaments ont une action à libération prolongée.
Cette nouvelle science a aussi permis de découvrir que les effets secondaires d’un médicament pouvaient varier selon le moment où il était administré. Ainsi, une aspirine prise le soir sera moins agressive pour la muqueuse de l’estomac que si elle est prise à 8 heures du matin. Cette meilleure tolérance se double d’une meilleure efficacité car la prise vespérale assure également une persistance plus longue des principes actifs dans le sang.
Une question d’heure
La cancérologie est un domaine de la médecine qui, la première, a appliqué les principes révélés par la chronobiologie. On sait en effet que les chimiothérapies destinées à tuer les cellules cancéreuses peuvent être toxiques pour les cellules saines environnantes. Or, des recherches ont montré que selon les molécules injectées et l’heure à laquelle elles l’étaient, il était possible d’agir au moment où les cellules malignes étaient le plus sensibles au traitement et les cellules saines le moins. C’est ainsi qu’a été introduite la « chronochimiothérapie » grâce à des injecteurs intraveineux ou sous-cutanés programmables portés par le malade. Il reçoit ainsi la bonne dose au bon moment de son traitement, de jour comme de nuit, pour en améliorer la tolérance et l’efficacité. Grâce à cette méthode, le taux de rémission des cancers du côlon été multiplié par deux et les effets secondaires considérablement diminués.
Ces découvertes ont amené de plus en plus de médecins à affiner leurs prescriptions en recommandant des horaires pour certains traitements. Dans le cas de l’asthme nocturne, il a été vérifié que les corticoïdes devaient être absorbés le matin ou en deux doses, une le matin et une autre vers 14-15 heures, mais jamais le soir afin de préserver le malade de la perte de calcium osseux. Vous devez subir une extraction dentaire ? Prenez plutôt rendez-vous chez votre dentiste entre 15 et 16 heures : c’est en effet l’horaire où l’anesthésie locale vous insensibilisera de deux à cinq fois plus longtemps qu’à n’importe quel autre moment de la journée.
Un récent rapport de l’INSERM a d’ailleurs souligné l’importance du respect de ces rythmes physiologiques dans les différents apprentissages chez les enfants. Ainsi, les performances intellectuelles fluctuent dans la journée. Le milieu de matinée, la fin de matinée et la fin d’après-midi devraient être réservées selon ces experts aux activités nécessitant attention et effort cognitif. Les débuts de matinée et d’après-midi devraient plutôt être orientées vers des activités d’éveil ou sportives. L’après-déjeuner étant une période de moindre vigilance, il est conseillé par ces spécialistes de ne pas « trop » solliciter les élèves pendant cette phase.
Les dernières recherches en date ont permis aussi de confirmer biologiquement le rôle de l’exercice physique sur la modification de certains rythmes du corps par le biais d’une action sur le système endocrinien. Faire du sport aide donc à mieux dormir grâce à une sécrétion de mélatonine plus élevée et contribue à se sentir mieux tout au long de la journée à cause d’une élévation du taux d’hormones thyroïdiennes qui sont des stimuli musculaires et psychiques.
Claire Viognier
Le corps et ses rythmes, Dr Eric Marsaudon, Ed. Dangles.
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