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16/08/2002
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La toxine botulique : un poison violent qui peut aussi guérir
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(MFI) Les toxines botuliques sont les plus puissants des poisons actuellement connus. La maladie que provoque la toxine est appelée botulisme ; elle résulte le plus souvent de la consommation d'aliments contaminés. Si le botulisme a toujours été craint avec raison, des scientifiques ont réussi récemment à neutraliser la toxine afin d'utiliser son action sur le système nerveux dans un but thérapeutique cette fois.
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Le bacille Clostridium botulinum est présent dans le sol et le sable ainsi que dans l'organisme de nombreux animaux. Les contaminations accidentelles résultent le plus souvent de la consommation de conserves familiales mal préparées. Cependant, certaines intoxications ont été le fait de conserves industrielles. Les toxines présentes dans les aliments contaminés résistent en effet à l'ébullition si celle-ci est inférieure à 120 °C pendant une heure et demie, de même qu'aux modes de conservation domestiques les plus utilisés comme le sel, le vinaigre ou la fumaison.
Ces toxines bloquent la transmission entre les neurones et les muscles : il en résulte une paralysie. Les symptômes apparaissent après l'absorption de nourriture infectée. Les premiers signes sont souvent des troubles de la vue, une sécheresse de la bouche avec une grande difficulté à avaler. Une contamination massive peut aussi être à l'origine d'une mort subite par arrêt cardio-respiratoire brutal. Un symptôme important du botulisme, peu connu, est facile à reconnaître : la victime change de voix à cause de la paralysie des cordes vocales. Ce signe très précoce est spécifique de cette intoxication.
Le traitement est purement symptomatique et impose le plus souvent l'hospitalisation avec une surveillance de la déglutition, de la respiration et de l'état cardiaque. Une antitoxine existe et doit être administrée le plus vite possible, d'où l'importance de reconnaître les premiers signes de l'intoxication.
Il peut être tentant pour des criminels d'utiliser ces puissantes toxines dans le cadre d'opérations terroristes. Utilisées comme armes biologiques, elles pourraient être disséminées dans l'atmosphère par aérosol où elles seraient inhalées et passeraient ainsi dans la circulation sanguine. Mais les toxicologues semblent craindre davantage la contamination volontaire de réserves d'eau potable ou encore de circuits de fabrication alimentaire, industrielle ou artisanale.
Une arme anti-âge
Cette redoutable toxine est aussi devenue ces dernières années une alliée de choix pour traiter de nombreuses affections. Purifiée et débarrassée de ses effets toxiques, la toxine botulique a fait ses preuves dans le traitement des dystonies, ces perturbations du tonus musculaire. Le principe est justement de dériver ses propriétés paralysantes pour faire cesser les contractions musculaires douloureuses. La crampe de l'écrivain, les atteintes musculaires des musiciens professionnels, les douleurs lombaires, les torticolis sévères et récidivants, les spasmes oculaires ainsi que le nystagmus (mouvements involontaires de l’œil) relèvent du traitement par le "botox" (c’est le nom de la forme thérapeutique de la toxine botulique).
Le botox s'est aussi montré efficace dans le cas d'hyperhydrisose (transpiration excessive), en "paralysant" les glandes sudoripares trop actives, de même que pour traiter les migraines sévères qui résistent aux traitements médicamenteux habituels. Mais c'est dans le domaine de l'esthétique que le botox se diffuse le plus largement ces dernières années. Il est utilisé sous forme d'injections, directement dans le site à traiter. Pattes d'oie, rides du lion (entre les sourcils) et du front seraient lissées comme par magie. Le traitement ne nécessite que quelques piqûres et l'effet apparaît en un ou deux jours. Revers de la médaille, l'effet est temporaire et nécessite des retouches tous les quatre à six mois pour un coût d'environ 300 euros le traitement.
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Claire Viognier
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