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11/10/2002
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Pipi au lit : pas de quoi en faire un drame
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(MFI) En règle générale, les enfants contrôlent leur vessie vers l’âge de 2 ans et demi, 3 ans. Cela est vrai pour la journée, mais pour ce qui concerne la propreté nocturne, l’acquisition est plus longue. Ce n’est que vers l’âge de 5 ans que les enfants n’ont plus d’« accidents » la nuit.
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Les médecins ne parlent d’énurésie (terme médical du « pipi au lit ») qu’à partir de 5 ans, et si l’enfant mouille son lit régulièrement. On dit que l’énurésie est primaire si l’enfant a toujours eu ce problème et qu’elle est secondaire s’il survient après une période de propreté nocturne. L’énurésie secondaire est presque toujours d’origine psychologique : un évènement comme la naissance d’un bébé ou la séparation des parents vient perturber l’équilibre de l’enfant. Dans ce cas, le pipi au lit est la conséquence de l’anxiété suscitée par une situation que l’enfant n’arrive pas à exprimer autrement. L’aide d’un psychologue sera alors la bienvenue pour aider l’enfant à extérioriser autrement les difficultés qu’il rencontre.
Le pipi au lit concerne plus les garçons que les filles : ils représentent les deux tiers de énurétiques. A part les enfants dont l’énurésie accompagne un diabète ou une infection urinaire, les causes sont multiples : sommeil très profond, insuffisance d’hormone antidiurétique qui diminue le volume des urines la nuit, vessie trop petite... Dans ces derniers cas, on dispose de médicaments mais qui imposent toujours la participation de l’enfant et le soutien de sa famille. Il faut aussi savoir qu’un enfant a six fois plus de risque d’être énurétique quand un de ses parents l’a été lui-même.
Parents comme enfants se sentent le plus souvent culpabilisés et honteux de ce phénomène. Les parents parce qu’ils se reprochent de ne pas savoir ce qu’il faut faire et les enfants parce qu’ils sont gênés de se retrouver trempés la nuit et tristes de mécontenter leurs parents. Beaucoup d’enfant énurétiques ont tendance à se replier sur eux-mêmes car plus que tout, ils craignent que leur « secret » ne soit dévoilé. Par conséquent, afin de ne pas aggraver les choses, il faut éviter absolument d’humilier l’enfant ; n’exhibez jamais les draps mouillés devant la famille ou pire, devant les copains.
En attendant de trouver la solution au problème, adaptez la literie en utilisant des draps faciles à laver et protégez le matelas avec une alèse pour limiter les dégâts. Un tiers des enfants qui mouillent leur lit cachent leurs draps et pyjamas parce qu’ils ont honte et par crainte de se faire disputer. Pour le responsabiliser, encouragez-le plutôt à mettre lui-même son linge souillé dans un endroit désigné. La tenue d’un carnet « mictionnel », dans lequel il notera les nuits où il est resté au sec en collant un soleil et les autres un nuage, l’aidera à prendre conscience de son énurésie. La motivation de l’enfant est en effet essentielle pour réussir le traitement qui sera mis en place avec un médecin. Si la demande vient seulement des parents, l’échec est assuré. Au contraire, quand c’est l’enfant qui veut se débarrasser de son problème, il en vient à bout dans 70 % des cas.
Certaines mesures simples participent aussi à la réussite de l’entreprise : sans interdire, il est judicieux de limiter les boissons et la soupe le soir. Avant que l’enfant ne se couche, il faut absolument qu’il aille aux toilettes. Même si cela vous évite beaucoup de lessive, pas de couches la nuit. L’objectif est que l’enfant apprenne à contrôler ses sphincters : or, avec des couches, il risque de se maintenir dans la régression. Par contre, on peut lui proposer de laisser un pot tout près de son lit afin de lui faciliter les levers nocturnes. Si ces mesures sont inefficaces, c’est souvent que l’enfant n’est pas encore prêt ; il faut alors attendre encore un peu.
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Claire Viognier
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