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06/12/2002
De nouvelles clés pour vaincre le paludisme

(MFI) Les décryptages du génome du parasite Plasmodium falciparum (responsable du paludisme, et du moustique Anopheles gambiae, transporteur de la maladie, marquent un moment extraordinaire dans l’histoire de la science. Réalisés par un consortium international de chercheurs, les séquençages ouvrent la voie à de substantiels progrès contre le paludisme qui, avec le sida et la tuberculose, est l’une des principales causes de mortalité à l’échelle planétaire.

A partir des données maintenant disponibles au bout de six ans d’effort, les scientifiques travaillant sur le paludisme vont pouvoir extraire les informations si longtemps cachées à l’intérieur des génomes concernés. Cela devrait aboutir à la mise au point d’outils de lutte nouveaux tels des insecticides, des agents répulsifs, des vaccins et des médicaments plus puissants. Ajoutés au génome de l’homme, ceux du parasite et du moustique ouvrent ensemble un domaine d’exploration entièrement inédit.
Désormais, tout chercheur disposant d’un ordinateur et ayant accès à l’internet pourra explorer les pistes pour développer des médicaments ou des insecticides innovants. Dans cette perspective, le programme de recherche sur les maladies tropicales (TDR) de l’OMS a formé depuis deux ans plus de deux cents chercheurs en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Ces scientifiques sont à même de faire des recherches sur les génomes, identifier les cibles possibles et à partir de la génétique, développer des armes nouvelles contre la maladie.
Les chercheurs savent dorénavant que certains gènes jouent un rôle dans la transmission du parasite, d’autres dans la résistance de plus en plus fréquente du moustique aux insecticides, d’autres encore dans ses capacités olfactives, ce qui devrait permettre de comprendre pourquoi il est plus attiré par telle personne que par telle autre. Une fois identifiés les récepteurs olfactifs, il devient possible de concevoir de nouveaux répulsifs bloquant la capacité du moustique à "renifler" ses victimes. Ainsi, on essaie de mettre au point une stratégie visant à empêcher le moustique de trouver du sang humain nécessaire pour produire ses oeufs. D’autres gènes, enfin, vont permettre d’expliquer comment le moustique se protège de mieux en mieux contre les agents chimiques destinés à le détruire.

Vers un vaccin ?

Toutes ces nouvelles possibilités suscitent l’enthousiasme des chercheurs qui jusqu’à présent avançaient plus ou moins dans le brouillard. Mais il faudra du temps pour que les fruits de la génomique arrivent à maturité. Du temps et de l’argent, ajoute Stephen Hoffman (Société Sanaria), qui prévient qu’à moins d’un miracle, aucun vaccin n’est encore en vue d’ici au moins cinq à dix ans. Mais de nouveaux et solides espoirs sont justifiés parce que c’est la première fois que la recherche dispose à la fois du génome séquencé du parasite, de l’insecte vecteur et de sa cible humaine.
Cela est d’autant plus décisif que les stratégies d’élimination du moustique qui ont réussi dans les pays industrialisés s’enlisent dans les pays en développement à cause de la perte d’efficacité des insecticides bon marché par les phénomènes de résistance. Aussi parce que leur utilisation se trouve limitée par des préoccupations environnementales. Parallèlement, les médicaments antiparasitaires, et notamment la chloroquine (le moins cher et le plus courant), perdent rapidement leur efficacité, la résistance du parasite se généralisant en Afrique depuis dix à quinze ans.
Déjà, de nouvelles associations thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT), dérivées en partie d’une plante chinoise, parviennent à éliminer le parasite et à permettre au malade de récupérer rapidement. L’adoption de ce traitement et des mesures préventives a permis dans le Kwazulu Natal (Afrique du Sud) de réduire le nombre de morts dus au paludisme de 87 % en un an. Mais ces nouvelles associations médicamenteuses sont aussi 10 à 20 fois plus chères que les anti-paludéens actuellement utilisés.
Les Etats africains veulent sauver, d’ici à 2010, la vie de la moitié des 800 000 jeunes enfants victimes chaque année du paludisme. En l’état actuel des moyens dont ils disposent, la lutte serait vouée à l’échec sans l’aide du nouveau Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme qui vient de décider de financer des programmes à Zanzibar et en Zambie. L’OMS, qui a réussi avec ses partenaires à obtenir des baisses de prix, souhaite maintenant que le Fonds finance l’achat des ACT là où elles sont nécessaires pour traiter le paludisme et améliorer la lutte contre la maladie dans les communautés à risque.

Claire Viognier

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