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20/12/2002
Le bégaiement : ni laisser-faire, ni moqueries

(MFI) Le bégaiement est un trouble de la parole universel : 1 % de la population mondiale en souffre. Car il s’agit bien d’une souffrance, le bégaiement suscitant encore trop souvent moqueries, évitement ou laisser-faire, faute de toujours savoir comment assurer une réelle prise en charge.

Lors de l’acquisition du langage chez le jeune enfant, il est fréquent que les mots se bousculent un peu. Mais ensuite ces bredouillements et hésitations disparaissent pour laisser place à une parole « fluente » comme disent les spécialistes. Entre 2 et 3 ans, de nombreux enfants bégaient mais cet état est transitoire pour le plus grand nombre. Le bégaiement vrai, lui s’installe progressivement ou brusquement avant 5 ans dans 70 % des cas et dans 95 % des cas avant 7 ans, l’âge moyen étant de 3 ans et demi. L’enfant bègue a un rythme de parole perturbé ou des blocages des cordes vocales, des crispations des mâchoires et de lèvres. Cette tension se traduit par la répétition de syllabes, le prolongements des sons, l’explosion des consonnes ou voyelles en début des mots. L’enfant sait exactement ce qu’il veut dire, mais il n’y parvient pas malgré des efforts importants qui se traduisent par des mouvements plus ou moins désordonnés du visage ou du corps tout entier.
Le bégaiement atteint des enfants émotifs mais qui ont des difficultés à montrer leurs émotions, d’où ces tensions qui les brident dans leur expression verbale. Il ne sert donc à rien de dire à un enfant qui bégaie de faire des efforts ou de le faire répéter ; cela ne peut qu’accentuer l’état d’anxiété dans lequel il est. De plus, des efforts, il en fait même au-delà du nécessaire ; c’est ce qui le crispe et accroît sa tension. Même s’il est fréquent qu’un bégaiement qui s’installe précocement disparaisse aussi mystérieusement qu’il est apparu, il ne faut pas faire comme si de rien n’était.

Associer les parents au traitement

Dans un premier temps, une attitude attentive et compréhensive lui laissant le temps qu’il faut pour s’exprimer, sans lui demander de répéter mais en l’aidant doucement à finir une phrase peut tout à fait rassurer l’enfant et faire disparaître le bégaiement en quelques mois. Les parents ne doivent surtout pas se moquer de lui et veiller à ce que personne dans l’entourage ne le fasse. A éviter aussi les conseils du genre « Parle moins vite, articule, prépare ta phrase, respire lentement » qui enlèvent toute spontanéité à la parole, ce que justement l’enfant doit acquérir ou retrouver.
Il faut savoir que le bégaiement varie sous l’influence de l’émotion, la fatigue, la crainte de bégayer, les efforts accomplis pour le dissimuler. Il n’existe que dans un contexte de communication spontanée face aux autres et pas dans le chant, le théâtre ou quand un enfant joue tout seul ou parle à son animal. Quant aux origines de ce trouble de la parole mais plus encore de la communication, plusieurs pistes sont suivies. Une récente étude menée en Allemagne évoque une anomalie neuronale. Mais généralement on parle d’origines multifactorielles favorisantes ou déclenchantes : facteurs liés à l’individu comme certains troubles moteurs, liés à l’environnement familial ou scolaire quand on exige beaucoup de l’enfant ou encore liés à des évènements traumatisants (accident, agression, divorce ou décès d’un proche...). Ces facteurs sont d’autant plus impliqués qu’ils ne sont pas reconnus ou n’ont jamais été franchement abordés avec l’enfant.

Sur quatre enfants qui bégaient, un restera bègue à l’âge adulte : la difficulté est qu’aucun critère ne permet de dire lequel de ces enfants conservera un bégaiement. Cela justifie pleinement la prise en charge précoce du trouble sans se dire que cela passera tout seul. Un type de traitement bien adapté aux jeunes enfants consiste à associer les parents. Au cours d’entretiens menés par un spécialiste (orthophoniste, phoniatre), on intervient sur les conduites de communication dans la famille et sur le comportement éducatif en général. On peut chercher par exemple si dans la famille on s’écoute ou si, au contraire, on se coupe la parole, si on est très exigeant sur la forme du discours, etc. Les observations faites lors de ces séances aident les parents à réajuster leur conduite face à la parole de l’enfant. Réalisée avant 4 ans et demi, cette démarche obtiendrait pratiquement 100 % de réussite. Passé 6 ans, la prise en charge sera plutôt individuelle, mais aussi plus longue, plus difficile et plus coûteuse. C’est pourquoi un début de bégaiement qui persiste plus de 6 mois mérite une consultation. Cela permet d’éviter à bien des enfants un futur extrêmement douloureux.

Claire Viognier

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