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04/02/2003
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Brûlures d’estomac, reflux : éteindre l’incendie
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(MFI) On estime généralement qu’une personne sur dix souffre de ces maux. A ne pas confondre avec l’ulcère d’estomac, dont les signes s’intensifient avant le repas, au contraire du reflux gastro-oesophagien, qui se manifeste après.
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Le reflux gastro-oesophagien (RGO) provoque ordinairement une sensation de brûlure au creux de l’estomac, irradiant derrière le sternum. Ce qu’on appelle communément des brûlures d’estomac ou aigreurs sont en fait causées dans la plupart des cas par le RGO. La douleur survient après les repas et plus particulièrement quand on se penche vers l’avant : c’est ce que les médecins nomment joliment le signe du "lacet de soulier". En se redressant, la douleur disparaît sauf s’il y une hernie hiatale, auquel cas les brûlures surviennent aussi dans la position allongée ou lors des efforts de poussée abdominale.
Les sucs digestifs qui remontent ainsi dans l’œsophage contiennent de l’acide chlorhydrique, une substance corrosive utilisée pour nettoyer les métaux. Si l’estomac est tapissé d’une paroi qui le protège contre cet acide corrosif, l’œsophage, lui, ne l’est pas. C’est pourquoi les douleurs ressenties peuvent être très vives, au point de faire croire à un problème cardiaque. Cela explique aussi qu’à la longue l’œsophage soit attaqué par l’acide et puisse présenter une simple érosion ou de multiples ulcérations pouvant provoquer des hémorragies ou parfois même une cancérisation.
On considère que le RGO est pathologique lorsqu’il se produit fréquemment, se prolonge et qu’il entraîne des lésions de la muqueuse de l’œsophage. Le premier traitement consiste à modifier certaines habitudes alimentaires en évitant par exemple les repas trop copieux qui ne peuvent que favoriser mécaniquement les remontées acides. Mais malheureusement, certaines personnes ont des brûlures d’estomac même en mangeant modérément. L’alcool et les boissons gazeuses ou caféinées, un excès de graisses ou même le tabac peuvent être en cause. L’alcool, le thé, le chocolat, le café et plus généralement la caféine tout comme la fumée ont la propriété en effet de détendre le sphincter de l’œsophage qui peine ainsi à jouer son rôle d’anti-reflux.
L’excès de graisses peut aussi être à l’origine des douleurs. Les aliments riches en graisses, tout comme l’alcool, séjournent plus longtemps dans l’estomac, ce qui stimule excessivement la production d’acides. Evitez de boire en mangeant et plus généralement tout ce qui augmente le volume de l’estomac. La menthe, pourtant réputée faciliter la digestion, est ici contre-indiquée car elle aussi favorise le relâchement du fameux cardia. Quant au lait, sensé apaiser les estomacs douloureux, sa richesse en gras, en protéines et en calcium calment en effet le feu de l’œsophage, mais, une fois dans l’estomac, elle excite la sécrétion d’acides. Juste après le repas, il faut aussi préférer une petite marche à la sieste et le soir, dîner au moins trois heures avant l’heure du coucher. Sinon, l’estomac trop plein fera inévitablement remonter des acides dans l’œsophage.
Dans les formes peu sévères, ces mesures d’hygiène et de diététique peuvent suffire, mais souvent, il faudra recourir à des médicaments. Il en existe trois types : les pansements gastriques qui tapissent et protègent la muqueuse oesophagienne, les prokinétiques qui accélèrent la vidange de l’œsophage et les anti-sécrétoires comme les anti-H2 (les plus utilisés et les plus récents), les inhibiteurs de la pompe à protons, contrent presque complètement la production d’acides par l’estomac. Ces traitements pris seuls ou associés soulagent la très grande majorité des malades. Mais chez une petite partie d’entre eux, l’efficacité s’estompera au fil du temps.
Pour d’autres, la lassitude de prendre des médicaments chers à doses élevées ou la survenue de complications imposeront un traitement chirurgical. Pratiqué par cœlioscopie, celui-ci consiste à créer une barrière anti-reflux en réalisant une espèce de manchon avec l’estomac autour du bas de l’œsophage. Cette intervention permet de faire disparaître douleurs, régurgitations et brûlures dès le réveil, dans 95 % des cas.
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Claire Viognier
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