accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Santé Liste des articles

27/02/2003
Sauvez votre estomac

(MFI) Helicobacter pylori est la bactérie responsable de l’infection la plus fréquente au monde, juste après la carie dentaire. En Afrique, 90 % des bébés d’un an sont déjà infectés par la bactérie. Chez la plupart des gens, cette gastrite chronique évolue sans autre conséquence. Mais environ 10 % des personnes infectées développeront une maladie ulcéreuse et 1 % un cancer de l’estomac.

Helicobacter pylori se transmet d’une personne à l’autre surtout par la salive. Les aliments et l’eau contaminés par des germes fécaux seraient aussi vecteurs de la bactérie; un bas niveau d’hygiène et la promiscuité sont également des facteurs favorisant sa transmission. Tout se joue au stade de l’enfance : si l’individu n’est pas infecté avant l’âge de 10 ans, il a très peu de risque de l’être plus tard. En Afrique comme en Chine ou en Corée, la prévalence d’Helicobacter est de 90 % alors qu’elle se situe autour de 35-40 % en France et aux Etats-Unis et d’à peine 15 % en Norvège.
Il y a seulement vingt ans que l’on connaît le rôle joué par Helicobacter pylori dans les ulcères d’estomac. Jusque là, le milieu acide de l’estomac était réputé définitivement hostile à toute vie microbienne. Quand les Australiens Warren et Marshall ont démontré que les ulcères étaient dus à cette bactérie et non à l’acidité du milieu gastrique, ils ont révolutionné la gastro-entérologie. On est alors passé de traitements au long cours (qui s’obstinaient à juguler avec plus ou moins de succès cette fameuse acidité) à une antibiothérapie courte et efficace.
On estime que Helicobacter est responsable chaque année de la survenue de 250 000 décès par cancer gastrique dans le monde. 30 % de ces cancers dans les pays développés et 50 % dans les pays en développement seraient attribuables à cette infection. Actuellement, on recommande de rechercher la présence de la bactérie chez des malades ayant un ulcère prouvé. Mais le Groupe d’Etudes Français des Helicobacter (GEFH) souhaiterait voir ce dépistage élargi notamment aux malades ayant déjà un cancer gastrique, à leurs parents du premier degré ainsi qu’aux malades ayant des lésions gastriques importantes.
Les études épidémiologiques ont montré en effet qu’aucun cancer gastrique ne peut se développer en dehors de la présence de Helicobacter pylori et son dépistage permettrait de l’éradiquer chez toutes les personnes infectées, selon le professeur Jean-Claude Delchier, gastro-entérologue (Hôpital Henri Mondor, Créteil). Plusieurs tests ou examens sont disponibles pour en faciliter le dépistage : endoscopie, analyse de l’air expiré (TRU) du sang ou des selles. Le traitement recommandé en France consiste en une trithérapie de 7 jours associant un inhibiteur de la pompe à protons (puissant anti-acide) et deux antibiotiques. L’éradication bactérienne est ainsi obtenue dans 70 % des cas. En cas d’échec, un deuxième traitement est instauré durant 14 jours pour obtenir au total une guérison chez 90 % des patients.
Le traitement de l’infection fait disparaître en quelques jours la bactérie et les signes de l’infection. Il faut ensuite entre 6 et 24 mois pour que la muqueuse retrouve un aspect normal. Lorsque la muqueuse est déjà modifiée, ce qui survient après plusieurs décennies, l’éradication de Helicobacter stoppe l’extension et l’aggravation des lésions. Idéalement, remarque le GEFH, l’éradication bactérienne doit être proposée le plus précocement possible et à toutes les personnes ayant des symptômes gastriques. Cela n’est évidemment pas toujours possible, notamment dans les pays où les systèmes de santé sont précaires. En Afrique sub-saharienne, la contamination est très large et l’accès aux examens et traitements très limités. Cependant la population semble relativement à l’abri de la cancérisation due à Helicobacter par une combinaison de facteurs plus ou moins protecteurs. Un faible apport en sel, on l’a vu, est un facteur favorable de même qu’une consommation importante de fruits et de légumes riches en vitamine C constitue un élément protecteur. De plus, les infections parasitaires très fréquentes en Afrique joueraient ici un rôle positif : elles seraient un frein aux complications de l’infection due à H. pylori.

Claire Viognier

retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia