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13/03/2003
Professionnels du sexe et partenaires anti-sida

(MFI) Bien qu’ils soient l’un des groupes les plus touchés par le virus du sida, les professionnel(le)s du sexe ne sont pas suffisamment associés aux actions entreprises contre cette infection. Cette fois-ci, plusieurs de leurs représentant(e)s se sont mobilisés et viennent de recevoir le soutien nécessaire afin de devenir à la fois éducateurs et avocats actifs de la prévention et des soins dans le domaine du sida. Afin de concrétiser ces actions, Onusida vient d’organiser à Genève le premier atelier jamais consacré au commerce du sexe et au VIH-Sida. Cette rencontre a ainsi permis ainsi aux instances des Nations-unies et à 35 représentants des travailleur(se)s du sexe de 16 pays de se réunir.

D’après Aurorita Mendoza, conseillère pour la prévention et la vulnérabilité auprès d’Onusida, « au fil des années, les professionnel(le)s du sexe se sont affirmés en tant que principal groupe de personnes capables de susciter une mobilisation en faveur de la riposte contre le sida ». Mais parce qu’ils sont en première ligne, ils doivent souvent faire face à de nombreux obstacles tels que la stigmatisation et la discrimination. Certaines législations les traitent en criminel et leur barrent de ce fait l’accès à l’information et aux services dont ils ont besoin. Bien que la prostitution existe partout dans le monde, elle est souvent considérée comme illégale et de ce fait s’exerce dans la clandestinité. Les travailleurs du sexe sont de ce fait fréquemment exploités et victimes de violences. Cette stigmatisation, rappelle Onusida, fait mal et réduit au silence individus et communautés, sape leur force, accroît leur vulnérabilité, isole les gens.
Cette consultation a permis de définir des stratégies de collaboration dans le but de prévenir la propagation du sida et d’atténuer son impact parmi les professionnel(le)s du sexe. Il est en effet primordial de centrer les programmes de prévention sur ces personnes car, pour Aurorita Mendoza, « l’augmentation des taux d’infection par le virus du sida parmi ce groupe est une indication de son évolution dans la population générale ». Les représentants des réseaux et des associations s’occupant du commerce du sexe, réunis à Genève, ont bien compris que c’est à eux d’abord d’assurer leur protection vis-à-vis du sida. Dans les pays où le virus se transmet principalement au cours de rapports hétérosexuels, l’épidémie de VIH tend à se concentrer d’abord parmi les professionnel(le)s du sexe et leurs clients pour ensuite se répandre dans la population générale.

Un facteur essentiel : la participation

Selon les expériences du terrain, on sait que les travailleurs du sexe sont les plus susceptibles de réagir positivement aux programmes de prévention du sida. Certains pays ont obtenu une diminution de la prévalence du virus parmi les professionnel(le)s grâce à des politiques favorisant l’utilisation du préservatif avec les clients et à des initiatives plus générales de promotion du préservatif auxquels ils se sont joints. Une enquête menée par une ONG a montré chez des professionnelles du sexe béninoises une prise de conscience qui les a amené à proposer systématiquement le préservatif à leur client. Lorsque certains (minoritaires) n’acceptaient pas, la plupart des femmes avaient alors recours au préservatif féminin (Femidom) ou refusaient le client réticent.
« Un facteur essentiel de la prévention, insiste Mahbooba Mahmoud, coordonnatrice d’un projet au Bengladesh, consiste à faire participer directement ces travailleurs du sexe à la formulation et à la mise en oeuvre des programmes de soins et de prévention. On doit leur donner la capacité de prendre la tête des programmes : cette stratégie encourage la solidarité et permet à ses acteurs d’entrer en contact avec un grand nombre de leurs pairs et de leur communiquer leurs connaissances en matière de santé. Affranchis de toute dépendance à l’égard de personnes extérieures à leur groupe, ils peuvent ainsi exercer une meilleure maîtrise sur leur propre santé ».
L’atelier d’Onusida est le premier d’une série destinée aux groupes de population particulièrement vulnérables à l’égard du virus du sida. Loin des mesures de répression qui ne peuvent qu’isoler davantage les travailleurs du sexe, cette réunion incite au contraire les gouvernements à mettre soins et prévention à leur disposition. Des mesures législatives évitant toute discrimination assorties de programmes visant à assurer l’autonomie des jeunes femmes et leur protection contre la violence, contribueront à coup sûr, assure Onusida, au recul de l’épidémie de sida.

Claire Viognier

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