|
|
05/06/2003
|
Le clonage en questions
|
(MFI) Les annonces, non confirmées depuis, des naissances des premiers bébés clones n’ont pas fini d’agiter le monde scientifique. Entre les pour et les contre, les autorités françaises veulent trancher. Les parlementaires souhaitent en effet faire du clonage reproductif un « crime contre l’espèce humaine ». Quant au clonage thérapeutique, il devrait être tout autant interdit car les expérimentations sur l’embryon humain sont illégales en France.
|
Comment obtient-on un clone ?
(MFI) Le procédé pour les mammifères a été utilisé pour la première fois avec succès en 1997. La brebis Dolly était en effet le premier clone obtenu à partir d’un ovocyte non fécondé dont on a retiré le noyau pour le remplacer par une cellule adulte de l’animal ou de la personne à cloner. Le « projet » de clone doit ensuite être placé dans l’utérus ; s’il arrive à terme, il sera du même sexe que le donneur de cellule et aura le même patrimoine génétique. Toute la difficulté consiste à « reprogrammer » l’activité du nouveau noyau de l’ovule pour qu’il redémarre et parvienne à former un embryon. Car la cellule prélevée sur un donneur est une cellule adulte, « spécialisée » en quelque sorte dans la peau ou le muscle (peu importe), à qui on demande de refaire complètement un parcours embryonnaire.
La technique est-elle fiable ?
(MFI) La technique du clonage est loin d’être facilement reproductible. Chaque réussite, limitée pour le moment au mouton, à la vache (la plus facile à cloner), au lapin et au chat, est précédée d’échecs en série. Ainsi, à l’Institut national de Recherche Agronomique (INRA) où l’on travaille sur des clones de bovins, il faut reconstruire environ 100 embryons de vache afin d’en obtenir 20 qui se développent normalement avant de pouvoir s’implanter dans l’utérus d’une femelle receveuse. Sur les 121 gestations ainsi obtenues, seules 56 vaches étaient encore en gestation au bout de trois mois. Finalement 33 vaches ont mis bas et 23 veaux ont survécu, soit un taux de réussite de 3,8 %.
Quelle différence avec le clonage thérapeutique ?
(MFI) Le clonage thérapeutique, qui reste pour le moment un projet, a pour objectif de soigner un malade en remplaçant un organe ou un tissu défectueux à partir de cellules embryonnaires clonées. Il n’est plus ici question de projet de grossesse. La technique au départ est la même que pour le clonage reproductif, mais on arrête le développement de l’embryon dès les premiers stades pour obtenir des cellules souches embryonnaires. Ces cellules souches sont dites pluripotentes : cela signifie qu’elle peuvent se transformer en toutes sortes de cellules (peau, muscle, foie, rein...). On espère ainsi traiter des malades atteints de maladies graves et actuellement incurables.
Pourquoi le clonage thérapeutique soulève-t-il des oppositions ?
(MFI) L’obtention de cellules souches embryonnaires pose la question éthique de la production d’embryons humains puis de leur destruction. Les expérimentations sur l’embryon humain étant interdites en France, une dérogation limitée à cinq ans pour les embryons surnuméraires ne faisant plus l’objet d’un projet parental autorisera la poursuite des recherches très encadrées. Cette attitude inquiète évidemment de nombreuses associations de malades qui voient là une porte qui se ferme sur des espoirs de traitements. Quant aux chercheurs, ils craignent que les connaissances scientifiques et médicales ne souffrent de cet immobilisme.
Faute de clonage thérapeutique, faut-il renoncer aux cellules souches ?
(MFI) La découverte récente de cellules souches dans différents tissus est fondamentale. Les recherches ont montré que ces cellules existaient dans l’organisme adulte et qu’elles restaient à l’état indifférencié. On a pu démontrer que ces cellules, prélevées par exemple dans le cerveau, pouvaient ensuite, quand elles étaient placées dans un environnement musculaire, se transformer en cellules musculaires. Pour le moment, on ne sait que peu de choses sur la potentialité des cellules souches adultes. Mais il est probable qu’il faudra les comparer à celles des cellules embryonnaires pour pouvoir apprécier leur différence.
On a annoncé les naissances d’enfants clonés, qu’en est-il ?
(MFI) Plusieurs naissances d’enfants clonés ont en effet été annoncées avec beaucoup de tapage. Pour le moment, aucune preuve n’a été apportée de leur existence. Pourtant, démontrer qu’un bébé est bien un clone requiert une technique relativement simple et communément utilisée notamment en recherche de paternité. Il semble surtout que les auteurs de ces clonages aient voulu prendre de vitesse la décision d’un interdit universel actuellement en préparation à l’ONU.
D’après l’ouvrage Clonage, à qui le tour ? de Jean-Paul Renard, Ed. Platypress.
|
Claire Viognier
|
|
|