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19/06/2003
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Salpingite : une cause de stérilité évitable
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(MFI) La salpingite est une infection des trompes de Fallope. Cette maladie, qui peut passer inaperçue, est l’une des principales causes de stérilité évitables.
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L’infection des trompes est habituellement causée par une maladie sexuellement transmissible (MST) : le chlamydia et les gonocoques sont actuellement les grands responsables des nombreux cas de salpingites, conséquences de relations sexuelles non protégées. On estime que 70 à 80 % des stérilités d’origine tubaire sont attribuables aux chlamydiae. Dans le meilleur des cas, on réussit à détecter l’infection quand elle se situe encore au niveau du col de l’utérus, lors d’un examen gynécologique de routine. Mais, plus souvent, on ne découvre l’infection que lorsqu’elle a déjà attaqué une, voire les deux trompes. Les derniers relevés font état de 89 millions de nouveaux cas de chlamydiose dans le monde, le plus souvent en Asie et en Afrique subsaharienne. Les hommes comme les femmes peuvent être contaminés : de 50 à 90 % des hommes et 90 % des femmes infectés n’ont aucun symptômes. Ces bactéries, qui se transmettent lors de rapports sexuels non protégés, se multiplient dans l’appareil génital. Non traités, les germes remontent vers l’utérus pour envahir les trompes et déclencher une salpingite.
Il faut en moyenne deux à trois semaines aux microbes non traités pour remonter jusqu’aux trompes. La salpingite peut alors se manifester par des douleurs assez violentes, de la fièvre et des pertes, ce qui amène à consulter rapidement et à traiter. Mais, chez certaines femmes, elle peut évoluer très discrètement sans provoquer de signes évocateurs pendant des mois, voire des années. Cette forme dite chronique est assez redoutable, car les dommages sont alors plus importants. Pour diagnostiquer la salpingite, un examen gynécologique classique suffit parfois, mais certains cas plus « silencieux » nécessitent une échographie, une radiographie ou parfois même une cœlioscopie, sous anesthésie générale, pour visualiser directement les trompes.
Les trompes ainsi altérées risquent de ne plus pouvoir jouer leur rôle, qui est essentiel. C’est en effet dans les trompes que se rencontrent l’ovule et le spermatozoïde et c’est aussi dans la trompe que se produisent les premières divisions de l’œuf avant de nicher dans l’utérus. L’infection a pour effet de boucher les trompes ou d’en modifier les parois, multipliant les risques d’avortement spontané ou de grossesse extra-utérine. Une femme qui a déjà eu une salpingite a d’ailleurs un risque de grossesse extra-utérine multiplié par six. Mais, parmi les conséquences de la salpingite, c’est l’infertilité qui occupe le premier rang. Une affection qui est fréquemment découverte à posteriori lors d’un bilan médical pour infertilité, ce qui confirme la fréquence de l’évolution à bas bruit de cette maladie. Plus cette infection est survenue souvent, plus le risque de stérilité est grand : après un épisode, le risque est d’environ 15 %. Après deux, le risque double à 30 % et il atteint 60 % chez les femmes qui ont eu trois salpingites et plus.
Le traitement de la salpingite repose sur la prise d’antibiotiques pendant parfois plusieurs semaines selon le germe en cause. Le partenaire devra bien évidemment être également traité. Le médecin veille aussi à assurer une bonne cicatrisation des trompes et c’est pourquoi des anti-inflammatoires sont souvent associés au traitement antibactérien. Une femme n’est jamais immunisée contre la salpingite : elle peut en contracter plusieurs au cours de sa vie.
Il faut savoir que les changements fréquents de partenaires exposent davantage les femmes aux chlamidiae et aux gonocoques, principaux germes en cause dans la salpingite. Le port du préservatif avec de nouveaux partenaires offre une bonne protection pour toutes les MST. Faute de l’avoir utilisé et s’il y a eu un changement de partenaire, il est recommandé de faire pratiquer un test de dépistage par son médecin, deux à trois semaines après le premier rapport sexuel, et, sinon, dès qu’il y le moindre symptôme de maladie sexuellement transmissible.
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Claire Viognier
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