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10/07/2003
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L’hepcidine : une hormone contre l’anémie
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(MFI) Découverte il y à peine plus d’un an par des chercheurs français, l’hepcidine est une hormone synthétisée par le foie qui agit au niveau de l’intestin pour inhiber l’absorption du fer. Une nouvelle piste thérapeutique pour soigner (notamment) les anémies.
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L’hepcidine est au fer ce que l’insuline est au sucre. Plusieurs équipes dans le monde y travaillent tant est grand l’intérêt de cette découverte pour comprendre et intervenir dans les mécanismes des grandes maladies causées par une insuffisance ou au contraire, une surcharge en fer. Des recherches récentes ont mis en évidence chez des souris qui présentent une hémochromatose (surcharge en fer), une production abaissée d’hepcidine qui pourrait expliquer ce trop-plein. En induisant chez ces souris une hyperproduction d’hepcidine, des chercheurs ont réussi à prévenir totalement cette surcharge en fer qui à terme provoque des lésions très graves sur les organes (foie, cœur, pancréas, glandes endocrines) et les articulations. D’après les plus récentes recherches menées en Australie, ces données seraient aussi applicables pour la forme humaine de la maladie. Selon ces travaux, les chercheurs français dirigés par le Pr Axel Khan (institut Cochin, Paris) en concluent que l’hepcidine « semble donc pouvoir constituer un traitement préventif logique de l’hémochromatose héréditaire chez l’homme ».
L’hepcidine joue un rôle de régulateur et, comme l’ont montré les derniers travaux, sa production est augmentée par l’inflammation causée par exemple par la polyarthrite rhumatoïde ou certaines infections chroniques. Elle est diminuée au contraire par les anémies, le manque d’oxygénation qui en découle et par l’inactivation du gène HFE responsable de la grande majorité des hémochromatoses héréditaires.
Les perspectives thérapeutiques ouvertes par la découverte du rôle de l’hepcidine sont vastes. Elle peut ainsi être utilisée pour prévenir ou éviter une aggravation de l’état de tous ceux qui souffrent de surcharge en fer. Pour le moment, le seul traitement consiste à pratiquer des saignées abondantes et répétées. Une autre maladie de la surcharge en fer, la thalassémie, concerne des millions de personnes habitant notamment le pourtour méditerranéen et l’Afrique. Pour ces malades, le traitement (très onéreux) repose sur l’administration lente, à l’aide de pompes, de chélateurs du fer qui permettent son élimination. Là encore, l’hepcidine représente un espoir de traitement pour éviter l’hyperabsorption de fer par le duodénum et ses conséquences néfastes sur l’organisme.
A l’inverse, des inhibiteurs de synthèse de l’hepcidine permettront de lutter contre les problèmes de carences en fer qui entraînent des anémies. La mise au point de ces substances capables de bloquer l’action de l’hepcidine afin d’augmenter la quantité de fer absorbé semble aujourd’hui à portée de main.
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Claire Viognier
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